Le linceul de la capitale du Souss!

Ces derniers temps, on retiendra, non sans émoi, l’agitation qui secoue l’opinion publique dans le Souss, depuis que le conseil communal de la première station balnéaire du royaume a rendu public un communiqué inhérent à la gratuité du linceul (Lakfan), en faveur des couches précaires en état funèbre, s’adressant aux services concernés de l’hôtel de ville. Cet acte caritatif, considéré comme «indélicat» par nombre de ripostes, fit le tour de la citéet suscita un immense remous, au point que certaines mouvances ont recouru à l’observation d’un sit-in, en roses et en chandelles, sur l’esplanade crépusculaire de la bâtisse municipale.

On ne prétendra aucunement polémiquer par rapport à cette mesure charitable mal ressentie par de larges franges de la métropoleni à propos de la réplique, plus ou moins, virulente des résidents. D’autant plus que cette réaction massive a été également attisée par d’autres démarches communales relatives au changement de nom d’anciens quartiers de la ville, reconnus comme mémoire patrimoniale, en particulier «Les amicales», par de nouvelles appellations à connotation «religieuse». D’aucuns rétorquaient alors que ces retouches insignifiantes, entachées de subterfuge politicien, ne seraient pas à même de combler les attentes beaucoup plus profondes d’une région en stagnation préoccupante.

Il est bien évident que le malaise des citoyens est patent, depuis déjà des lustres et ne saurait être «apaisé» par des artifices jugés trompeurs. En fait, l’état maussade dans lequel se débat la capitale du Souss, ne fait que s’assombrir davantage, malgré les sursauts ébranlants qui émaillent la vie active de la ville, ces derniers temps. Il n’en demeure pas moins certain que la morosité avérée de la région relève de la stratégie nationale, liée aux choix et aux priorités d’ordre central, en dépit du potentiel dont elle regorge aux plans infrastructurel et économique. A ce propos, on continuera à déplorer l’absence, jusqu’ici, de méga projets à gros fonds public et privé, à l’instar de maintes régions émergentes du pays, en mesure de branler cette stagnation morbide de la région.

En effet, la situation critique qui taraude certains secteurs névralgiques, notamment le tourisme, la pêche, l’agriculture, entre autres, ne cesse de tirer vers le bas les atouts majeurs de cette zone féconde. C’est alors dans ce contexte navrant qu’apparaît subitement le linceul de la mairie d’Agadir pour émettre ce tollé collectif!Certes, il est, sans doute, prématuré d’évaluer l’action communale dans sa globalité, après juste un peu plus d’une année de mandat effectif. Cependant, hormis un travail assidu au niveau du paysage verdier dans les artères et les giratoires principales, ainsi que d’autres actions structurantes, l’on pourrait avancer, sans avoir à se contredire, que le déclic détonnant dont aurait besoin une ville effervescente est loin de se faire réellement ressentir. Beaucoup de labeur de fond demeure lettre morte au sein d’une ville cosmopolite, en état pathologique et dont la thérapeutique n’est nullement celle d’une confrérie où la charité théologique est monnaie courante !

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