Mounia Wafi représente le Maroc en Jordanie

Arts plastiques

Par Abdelhak Najib, Écrivain-critique d’art

Les neuvièmes rencontres de l’art et de la beauté qui se déroulent, à partir du 3 janvier 2025, À Madaba, sur les rives de la Mer morte, en Jordanie, voient la participation de l’artiste plasticienne marocaine, Mounia Wafi, qui inscrit là une nouvelle escale dans son parcours artistique très prometteur.

Ces journées dédiées aux arts et à la culture font partie des plus grandes manifestations d’art dans le Monde arabe. Cette escale dans un site aussi chargé d’histoire qu’est la région de Madaba, à quelques encablures du Mont Nebo, des rives du Jourdain et de la Mer morte, sont un des berceaux de l’humanité, avec une histoire ancienne, un héritage civilisationnel exceptionnel et une grande charge de sacralité. C’est dans cet écrin historique que le Maroc participe, par le travail de l’une de ses artistes, Mounia Wafi, à une grande manifestation qui réunit des artistes plasticiens d’Irak, de Palestine, du Liban, de Syrie, des Émirats arabes unis, d’Égypte, de Jordanie, du Bahreïn, du Koweït, d’Arabie Saoudite, du Sultanat D’Oman et d’autres pays, célébrant ainsi la rencontre des cultures et le dialogue des civilisations. Pour l’artiste marocaine, Mounia Wafi, cette participation est un honneur, «Mais également une grande responsabilité, puisque je représente mon pays, le Maroc, et j’ai à cœur de montrer une œuvre digne de ce nom, avec un véritable message d’unité et de rapprochement entre les peuples, surtout à une époque de troubles, comme celle que nous traversons aujourd’hui. C’est dans ce sens que j’ai travaillé sur l’arbre de vie, l’arbre de nos origines communes, l’arbre qui nous unit tous, aussi différents que nous sommes, par des racines qui nous lient les uns aux autres, dans nos différences et nos particularités», souligne l’artiste marocaine, qui nous donne à voir un univers hétéroclite, dans un paysage pictural, à la fois riche et diversifié, offrant des variations sur plusieurs grandes thématiques telles que la vie et le vivant, comme c’est le cas avec l’arbre, devenu sa signature, comme les processions de silhouettes qui cheminent dans des pèlerinages collectifs ou individuels, comme cette mosaïque de formes et de couleurs, qui caractérisent un autre style sur lequel travaille Mounia Wafi. L’artiste est d’ailleurs consciente de l’importance de telles rencontres collectives entre des artistes de différents horizons pour voir d’abord le travail des autres, ensuite, s’imprégner de leurs travaux et de leurs recherches et enfin, échanger avec eux sur cette intertextualité de l’art, qui en est le fondement et la force motrice : «Tout à fait, car, en travaillant ici avec des maîtres des arts plastiques dans le monde arabes comme Mohamed Fattah, Hicham El Fakharani ou encore Haidar Fakher,  de jeunes artistes comme moi apprennent au contact de leurs aînés. Nous échangeons, nous écoutons et nous profitons de la grande expérience de tous ces professeurs qui ont exposé dans le monde entier et qui gardent une grande humilité à la fois en tant que personne et en tant qu’artiste connu et reconnu. Pour moi, ces rencontres sont une grande leçon, certes artistique, mais aussi une profonde leçon de vie», précise Mounia Wafi, qui mesure toute sa chance d’avoir été sélectionnée et invitée à prendre part à cette grande messe des arts plastiques, dans un pays comme la Jordanie dont la riche culture nous inspire. C’est d’ailleurs un hasard de ceux qui enchantent de trouver réunis, à Madaba, à tir d’aile de la Palestine, toutes ces figures arabes qui se réunissent aussi pour célébrer la paix, dans une région meurtrie par les guerres : «Ce qui m’a touché profondément en tant qu’artiste arabe, c’est d’être à quelques kilomètres des terres palestiniennes. En travaillent sur place, avec tous les autres artistes, nous avons tous présents à l’esprit ce que traverse le peuple palestinien depuis de longues décennies. D’ailleurs, l’immense voix de Fayrouz nous accompagne quand nous partons en excursion ou lorsque nous peignons tous dans cette immense salle dressée en atelier commun. Sans parler de nos sorties en groupes pour aller voir de près des pans entiers de la présence de prophètes comme Moussa au Mont Nébo, de voir la Mer morte et le Jourdain, de voir Petra et l’héritage nabatéen, toutes ces choses impriment une charge émotionnelle supplémentaire à ces rencontres qui célèbrent la diversité et le partage dans le monde arabe, aujourd’hui», affirme Mounia Wafi. 

De fait, ces journées culturelles en Jordanie ont toujours su montrer les différents courants de pensée artistique dans le monde arabe. Les organisateurs insistent sur ce vaste espace qu’est l’art arabe, du Maghreb ou Mashreq, avec cette constante : proposer des artistes qui ont un univers, des artistes qui ont un message humain à partager, des artistes qui oeuvrent pour la paix dans le monde et pour le rayonnement des cultures à travers la beauté : «C’est ce message qui ressort de toutes les conférences que nous avons organisé ici à Madaba, avec l’intervention de grands artistes arabes, comme Ali Krichan, qui ont insisté sur la place des arts et de la culture pour bâtir des sociétés responsables, des peuples qui mettent en avant la grandeur de leur histoire et misent sur la créativité et les libertés individuelles comme dynamique culturelle, qui va au-delà des frontières», conclut l’artiste.

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