Garder le calme !

En ces moments d’agitation, il serait loisible de garder le nord et surtout ne pas le perdre ! Certes, l’émulation politique est vidée de son sens noble, mais il n’est pas permis, pour tout un chacun de s’emporter et de fléchir, au risque de tout balancer en l’air, dans une démocratie marocaine en phase fœtale.

Il ne faut pas se leurrer, la crise est dans nos murs. Mais, on accuse le coup et maîtrise la situation, tant bien que mal. Au-delà  de la conjoncture qui peut inciter à l’alarmisme, il importe d’agir dans la sérénité, car face au flottement des aléas, l’affolement ne sert absolument à rien. Il va sans dire que, outre les clivages politiques,  les répercussions économiques et sociales sont à considérer avec beaucoup d’agressivité et de méthode.

La parenthèse des émeutes protestataires des masses populaires n’est pas définitivement fermée. La cherté de la vie flambe à des cadences inquiétantes. Les prémices de la réapparition d’une nouvelle descente imposante dans les rues annoncent déjà la couleur. Bref, on n’est nullement loin d’un soulèvement tendu des colères. Cette fois-ci, ce n’est pas la révision de la Constitution ni encore la mise en place d’un autre gouvernement qui calmerait les tensions. La confiance ne serait plus là, puisque «usurpée» une fois de plus !

On craindrait fort bien l’impopularité qui commence à se pointer à l’horizon, attisée par les ennemis de la démocratie et les bas présomptueux, lotis en embuscade au tournant. Dans ces camps déstabilisateurs, on ne cherche qu’à embraser le front social, pour des calculs réducteurs et sectaires. Devant ces dénégations, on déplorera bien le mutisme incompréhensible de nombre d’intellectuels éclairés censés s’impliquer dans les affaires publiques de la nation, au lieu de se la couler douce.

Il semblerait bien que ceux-là qui s’arrangent exclusivement à rehausser leur registre, se cantonnent dans la soumission et la résignation. Tout en ignorant qu’ils peuvent toujours riposter aux déficiences de leur pays, les intellectuels ne cherchent jamais à se casser la tête ni avec les gouvernants, source de leurs aises, ni avec les gouvernés déshérités, tracas continuel de la société en manque.

Nul besoin de rappeler que les grandes révolutions opérées dans les nations en quête de démocratie et de progrès, s’étaient enclenchées, par le truchement des sursauts intellectuels. Ce qui fait aujourd’hui leur force et leur rayonnement, à travers la planète. Il est vrai que c’est le peuple qui revendique, se bat et s’approprie les droits. Mais, l’avant-garde de ces mouvements a constamment été déclenchée sous l’impulsion des idées illuminées des intellectuels.

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