Diaspora
Le Maroc plaide pour l’harmonisation d’une politique commune africaine pour la diaspora, a indiqué lundi le ministre des Affaires étrangères, de la Coopération africaine et des Marocains résidant à l’étranger, Nasser Bourita.
« Si le Maroc plaide pour l’harmonisation d’une politique commune africaine pour la diaspora, c’est aussi parce qu’il a pris conscience du potentiel de richesse que peut représenter sa propre diaspora, avoisinant actuellement 15% de la population totale », a dit M. Bourita lors de la 2ème réunion virtuelle du Haut Comité de l’Agenda de la « Décennie des racines africaines et de la diaspora africaine », une initiative portée par le Togo.
Depuis Son accession au Trône, SM le Roi Mohammed VI entoure de sa Haute Sollicitude la Communauté marocaine résidant à l’étranger, a affirmé le ministre, citant le Souverain : « Nous Nous félicitons du rôle efficace de notre communauté résidant à l’étranger, que Nous considérons comme un atout majeur pour le Maroc nouveau. Mieux encore, Nous la voyons à l’avant-garde des acteurs, qui tout en restant fermement attachés à leur identité marocaine authentique, se sont voués avec une totale sincérité au développement de notre pays et à la défense de son intégrité territoriale et de son rayonnement international ».
D’après M. Bourita, la politique du Royaume découle de cette vision Royale. Elle tend, d’une part, à renforcer le lien existant entre les Marocains du monde et leur mère-patrie et, d’autre part, à les impliquer activement dans le développement de leur pays. La diaspora n’est pas – et ne peut être réduite – à des transferts de fonds ponctuels. Elle est, d’abord et avant tout, un acteur du développement, a insisté le ministre.
Il a, dans ce sens, affirmé que le rapport de la Commission spéciale sur le modèle de développement (CSMD) s’inscrit dans cette démarche. Présenté en mai dernier, devant SM le Roi Mohammed VI, le rapport fait des Marocains résidant à l’étranger (MRE) un des cinq leviers indispensables à la réalisation du nouveau Modèle de Développement (NMD). Cette Commission spéciale était, d’ailleurs, elle-même composée de plusieurs Marocains du monde, représentatifs de sa diaspora à l’étranger, a fait observer M. Bourita.
Ainsi, a-t-il expliqué, le Maroc a toujours prôné une approche intégrée et inclusive d’un pacte économique et social bénéfique à tous. « C’est cette approche qui lui a permis de se positionner en tant que carrefour et pays de destination des diasporas africaines, qui choisissent le Royaume, en ce qu’il favorise le respect de l’égalité des chances et la promotion d’un climat attrayant pour le Doing business », a-t-il expliqué.
Le Maroc se reconnaît ainsi dans « l’identité diasporique » – celle d’identités additionnées dans différents territoires de vie, a poursuivi le ministre, soulignant que plus encore, le Maroc souhaite, en se joignant au Togo, accompagner les diasporas africaines dans une logique de co-développement et de croissance partagée. « Car, nous en sommes convaincus, l’initiative togolaise est un projet concret, réaliste et réalisable », a-t-il dit.
En effet, a enchaîné M. Bourita, l’appui du Maroc au Togo est « total », dans la promotion de cette initiative à la fois pertinente et visionnaire, de faire de la décennie 2021-2031 celle des racines africaines et de la diaspora africaine, affirmant que ce soutien est d’autant plus solide qu’il s’appuie sur la convergence de l’initiative du Togo avec la Vision éclairée de SM le Roi Mohammed VI, en Sa qualité de Leader de l’Afrique pour la Migration.
C’est dire, selon le ministre, que l’engagement du Maroc est, aussi, durable. « Nous l’avions exprimé lors de la réunion de lancement en juin dernier. Nous le réaffirmons avec autant de conviction aujourd’hui, que nous sommes réunis, de nouveau, pour faire le point sur l’opérationnalisation du Haut-Comité de l’Agenda de la Décennie 2021-2031 des racines africaines et de la diaspora africaine et pour mener une réflexion tournée vers l’action sur les moyens de mise en œuvre du « Cadre de Lomé ».
« Il y a tout juste quelques jours, à l’occasion du forum d’examen régional africain de la mise en œuvre du Pacte de Marrakech, que mon pays a organisé avec la Commission économique des Nations Unies pour l’Afrique (CEA) et l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), nous avons rappelé le rôle des diasporas africaines dans le nexus migration-développement », a mis en avant M. Bourita.
Outre l’harmonisation d’une politique commune africaine pour la diaspora, pour le Maroc, plusieurs autres actions peuvent être envisagées à travers le « Cadre de Lomé », a ajouté M. Bourita, énumérant l’élaboration d’un guide pratique qui permettrait d’orienter la diaspora africaine sur le climat des affaires dans le Continent; l’établissement d’un système de cartographie des compétences des diasporas, outre l’instauration de plateformes « e-business » dans l’ère de l’économie numérique.
Il a également cité la généralisation des guichets uniques sur le Continent, pour assister et conseiller les membres de la diaspora souhaitant s’implanter sur le Continent et l’alignement des coûts de transaction liés aux transferts de fonds par la diaspora africaine, avec l’Agenda de l’Union africaine 2063 et les Objectifs de développement durable (ODD).
D’après M. Bourita, l’Afrique accuse un grand retard en matière d’accompagnement de ses diasporas, relevant que « si la volonté d’associer la diaspora africaine à son développement reste intacte, l’Afrique ne tire toujours pas profit de cet atout précieux ».
Le ministre s’est demandé pourquoi, par exemple, l’Afrique reste-t-elle le continent le plus cher en termes de frais de transferts de fonds ? Ils s’élèvent en moyenne à 8,5% du montant total envoyé, soit près de 3 fois la cible des 3% fixée par les ODD et pourquoi 10% seulement des envois de fonds sont investis dans des projets ou produits d’épargne en Afrique ?. Le ministre s’est aussi interrogé pour quelle raison de nombreux Africains hautement qualifiés quittent le continent chaque année sans garantie de retour ?.
Aux dires de M. Bourita, l’Afrique offre, en effet, une fenêtre privilégiée sur les enjeux de la migration, en tant que phénomène naturel et structurel : la migration africaine concerne au premier chef l’Afrique. Elle a même augmenté de 13% entre 2015 et 2019.
Mais, a-t-il soulevé, si la migration est d’abord régionale, l’importance de la diaspora est telle qu’on lui attribue, à juste titre, l’appellation de la « sixième région d’Afrique ». Car, a fait remarquer M. Bourita, si personne « n’émigre de gaité de cœur, la diaspora africaine a su, là où elle se trouve, s’intégrer malgré les obstacles ». Elle a su s’imposer dans le paysage politique, économique, culturel et sportif incarnant ses racines et portant son identité africaine. Les « success-stories ne manquent pas ».
Cette diaspora africaine, a-t-il encore dit, c’est effectivement un vivier d’expertise et de savoir-faire, composé de jeunes, de femmes et d’hommes volontaristes et dynamiques, qui ont toujours maintenu un lien étroit avec leur continent d’appartenance.
La diaspora joue un rôle de plus en plus important pour favoriser le développement socio-économique, notamment par le biais des transferts de fonds. Elle contribue activement à la réalisation des ODD, des initiatives de développement des compétences et au transfert des technologies.
D’ailleurs, et contrairement aux pronostics qui prédisaient leur diminution du fait de la pandémie, les envois de fonds vers l’Afrique ont atteint 78,4 milliards de dollars en 2020, constituant 11,7% des envois de fonds mondiaux. Ils se sont même imposés comme une source plus résiliente et plus fiable que les flux d’investissements directs étrangers, a enfin indiqué M. Bourita.