Rencontre avec Suzanne Clément, membre du Jury du FIFM
Suzanne Clément est membre du Jury de la 16e édition du festival international du film de Marrakech. L’année dernière, alors que le Canada était invité d’honneur du FIFM, l’actrice n’a malheureusement pas pu se déplacer avec la délégation canadienne. Un an plus tard, Suzanne Clément est au FIFM et fière d’y prendre part en tant que membre du jury. D’ailleurs, il y’a 7 ans, l’actrice était au Maroc ; elle ne connaissait pas le festival. Mais aujourd’hui, grâce à cet évènement, elle a regardé de beaux films, confie t-elle. «Le festival occupe désormais une place importante. D’ailleurs, il a un certain côté glamour », a-t-elle souligné. «Dès la cérémonie d’ouverture, quand j’ai entendu l’animatrice parler arabe et l’autre animateur, Français, je me suis dit que c’est l’un des festivals les plus importants parce qu’il y a une vraie rencontre de deux univers et de deux cultures», a-t-elle déclaré. L’actrice et comédienne canadienne a un palmarès riche. En 2016, elle a brillé de mille feux en France avec 5 films et 2 séries. Les propos.
Al Bayane : Est-ce la première fois que vous fassiez partie d’un jury?
Suzanne Clément : Non, c’est la deuxième fois. La première fois, j’étais membre du jury du Festival du Film Britannique de Dinard en France.
Sur quels critères jugez-vous un film ?
C’est difficile à dire ! En fait, c’est comme si j’avais deux yeux différents ; un instant d’intuition ou un simple élan de cœur. Après, je prends soin aussi de regarder comment est fait le film et puis en discutant, j’essaie de savoir s’il en y a d’autres qui ont aimé ou pas et pour quelles raisons. Des fois, cela me donne un angle de vue différent. J’essaie également d’être le plus en forme possible, car la fatigue n’aide pas dans ce travail.
Mais, il y a une ou deux expériences de films où je me suis dit : «moi je ne suis pas la meilleure juge». Donc il a fallu que je prenne un peu de recul. Mais en écoutant mon cœur, il y a plusieurs choses qui m’avaient séduite.
Il y en a d’autres qui regardent comment a été fait tel ou tel film. Ils se focalisent sur le cadre, les couleurs, les costumes. Moi tout en regardant le film, je m’arrête par moment pour me demander : qu’est ce qui m’attire ? Ça peut-être une actrice, des costumes, la véracité de ce qui est raconté…
Que pensez-vous des films qui ont été projetés jusqu’à maintenant?
Moi je suis intéressée par toute la programmation. Je l’apprécie vraiment. D’abord, j’ai l’impression de voyager énormément. J’aime voyager et le Maroc est un pays que j’ai beaucoup sillonné et pour lequel j’ai un coup de foudre. J’y ai emprunté différents moyens de transport. J’ai quelque fois dormi dehors dans le désert avec les gens qui conduisent les chameaux. J’ai l’impression que beaucoup de défis m’ont poussée vers la porte des cultures, vers des vies et des façons de vivre complètement différentes. Et je crois que dans chaque film, on est dans l’intimité et dans une réalité totalement différente.
Dans le jury, on n’a pas d’obligation et d’organisation précise parce que Béla est «anarchique», on va le dire ainsi. Mais c’est bien parce qu’en même temps, on se rencontre quelque fois dans une voiture, à la piscine ou autour d’un plat. C’est toujours bien de se parler, mais il y a peu de choses organisées. Ici, j’aime la variété des membres du jury. Les points de vue sont très différents et en même temps, il y a de l’écoute.
Revenons sur votre carrière en France. En 2016, vous avez joué dans cinq films et deux séries. Quelle est la recette de cette réussite en France?
Premièrement, chaque année, j’ai l’ardent désir de réaliser plusieurs projets, d’explorer d’autres rôles et univers. Pour moi, la langue est également quelque chose d’important. Puisque je suis en France, je suis très prudente au niveau de la langue. C’est important de plonger dans différentes expériences pour travailler ce volet, vérifier des «choses», être prudent. Mais pour ce faire, il faut des projets et je crois qu’il y en a dans ce sens.
Le cinéma russe est l’invité d’honneur de cette 16e édition du FIFM. Quel regard portez-vous sur ce cinéma?
Je ne peux pas dire que je connais le cinéma russe, surtout le cinéma russe moderne. Par contre, j’ai quelques expériences de jeunesse parce que je regardais des films pointus quand j’étais jeune. J’avais adoré «le Sacrifice» d’Andreï Tarkovski. Je trouvais ses films fascinants. Je trouve que le cinéma russe est intéressant, drôle, poétique et exigeant. J’imagine que j’ai du rattrapage à faire avec le cinéma russe moderne.
Parlez-nous des conditions de travail entre le Québec et la France, sachant que vous avez tourné la mini-série «La forêt» au nord de la France et en Belgique.
On travaille très bien au Québec. On a de superbes équipes de tournage et surtout, il y a ce côté familial. C’est pareil en France et en Belgique. Quand j’ai tourné en Belgique la série «La forêt», j’ai également senti cette proximité, cette chaleur… J’ai rencontré des gens qui ont une vision du cinéma et une vraie passion.
Qu’est-ce qui vous attire le plus dans un rôle?
En fait, cela dépend du moment. Des fois, une comédie ou un rôle plus léger. On en a parfois besoin après avoir joué des rôles lourds. Ce qui m’attire ce sont des collaborations avec un réalisateur ou d’autres acteurs. Le travail avec Eric Toledano et Olivier Nakache était intéressant. C’est tellement chouette de travailler avec eux.
Mohamed Nait Youssef