Khalil Hachimi Idrissi, Directeur général de l’Agence marocaine de presse (MAP)
A l’instar des autres pays du monde, les médias au Maroc vivent au rythme d’une évolution numérique importante, a souligné le Directeur général de l’Agence marocaine de presse (MAP), Khalil Hachimi Idrissi, estimant que ce « tsunami numérique » impacte les méthodes de travail dans le secteur.
Dans un entretien accordé au journal arabophone « Arab Canada News », Hachimi Idrissi a fait observer que l’avenir des médias demeure tributaire de cette transformation numérique, expliquant qu’au moment où les entreprises de presse choisissent la version papier, les médias sociaux eux sont soumis à une opération d’encadrement.
En conséquence, les caractéristiques du journaliste professionnel ne sont plus claires auprès de l’opinion publique, a-t-il relevé, notant qu’il y a plusieurs défis sur le plan déontologique, étant donné que plusieurs plateformes interviennent dans la chose purement médiatique.
Hachimi Idrissi a mis l’accent sur l’importance d’une auto-immunisation dans ce cadre en vue de réinstaurer la pratique déontologique nécessaire à la pratique médiatique.
Il a, par ailleurs, mis en avant le rôle important des médias dans la préservation de la paix et la stabilité dont jouit le Maroc, faisant observer que les médias marocains ont toujours été un acteur agissant dans le processus démocratique.
Le Maroc se démarque par le pluralisme démocratique et un champ politique, social et syndical ouvert depuis les années 60, a encore dit Hachimi Idrissi, ajoutant que le printemps arabe est intervenu dans un environnement habitué à la diversité et la pluralité des idées, adossé à une ouverture démocratique ayant assimilé ce mouvement.
On peut dire sans exagération que les médias marocains ont fait montre de professionnalisme en ouvrant la voie à des opinions différentes, ce qui renseigne sur des positions constantes de la Patrie et reflète en même temps les aspirations des jeunes et de la société au changement, a indiqué le DG de la MAP, ajoutant qu’un débat profond a été engagé, aboutissant à l’élaboration collective de la Constitution de 2011 dans le cadre d’une commission royale.
Il a en outre fait remarquer que ce mouvement et ce débat politique se sont déroulés dans un climat démocratique, donnant lieu à des réformes solides et des changements profonds, notant que cette dynamique s’est soldée par de nouvelles majorités politiques, qui ont toutes contribué à l’édification sociétale et institutionnelle en cours.
Evoquant le rôle des médias en ce qui concerne notamment les défis qu’affronte le Maroc en général et la communauté marocaine à l’étranger en particulier, Hachimi Idrissi a insisté que les médias ont un rôle central et principal et oeuvrent à fournir l’information vérifiée en se basant sur des sources crédibles, expliquant que sans une information vérifiée il n’y a pas de traitement des importants dossiers comme ceux de l’immigration et des relations avec les pays d’accueil.
Il a, à cet effet, relevé la nécessité de traiter les informations avec professionnalisme et crédibilité pour avoir une bonne communication et éviter toute confusion chez les immigrés au sujet des relations avec leurs pays d’origine et d’accueil.
C’est le même cas lors du traitement du sujet de l’extrémisme, a estimé Hachimi Idrissi, soutenant que cette question devra être traitée par voie de sensibilisation à travers une information vérifiée, loin du sensationnalisme dont les répercussions pourraient être négatives.
S’agissant de l’autonomie des médias, il a affirmé qu’il n’existe pas une pratique indépendante vis-à-vis de la Patrie. « Nous sommes tous responsables devant la Patrie. L’intérêt suprême de la patrie est un véritable choix personnel, collectif et institutionnel”, a-t-il dit, ajoutant que le débat démocratique a eu lieu dans ce cadre auquel aucune partie marocaine ne déroge, étant donné que chaque partie bénéficie de la liberté d’opinion.
Et de noter que quand la différence d’opinion est limitée dans un cadre démocratique et de pluralisme qui demeure une tradition au Maroc, celui qui réclame la réforme le fera sous les constantes de la Nation et réussira et c’est ça le consensus marocain.
L’on peut avoir des divergences sur les programmes, les positions, les politiques et les méthodes, mais il y a une convergence sur l’intérêt de la Nation, a-t-il poursuivi.
“Nous voulons tous le changement, la réforme et la recherche du meilleur qui pourrait préserver le Maroc mais sans porter atteinte à la stabilité”, a souligné Hachimi Idrissi, faisant valoir qu’il s’agit là de « la civilisation marocaine modérée dont nous sommes fiers”.
Il a, d’autre part, indiqué que les médias reflètent ”la mosaïque culturelle” qui caractérise la Patrie et met en avant les différences et la cohabitation entre musulmans, chrétiens et juifs marocains, ce qui en fait une partie dans le renforcement de cette stabilité et qui en rend le Maroc un lieu de rencontre de pratiques spirituelles et traduit la symbiose marocaine.
Abordant le rôle des médias arabes dans la réussite de l’intégration des communautés arabes dans leurs nouvelles sociétés, Hachimi Idrissi a estimé qu’il existe deux genres de médias arabes: des médias instigateurs qui appellent à préserver l’identité arabo-islamique telle qu’elle était dans les pays d’origine, ce qui crée une situation d’isolement des médias ouverts qui tentent de trouver un trait d’union entre le pays d’accueil et les migrants pour promouvoir une relation saine entre les deux parties.
Cette ouverture
concerne la femme en particulier du fait qu’elle va bénéficier de nouveaux
droits et deviendra indépendante sur les plans matériel et intellectuel, a-t-il
noté, ajoutant que la femme est la clé de voûte de toutes les sociétés arabes
et non arabes.
Il a aussi relevé que la femme ne peut pas s’intégrer lorsqu’elle est isolée et
cela se reflète sur la famille en général car c’est elle qui s’occupe de l’éducation
des générations de même qu’elle est considérée comme le véritable critère de
l’intégration.
Sur un autre registre, Hachimi Idrissi a souligné que les médias dans les pays d’accueil devront dévoiler leur identité et faire apparaître expressément leurs valeurs, faisant remarquer que s’ils sont professionnels et clairs dans leur méthodologie, les médias joueront un rôle important et le dialogue sera possible, ce qui permettra d’affronter toutes ces problématiques de manière saine.