Le visage sombre qui parait au grand jour

L’affaire éclabousse l’image de confiance forgée au fil des années par les constructeurs automobile allemands. BMW, Daimler, Volkswagen, Audi et Porsche auraient eu des réunions secrètes pour s’accorder sur nombre d’aspects techniques de leurs voitures. Une enquête de la Commission Européenne est en cours pour élucider le mystère autour de cette histoire.

L’affaire a pris des proportions surprenantes. Vendredi 20 octobre dernier, la Commission européenne a effectué des inspections chez BMW, dans le siège principal de ce dernier à Munich, et ce, dans le cadre d’une enquête sur une affaire de cartel impliquant au total cinq groupes automobiles allemands, et non des moindres. Lundi 23 octobre, d’autres inspections ont été menées chez Daimler et Volkswagen.

Ces soupçons d’entente avait été révélés cet été par les médias allemands et avaient écorné un peu plus l’image des constructeurs automobiles allemands, déjà mise à mal par les tricheries sur les émissions polluantes des véhicules diesel, qui avaient été révélées en septembre 2015. En juillet dernier, l’influent hebdomadaire Der Spiegel avait lancé l’affaire. Selon lui, BMW, Daimler, Volkswagen, Audi et Porsche ont eu pendant plus de 20 ans des réunions secrètes pour s’accorder sur nombre d’aspects techniques de leurs voitures, notamment sur le système de filtration des émissions polluantes, lésant ainsi possiblement consommateurs et sous-traitants.

L’exécutif européen a simplement affirmé avoir effectué des inspections non annoncées chez un constructeur automobile en Allemagne, sans dire lequel, dans le cadre d’une enquête sur un cartel impliquant plusieurs groupes automobiles allemands.

La Commission européenne, gardienne de la concurrence dans l’UE, précise que ces inspections ont eu lieu le lundi 16 octobre et que des inspecteurs de l’Office allemand des cartels étaient présents. «Les inspections sont des étapes préliminaires dans le cadre d’enquêtes sur des activités soupçonnées d’être anticoncurrentielles», a-t-elle précisé dans son communiqué.

Les cartels sont interdits dans l’UE puisqu’ils nuisent à la concurrence et aux consommateurs. La Commission européenne peut infliger de lourdes amendes aux entreprises qui s’entendent entre elles, le record ayant été atteint le 19 juillet 2016. L’Union Européenne avait alors infligé une amende de 2,93 milliards d’euros à quatre fabricants européens de camions, accusés de s’être entendus pendant 14 ans sur les prix de vente de leurs poids lourds.

La politique dite de « clémence » suivie par la Commission européenne encourage les entreprises à lui communiquer des preuves internes de l’existence d’un cartel. La première entreprise membre d’un cartel qui entreprend cette démarche est exemptée d’amende. Cette stratégie s’est révélée très efficace pour démanteler les cartels.

Dans le cas du secteur automobile allemand, la Commission européenne a confirmé que le groupe Daimler coopérait avec elle et qu’il bénéficiait de son programme de clémence, après lui avoir fourni un certain nombre d’informations.

Après les révélations du Spiegel en juillet, Berlin avait haussé le ton contre cette industrie, une posture tranchant avec la traditionnelle harmonie régnant entre le gouvernement allemand et ce secteur clé, l’un des plus grands employeurs et exportateurs d’Allemagne.

 

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La chasse aux véhicules thermiques

À Paris, les maires de douze grandes villes se sont engagés à ce qu’une part importante de leurs territoires devienne une zone à zéro émission d’ici une douzaine d’années. Le C40, un rassemblement de 91 métropoles du monde entier engagées à lutter ensemble contre le réchauffement climatique, vient de se réunir à Paris. Douze d’entre-elles ont annoncé leur volonté de s’engager vers un objectif zéro émission à l’horizon 2030. Il s’agit d’Auckland, Barcelone, le Cap, Copenhague, Londres, Los Angeles, Mexico, Milan, Paris, Quito, Seattle et Vancouvert. Cela représente 30 millions d’habitants. D’autres villes auraient déjà montré leur intérêt pour la démarche.
Pour «décarboner» leurs villes, les maires vont multiplier les mesures, avec évidemment en priorité « réduire le nombre de voitures» en circulation dans les rues «en commençant par les plus polluants». Ils vont aussi favoriser les transports alternatifs, comme le vélo. Ils montreront l’exemple «en acquérant uniquement des véhicules à zéro émission pour les flottes municipales», notamment des bus. Ils prévoient aussi de «collaborer avec les fournisseurs, les opérateurs de parc automobile et les entreprises pour accélérer le passage aux véhicules à émission zéro et réduire le kilométrage parcouru par les véhicules» dans ces villes.
Un tiers des émissions de gaz à effet de serre dans les villes du C40 provient des transports. C’est donc un enjeu de santé public. Le but est aussi de lutter contre les embouteillages. Le communiqué du C40 cite une étude qui a montré que la congestion sur les routes coûte à l’économie en moyenne près de 1 % du PIB, avec du temps de productivité perdu.

I. El Mesnaoui

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