À la veille du mois sacré de Ramadan
Karim Ben Amar
Depuis la mise en place de l’état d’urgence sanitaire, le vendredi 20 mars à 18H, les Marocains sont appelés à respecter scrupuleusement le confinement obligatoire en vigueur. Pendant ce mois sacré de ramadan, les horaires de confinement vont changer. Les Marocains et résidents peuvent s’aventurer dans les rues de 5H à 19H.
Au-delà de la dévotion, le mois de Ramadan est aussi synonyme de consommation. Durant cette période sacrée, les friands de produits alimentaires de tout genre : fruits, légumes, pâtisseries, viandes. Mais comme tous les ans, les prix ont tendance à exploser au cours de cette période. Al Bayane a fait un tour d’horizon dans les marchés, afin d’avoir davantage d’informations quant aux prix de divers produits. Reportage.
L’état d’urgence sanitaire est en vigueur au Maroc depuis le vendredi 20 mars à 18H. Depuis, la grande majorité des marocains et étrangers se sont pliés à cette discipline salutaire. Désormais, au Maroc, toute personne désireuse de sortir pour une urgence doit-être dûment munie de l’autorisation de circulation, document délivré par les autorités. Ce précieux sésame autorise son titulaire à se déplacer dans son secteur uniquement.
Le mardi 7 avril, une autre règle est venue s’ajouter à celle du confinement obligatoire et de l’autorisation de circulation : il s’agit du port du masque de protection. Mis en vente à 0,80 centimes l’unité, les masques de protection sont disponibles dans tous les recoins du royaume.
Au début de cette crise sanitaire, certains individus redoutaient une pénurie d’aliments (ail, farine, féculent etc). Plus d’un mois après le début du confinement sanitaire obligatoire et à la veille du mois sacré, l’équipe d’Al Bayane est allée s’enquérir de la disponibilité et des prix de certains produits très prisés par les populations mais aussi des prix qui ont l’habitude d’augmenter de manière vertigineuse la veille du mois de ramadan.
Vendredi 24 avril, aux alentours de 14H, nous sommes à Bourgogne, mythique quartier casablancais d’habitude très animé. Sur l’allée du marché, les vendeurs de fruits et légumes ont tous les étals bien garnis. Tous les fruits et légumes sont proposé à la vente, même les plus exotiques.
Un vendeur de légumes ayant pignon sur rue a affirmé à l’équipe d’Al Bayane qu’ «en ce moment, en ce qui concerne les fruits et légumes, il y a absolument tout ce qu’il faut», avant d’ajouter que «mieux encore, il y a plus de choix et de variété de fruits et légumes qu’avant cette période de pandémie liée au nouveau coronavirus».
Le soixantenaire concède tout de même que «le souci ne réside pas dans l’achalandage des marchés où dans la disponibilité des produits, mais plutôt dans le prix».
«Depuis le début de l’état d’urgence sanitaire et même avant, les prix ont explosé. Il y a un peu plus d’une semaine, tous les légumes ou presque étaient à 10 Dhs le Kg, ce qui est beaucoup c’est vrai», a-t-il souligné.
Il s’explique en détaillant que «c’est au marché de gros que cela se joue, nous achetons la marchandise à un prix élevé » et d’ajouter que «la bonne nouvelle est que les prix ont chuté ces deux derniers jours, à l’approche de ramadan. Normalement, c’est le contraire qui se passe».
« A la veille de ramadan, le Kg de tomate est à 6 Dh (contre 10 Dh, l’an passé). Le citron très prisé avec la Harira, coutait 15 Dh il y a quelques jours. Aujourd’hui son prix ne dépasse pas 10 DH».
Quant au prix de l’oignon, légume essentiel pour la plupart des plats traditionnels, il reste cher. «Son prix est de 9 Dh le Kg. Il a baissé de 1 Dh entre hier et aujourd’hui. Cependant, l’oignon «khedaria» est à 5 Dh le Kg».
«Si l’on achète à un prix élevé , nous n’allons tout de même pas vendre à perte ? Nous gagnons au maximum 2 Dh le Kg, pas un centime de plus», conclut-il.
Un vendeur de fruits dans le même marché affirme qu’«au détail les légumes se négocient entre 5 et 15Dh. Les fruits commencent à 10 Dh le Kg. C’est le cas de la banane originaire d’Agadir , pour arriver jusqu’à 30 Dh le Kg d’avocat. Les orange qui normalement se vendaient à 9 Dh le Kg, sont désormais à 6 Dh».
«Le melon est à 9 Dh, la poire 13 Dh, les pommes sont proposées à la vente à 12 Dh», argumente-il.
«En termes d’offre, il y a tout ce qu’il faut, et même plus, mais il est vrai que les prix sont très élevés en cette période de pandémie. Mais si nous vendons cher, tout comme les vendeurs de légumes, c’est parce que nous achetons à un prix élevé au marché de gros », en soutenant tout de même que «pendant le ramadan, l’entraide prime, les citoyens traversent une période difficile. Il est donc du devoir de tout un chacun de ne pas être gourmand, c’est avant tout un mois d’entraide».
Du côté des bouchers par contre, les prix n’ont pas augmenté. En réponse à une question sur les produits de plus en plus rares à la vente, Aziz, un boucher originaire d’Agadir, signale qu’ «il y a toutes sortes de viande et qu’elles sont disponibles au même prix».
«Les abats, à savoir, le cœur, le foie, les saucisses de foie, les rognons ainsi que la rate farcie et la cervelle étaient absolument introuvables. Mais dès demain, nous serons livrés» affirme-t-il.
Lors de nos pérégrinations, nous avons aussi visité un supermarché du quartier Bourgogne. Tous les rayons étaient correctement ravitaillés à l’exception de celui de la farine, de l’huile de tournesol, et des féculents (pâtes, haricot blanc, lentilles etc), où il ne restait pas grande quantité.
Le chef de rayon nous a assurés que «tous les soirs après la fermeture les étals du supermarché sont réapprovisionnés».
«Il n’ a aucun risque de pénurie. Ce qui est à noter, c’est que certains produits sont plus demandés que d’autres, mais avant l’ouverture, tous les rayons sont garnis», proclame-t-il.
Toujours au marché Bourgogne, nous avons rendu visite à deux boulangeries qui nous ont certifié qu’il n’y a aucune pénurie et que les ventes seront meilleures que le mois précédent.
Durant le mois dernier, nous avons vendu que du pain. Les viennoiseries, pâtisseries, gâteaux et salés n’avaient plus la côte. Aujourd’hui, veille de ramadan, nos clients sont friands de pâtisseries, chebakia, briouates d’amande etc», ont-ils déclaré, l’air soulagés.
Pour clôturer notre tournée, nous nous sommes rendus chez deux épiciers du quartier. Ils ont certifié qu’il n’y a aucun risque de pénurie, et cela, au niveau de tous les produits. «Les bouteilles de gaz qui étaient en pénurie au début de la pandémie, sont désormais abondantes. Et pour cause, nous ne vendons plus qu’une bouteille par foyer à la fois».
«Le seul souci est que désormais il faut penser au pain assez tôt dans la journée et pas à 17H. Depuis l’état d’urgence obligatoire, le livreur de pain ne passe plus qu’une fois par jour. C’est donc en toute logique que le premier venu sera le premier servi» avise-t-il.
«Aussi, l’ail est très prisé et donc disponible en quantité suffisante, mais ce n’est plus la même qualité d’ail. Les bonnes grosses têtes d’ail sont de plus en plus rares dans les épiceries, quant aux dattes, elles débutent à 10 Dhs les 250 grammes», conclut-il.
En clôturant notre tournée, une constatation s’impose: une pénurie d’aliments au Maroc ? Ce n’est pas demain la veille. Aussi, il est à relever que vendeurs et grossistes ont fait un effort pour stabiliser les prix des denrées essentielles pour le mois de ramadan au grand bonheur des citoyens et des résidents.