Mosquée de la Koutoubia
Par Omar Er-rouch
Niché au cœur de la cité ocre avec un imposant minaret qui règne en témoin sur la mythique place de Jamaâ El Fna, la Mosquée de la Koutoubia embarque ses visiteurs dans un long périple à travers les siècles, le temps de découvrir l’histoire d’un édifice emblématique qui avait largement contribué à la pérennisation des valeurs et préceptes de l’islam modéré et du juste milieu.
Durant le mois sacré du Ramadan comme dans les autres jours de l’année, les fidèles de tout âge affluent en masse en provenance de tous les quartiers de la cité ocre, pour prendre place dans l’enceinte de la mosquée mythique pour écouter le prêche et accomplir les cinq prières du jour, tout comme la prière de vendredi dans un ambiance de piété, de bénédiction et de recueillement.
“Malgré les mesures préventives et restrictives prises par les autorités compétentes pour endiguer la propagation du coronavirus, notamment avec l’apparition de nouveaux variants, les fidèles affluent en masse de tous les quartiers, même les plus loin, pour accomplir dans cette mosquée, leur devoir spirituel et l’un des cinq piliers fondamentaux de l’islam. Une mosquée qui se veut le symbole historique de la Cité ocre”, a confié à la MAP, M. Ahmed Bouchikhi, imam de la mosquée de la Koutoubia.
“La Koutoubia, un monument civilisationnel, religieux et culturel emblématique du Marrakech et du Royaume, a constitué, tout au long de l’histoire, un lieu d’attraction et un espace de retrouvailles et d’échanges pour les oulémas et les étudiants, ainsi qu’un centre de rayonnement des sciences islamiques et humaines, diffusées par nos savants, partout dans le monde”, a relevé l’imam.
Dans ce sens, M. Bouchikhi a rappelé que Feu SM Hassan II et Sa Majesté le Roi Mohammed VI, Amir Al Mouminine, ont accompli la prière de vendredi à la mosquée de la Koutoubia, ce qui montre la Haute Sollicitude Royale permanente envers cette mosquée millénaire.
Dans le respect total des mesures de prévention et de précaution édictées par le ministère des Habous et des affaires islamiques pour lutter contre la propagation de la Covid-19, les fidèles empruntent, lors de chaque prière, les différentes portes de la mosquée avant d’être accueillis par une profusion de colonnes qui meublent la grande salle de prière, donnant sur une immense cour délimitée par un portique, dans un plan purement arabe hypostyle, où les nefs sont formées d’arcades perpendiculaires à la “Kibla”.
Soutenues par de nombreux piliers blancs, les dix-sept nefs de la Koutoubia abritent l’une des plus vastes salles de prière de l’Occident musulman (90 × 60 m) pouvant accueillir jusqu’à 20.000 fidèles.
Son somptueux minaret de 77 mètres, percevable des quatre coins de la Cité ocre, compte trois boules en cuivre, sans compter la quatrième qui forme la pointe, chacune représente une terre sainte de l’Islam : la Mecque, La Médine et Al-Qods.
Le nom de cet édifice religieux est dérivé du mot “koutubiyoun”, qui désignait les marchands de livres et de manuscrits d’époque. Ces espaces de vente et d’échange entouraient l’édifice, ce qui avait inspiré le nom de la Koutoubia mais, aussi de “mosquée des libraires”.
La mosquée fut édifiée sous la Dynastie des Almoravides en 1120, mais fut profondément remaniée à partir de 1162 sous le calife Almohade Abou Youssouf Yacoub Al-Mansour, et devint l’un des édifices les plus caractéristiques de ce style.
Le minaret inspirera par la suite d’autres édifices de cette période. Ce sont les Almohades qui ont construit les deux autres mosquées sœurs de la Koutoubia, similaires par leur minaret : le minaret (inachevé) de la mosquée Hassan de Rabat, connue sous l’appellation “Tour Hassan” et la Giralda de Séville, devenue partie intégrante de l’actuelle cathédrale.
D’une superficie totale de 5.300 m2, le bâtiment a été restauré en 1990 dans l’esprit du monument original, à l’initiative du ministère de la Culture.
En 2016, la mosquée a été équipée de panneaux solaires, de chauffe-eaux solaires et de lampes LED éco-énergétiques dans le cadre d’un effort visant à augmenter l’utilisation d’énergies renouvelables dans ce monument historique témoignant, ainsi, de l’apothéose de l’art des Almoravides et des Almohades.
Pimpante la journée et lumineuse la nuit, la Koutoubia est un chef-d’œuvre architectural et patrimonial si singulier et exceptionnel qui séduit tout visiteur, y compris le célèbre explorateur Tangérois Ibn Battouta qui avait affirmé que la mosquée de la Koutoubia “n’a pas de pareille dans le monde musulman”.