« L’artiste n’est pas valorisé par une compétence technique, mais pour l’émotion que transmet son œuvre »

Elhabib Taouhid

Naissance à Tétouan en1956

Lauréat de l’Institut supérieur du commerce et de gestion, Bruxelles 

Artiste peintre autodidacte 

Expositions au Maroc, en Tunisie, en Syrie, en Corée du Sud, en Inde, en Italie, en Turquie et au Brésil. 

Selon vous, la création picturale a-t-elle une fonction dans notre société ?

Comment allons-nous soigner les blessures quand nous ne pouvons pas supporter la douleur ? Le monde entier sait qu’il existe des cas d’hypocrisie sociale. Comment pouvons-nous les traiter en nous enfouissant la tête dans le sable ? Nous blâmons toujours la société et lui endossant notre malheur. Mais qui est réellement la société ? La société c’est nous tous. La base de notre message est de provoquer un choc dans la société.

 Seriez-vous d’accord pour dire que la peinture agit sur la conscience ?

L’art au contraire demeure très personnel. L’artiste n’est pas valorisé par une compétence technique particulière, mais pour l’émotion que transmet son œuvre. Certains artistes, après avoir étudié longuement le dessin et acquis de solides compétences dans ce domaine, ont pu rejeter ces méthodes pour se tourner vers un art plus naïf, car il correspondait mieux à ce qu’ils souhaitaient communiquer. L’artiste créé pour transmettre son expérience, pour partager un point de vue, des émotions. L’art contrairement à l’artisanat n’a donc pas d’utilité. Son existence est une fin en soi.

Dans quelle mesure votre technique de peindre est-elle personnelle et en quoi elle consiste ?

Parce que je pratique l’art, je ne peints pas pour l’historien ou le critique, mais c’est avant tout une manière d’être. Mon objectif est la liberté de choix, non pas tant pour être original que pour être unique ; et comme il s’agit d’une affirmation de cette unicité, il est impossible de parler à l’autre du point de vue d’une identité fixe, même pour ceux qui tentent de s’accrocher à leur passé.

Les éléments qui caractérisent votre peinture expriment-ils une vision de l’environnement qui vous entoure ou s’agit-il d’une expression personnelle ?

Ces thèmes ont été traduits dans l’espace des peintures artistiques, où sont représentés les corps. Marquée par son insupportable fragilité, qui semblait parfois porter de profondes blessures dues aux abus et aux tortures excessives qu’elle a subies par des tiers. Ces œuvres d’art étaient imprégnées d’une teinte d’isolement, d’anxiété et de phobie, ces œuvres sont devenues en elles-mêmes un cri de protestation contre la déshumanisation de l’homme moderne, visant à explorer la nature humaine et à explorer les profondeurs de la décadence de la civilisation contemporaine. J’essaie de traduire la peur, l’isolement, l’anxiété et surtout l’appauvrissement auxquels l’homme moderne est exposé, ses affaires étant perturbées par la puissance violente d’une civilisation injuste. Les œuvres sont imprégnées des concepts de complexité et de profondeur, d’exploration du corps et de ses dialogues modernistes, de sorte que j’essaie de mettre en lumière les frontières entre abstraction et figuration. J’utilise des couleurs acryliques tristes comme base horizontale, et non comme élément de la peinture. Ce qui m’intéresse le plus, c’est de plonger dans l’intérieur des humains. Ainsi, les objets de mes peintures semblent faits de sang et de chair, et défendent leur appartenance et leur histoire, comme le personnage qui figure, assis les jambes croisées, attendant ce qui vient et ce qui ne vient pas. Toutes les peintures ont été créées à partir des fragments d’un être humain brisé et perdu et semblent poser des questions provocatrices sur le côté sombre et caché de la vie moderne, où l’esprit humain continue de se chercher lui-même, trouvant peut-être un chemin dans un monde moderne, où l’esprit humain continue de se chercher lui-même, monde en ruine entre ombre et lumière sombre. C’est le témoignage d’une société fluide qui s’effond et perd son essence de manière effrayante, et une tentative de lever horriblement le voile de la face cachée de la vie contemporaine.

Comment êtes-vous arrivé à la création picturale ? Serait-elle devenue votre préoccupation majeure, votre source de vie ?

Ce qui m’intéresse le plus, c’est de plonger dans l’intérieur des humains.je découvre ces choses à partir de mon expérience marquée par les tragédies de la vie, qui ont, dans une certaine mesure, affecté ma vie personnelle. C’est ce qui m’a fait dessiner la souffrance des autres à ma manière et selon mon humeur.

Comment appréciez-vous l’état de l’art plastique au Maroc ?

L’une des pires choses dont souffrent les beaux-arts dans le monde arabe en général et au Maroc en particulier, c’est que la peinture n’a pas de cause à présenter ou à faire avancer. Rares sont les artistes dont l’imagination est emportée par les vents de la misère et du malheur humains.

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