Alors que Risma avait dégagé des bénéfices en 2014 pour distribuer ses premiers dividendes de son histoire au titre de l’année 2014, le ciel est venu s’assombrir avec l’annonce des déboires comptables et la baisse de l’activité touristique. De ce fait, le groupe hôtelier Risma a enregistré une année 2015 dans le rouge. Détails.
En effet, la situation financière de Risma a été impactée par un ajustement de -127 millions de DH relatif à la correction comptable des irrégularités constatées sur un complexe hôtelier du Groupe notamment le Sofitel d’Agadir. Cet ajustement comptable a impacté directement le résultat net social, qui se situe à -81 millions de DH contre un bénéfice de 53 millions de DH en 2014. En consolidé, le résultat net part du groupe (RNPG) s’élève, pour sa part, à une perte de -71 millions de DH. A noter que le RNPG est en retrait de -147 millions de DH par rapport au RNPG publié lors de la note d’information 2014. Cet écart s’explique principalement par les irrégularités citées précédemment ayant un impact de -13 millions de DH, et un report des opérations exceptionnelles (cession de réserves foncières) ayant un impact de 84 millions de DH.
De plus, comme un malheur n’arrive jamais seul, Risma a annoncé avoir souffert de la mauvaise année touristique avec un impact de – 50 millions de DH sur les bénéfices consolidés. «2015 a été une année difficile pour le tourisme» commente Amine Echcherki, président du Directoire de Risma en marge de la conférence de présentation des résultats annuels 2015 tenue le 7 avril dernier à Casablanca. En effet, le taux d’occupation de l’hôtellerie nationale a baissé de 4% en 2015 en raison des attentats terroristes qui ont marqué l’année dernière. «Au lendemain des attentats, nous enregistrons un nombre important d’annulations des réservations et des commandes» précise A. Echcherki. Ainsi, le taux d’occupation de l’hôtellerie de Risma a baissé de 3% sur une année glissante. Toutefois, les actifs de Risma continuent de surperformer le marché avec un taux d’occupation à 64%contre 40% pourle marché. Par ailleurs, l’année précédente a été impactée par des effets de périmètre sur le parc de Risma suite à la fermeture d’Ibis Rabat Agdal et de Sofitel Fès le 1er janvier 2015. En revanche, le groupe a ouvert le So de Rabat annexé à l’hôtel Sofitel Rabat Jardins des Roses.
C’est ainsi que le chiffre d’affaires du groupe hôtelier a baissé de 5% par rapport à l’exercice 2014 à 1,5 milliards de DH. « Retraité de l’impact de fermeture de Sofitel Fès, le chiffre d’affaires est en baisse uniquement de 2% » souligne Sofia Benhamida, directrice financière et membre du Directoire de Risma. Notons que l’impact de la sortie de Sofitel Fès de l’actif du groupe a coûté 46 millions de DH. Par ailleurs, ce chiffre d’affaires est réalisé à hauteur de 72% par le segment de luxe et haut de gamme. Ce segment se compose de 5 Sofitel, 2 M’Gallery et 1 Pullman. De son côté, la section économique a accaparé 20% des revenus à travers la marque IBIS qui détient 16 hôtels à travers le Maroc. En 2016, Risma s’est lancé dans la construction de trois nouvelles unités économiques (Ibis), dont deux en remplacement d’unités déjà existantes (Ibis Rabat Agdal et Ibis Casablanca Gare). Le reste du chiffre d’affaires étant brassé par le milieu de gamme via 2 Novotel et 1 Mercure. Signalons que le groupe possède à fin 2015, 27hôtels soit 4.087 chambres. «Le prix moyen par chambre se situe à 655 DH» déclare S. Benhamida.
Pour ce qui est la dette, elle s’affiche à un niveau euphorique de 2,43 milliards de DH soit un gearing de 163%. «Risma retrouve un gearing qui se rapproche des normes du secteur. «Celui-ci connaitra une tendance baissière dans le futur due au fait que Risma afinalisé ses gros investissements et va ainsi mécaniquement diminuer sa dette» avance S. Benhamida.
Naturellement, pour sortir de l’impasse, seule une augmentation de capital ou une cession significative, pourront redonner du tonus à Risma. Réagissant sur ces deux pistes de solution, le DG du groupe a confirmé que Risma ne prévoit pas une augmentation de capital. Par contre, il a précisé que le groupe (RISMA) va procéder à la cession de quelques réserves foncières notamment à Casablanca, Rabat et Marrakech.
Kaoutar Khennach