L’affaire Mohcine, partie saillante de l’iceberg!

Ce n’est pas pour rien que le souverain avait rudement flagellé l’Administration marocaine, lors de la récente ouverture de la nouvelle session parlementaire. L’affaire Mohcine qui fait couler beaucoup d’encre et suscite acrimonie et déchaînement parmi de larges franges de la société, ne fait que justifier la remontrance royale à cet égard.

Sans aucun souci d’être contredit, on conviendra que cet incident révèle incontestablement des bévues administratives de taille. Les faits saillants qui ont accompagné ce drame funeste dénoncent, de bout en bout, de grosses exactions de maints secteurs de l’administration, en complicité flagrante.

Précisément, dans l’espace de la pêche au sein duquel s’active une flopée de départements étatiques, tous les intervenants soudoyés y trouvent leur compte, en bafouant la réglementation en vigueur. Depuis la capture de la ressource dans le large jusqu’au marché de la consommation, en passant par la halle aux poissons et le pont-bascule au sortir du port, le processus procédurier est bassement entaché d’abus et de transgression.

C’est le cas, bien entendu, de la mésaventure mortuaire du regretté Mohcine qui n’est autre qu’un «habitué» de cet engrenage administratif, parmi tant de ses compères de la jungle portuaire. Tout d’abord, on déplorera le forfait de l’atterrissage de l’espadon, censé être ménagé et capitalisé durant le repos biologique. Qui a fait infiltrer le poisson interdit, estimé à quelques millions de centimes, jusqu’à l’engin de transport ? Qui a permis le transfert de la marchandise à travers moult dents de la chaîne, depuis la pêcherie illicite ? Qui a précipité l’anéantissement de la cargaison dans la benne broyeuse du ramasseur des ordures, au lieu d’en faire meilleur usage ? Qui est, en fin de compte, responsable de cet homicide caractérisé qui sent le roussi, à travers le conflit des intérêts qui prolifère, chaque jour, dans le port, partout dans le territoire national ? Autant de questions qui inculpent directement un tas d’agents de l’administration, en état de suspicion.

En attendant l’accomplissement de l’enquête en cours qui, sans nul doute, mettra à nu, une fois n’est pas coutume, la démission administrative, on scrutera les réactions enclenchées juste après le drame de la victime dont le corps a été comprimé par les lames du véhicule. Il est bien évident que le spectacle funèbre qui fait actuellement le tour des réseaux sociaux a engendré une avalanche d’indignations et colères au sein de toute la communauté marocaine, en particulier celle du Rif. L’emportement est au paroxysme, marqué par des réflexes portant atteinte au sentiment d’appartenance à la patrie unie, au fondement des assises sacrées de la Nation, à la genèse des institutions fondatrices de l’existence et de la progression…

Il n’en demeure pas moins vrai qu’au cœur de la tragédie humaine et du fléau administratif, des parasites qui ont l’habitude de pêcher dans les marécages, profitent du malaise populaire pour attiser la discorde et semer la brouille pour des gains politiciens inciviques. Le mal est avant administratif qu’il va falloir proscrire à la source, dans tous les secteurs, sur terre et sur mer, afin de mettre un terme à sa prolifération insoutenable.

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