Festival Cinéma et migration d’Agadir

Demain, la fête du cinéma s’illumine

Demain, mardi, dans la soirée, le festival cinéma et migration d’Agadir lèvera le rideau. A la différence de plusieurs villes du royaume qui ont eu, et auront sans doute, leur cinéma respectif, la capitale du Souss abritera un événement de haut calibre.

Comme à l’accoutumée, depuis treize ans, jour pour jour, cette activité artistique hors pair draine une pléthore de penseurs, de critiques, de cinéastes, d’intellectuels, traitant par l’image et le verbe leurs soucis de société, entourés par un public en liesse.

Depuis déjà plus d’une décennie, le festival cinéma et migrations constituait, pour tous les orphelins du cinéma, le refuge du grand salut et le substitut de l’atroce frustration. Et pourtant, le cinéma d’Agadir dont la thématique féconde et porteuse n’est plus un secret pour personne, puisqu’elle s’incruste dans le registre le plus étendu de la planète, se veut un espace privilégié de débat et de réflexion judicieuse sur les soubassements du phénomène migratoire à travers le globe, notamment lié aux compatriotes installés en Europe et partout dans le monde.

La dixième édition du «Festival Cinéma et Migration» illuminera les rampes du cinéma Rialto. Une tradition qui continue à briller de mille feux. En effet, comme d’habitude, le festival d’Agadir Cinéma et Migrations conviera une multitude de stars marocaines qui ont imprimé, encore une fois, à ce rassemblement, une note d’intimité et de liesse avec les fans qui ne cessent de côtoyer et choyer leurs idoles, en chair et en os.

Il est bien clair que, au-delà des programmes variés et attractifs que l’association Al Mobadara, organisatrice de cet événement annuel, a bien eu le soin de mettre sur pieds, le festival se distingue chaque année par cette sorte d’intimité émotionnelle qui unit les vedettes du cinéma marocain et leurs fans.

Cependant, après la disparition du cinéma Salam, c’est le tour désormais du cinéma Rialto qui ferme, il y a quelques temps. Deux monuments culturels historiques qui ont fait vivre aux générations des moments pathétiques avec les géants du cinéma mondial. Une métropole comme Agadir, second pôle économique, première station balnéaire du royaume et dépositaire de Souss Al Alima, bastion de la science, de la création et de la connaissance, est donc privée de l’une de ses assises infrastructurelles culturelles les plus notoires.

Cinéma Rialto était non seulement un havre de projection cinématographique, mais également un âtre soyeux de débats sereins des chefs d’œuvre lors des séances de ciné clubs, de meetings politiques et de prestations théâtrale et musicale. Le festival d’Agadir Cinéma et Migrations, qui souffle aujourd’hui, ses treize années est, sans doute, attaché à ce patrimoine qui résonne encore sous la voix des sommités de l’art, de la culture et de la politique.

On peut toujours comprendre l’état désastreux dans lequel se trouve une bonne partie de nos cinémas, du fait, justement, que les gens n’y vont plus et ont sûrement perdu cette fameuse maxime «qui aime la vie, va au cinéma». Devant cet abandon, les propriétaires, vivotant, se trouvent dans l’obligation de fermer boutique et d’aller voir ailleurs, où le foncier devient alléchant.

De même, il faut bien dire que ces mêmes gens, contaminés par les mutations profondes du commerce et l’urbanisme, ne cherchent plus à investir dans le cinéma aussi aléatoire que velléitaire, surtout qu’ils ne déploient aucun effort pour restaurer et rénover son local transformé en taudis piteux. Cependant, il serait incivique de sacrifier un patrimoine culturel et sociétal qui appartient, dorénavant, à toute une conscience collective. C’est le cas du cinéma Salam qui git toujours tel un pachyderme éventré et, maintenant, du cinéma Rialto qui tire sa révérence au grand dam des populations. Un débat profond auquel sont conviés les institutionnels, les élus, la société civile, les professionnels…pour sortir la ville du marasme de la privation consternante.

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Abdallah Boussouf, SG du CCME

abdallah-boussoufPartenaire de premier plan du «Festival Cinéma et Migration d’Agadir», le Conseil de la Communauté Marocaine à l’Etranger (CCME) s’attelle, de son côté, à faire de cet événement le point de mire des intellectuels, des chercheurs et des intéressés à la cause migratoire afin qu’ils réfléchissent et se concertent sur la problématique et y porter attention et intérêt. Le festival, qui se tient sous le Haut patronage de SM le Roi Mohammed VI, propose, en effet, une programmation éclectique avec des œuvres cinématographiques provenant d’autres pays du continent et d’ailleurs (Algérie, Tunisie, Palestine, Belgique, Ecosse, Espagne, France, Pays-Bas …).

«Nous voulons faire de cette édition un espace pour favoriser les rencontres et les échanges entre les hommes et les femmes du cinéma, les médias et le grand public du Maroc, de la Côte d’Ivoire et, au-delà, avec le reste de notre continent africain», souligne Abdellah Boussouf, Secrétaire Général du Conseil de la Communauté des Marocains à l’Etranger, tout en se félicitant de voir cette activité gagner en maturité et progresser en matière de réflexion et de recherche. Sa présence en cette édition donnera, sans nul doute, beaucoup d’impulsion à cet événement qui constitue, désormais, le pôle d’attraction de nombre de visiteurs et de participants.

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Driss Moubarik, président de l’Association Initiative Culturelle

photo-driss-moubarikUn militant actif qui s’adonne corps et âme pour la réussite de cet événement de belle facture. Homme de culture et de communication, depuis déjà des lustres, il se distingue par son raffinement, son savoir-faire et surtout son engagement inlassable. Driss Moubarik ne cache pas sa satisfaction à l’égard du rayonnement de cette activité qui prend de plus en plus d’ampleur. «L’édition 2016 met à l’honneur la Côte d’Ivoire, un choix motivé par la qualité du cinéma et des artistes ivoiriens ainsi que par les liens solides d’amitié historiques et de coopération étroite liant nos deux pays», indique le président de l’Association Initiative culturelle».

En effet, en compagnie de son fidèle «complice», Aziz El Omari, directeur du festival et véritable tête pensante et exécuteur de talent, Driss Moubarik met du punch dans le programme de ce rendez-vous, en prévoyant le tout nouveau menu pour cette manche qui promet beaucoup, compte tenu des têtes d’affiches annoncées. On appréciera chez lui également cette rigueur de l’organisation et surtout la disponibilité affichée envers tous les festivaliers qui se sentent bien «dans leur peau» et ce, durant tout leur séjour à Agadir.

Saoudi El Amalki

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