A dieu Si Mohamed El Haloui
Mohamed Khalil
Si Mohamed El Haloui vient de nous quitter, samedi, à la suite d’une longue maladie.
Le défunt fait partie d’une génération qui avait pris le relais des premiers dirigeants des forces patriotiques du Maroc indépendant. Il a été jeune militant au sein de l’Union nationale des forces populaires, après la scission avec le Parti de l’Istiqlal.
Il continuera son parcours politique avec l’USFP, segment de Rabat dirigé par feu Abderrahim Bouabid, qui avait rompu le cordon ombilical avec l’UNFP (Casablanca), parti resté aux mains de feu Abdallah Ibrahim.
Si Mohamed El Haloui, à l’image d’anciens grands militants, ne s’en est jamais séparé, malgré l’âge et les derniers déboires politiques de l’USFP.
Une grande amitié l’avait liée à feu Abderrahmane Youssoufi, inséparables, durant les dernières années et jusqu’à ce que la maladie et la mort n’en fassent autrement.
Mais, jeune lycéen, je garde de Si Mohamed cette tranche de sa vie, quand il avait pris le relais de Hamid Berrada, exilé à Alger et condamné à mort par contumace. Si Mohamed avait pris la direction de l’UNEM, trois années après le X ème congrès d’Azrou, qui avait marqué le départ des étudiants du Parti de l’Istiqlal. Et c’est juste après «la guerre des sables» entre l’Algérie et le Maroc que Si Mohamed El Haloui a été investi à la tête de l’Union nationale des étudiants du Maroc. Juste avant les événements de mars 1965…
Cet engagement au sein du syndicat estudiantin créé, aux lendemains de l’indépendance sous la présidence d’honneur de feu SM Hassan II alors Prince héritier, va donner un tournant radical au combat du mouvement étudiant.
A la tête de l’UNEM, Si Mohamed El Haloui a payé le tribut de son engagement politique.
Il sera emprisonné au mois de décembre 1964 pour ne quitter les geôles qu’au mois de septembre 1965, pour avoir permis la lecture du message de l’ex-chef de l’UNEM, Hamid Berrada depuis Alger…Il était poursuivi, sans comparaitre, devant un tribunal militaire pour «atteinte à la sûreté de l’Etat».
D’autres arrestations suivront. Mais rien n’avait entamé ses convictions de grand patriote et de militant pour le progrès multiforme du pays.
Abdelouahad Souhail, membre de la direction du PPS, se souvient, dans un post publié sur Facebook, de ce grand «militant, avocat et dirigeant progressiste et d’un président de l’UNEM après les IX è et Xème Congrès de 1964 et 1965».
Il déplore la perte d’«un homme d’une valeur rare et précieuse, qui a combattu, avec patience, courage, persévérance, constance et fidélité à ses convictions, la répression dans des conditions d’affrontement avec la réaction de l’époque» Il était connu par sa modestie, «la modestie des grands».
J’ai la fierté, poursuit Abdelouahad Souhail, «d’avoir travaillé avec lui lors des années de l’UNEM. Depuis, nous avons gardé une grande amitié».