Flambée des prix du poisson
La flambée des prix du poisson suscite le mécontentement et la colère des consommateurs, à la suite notamment de l’histoire de «ABDELILAH MOUL AL HOUTE», qui propose les sardines à cinq (5) Dirhams le kilogramme au lieu de 15 DH ou plus ailleurs.
Au-delà de cette affaire, qui symbolise l’échec de la stratégie HALIEUTIS, qui a coûté très cher au pays, le Parti du Progrès et du Socialisme mène sans relâche le combat, à travers toutes ses structures, dont son groupe parlementaire, contre la hausse excessive des prix des viandes et autres produits de première nécessité en général et du poisson en particulier.
Dans ce cadre la députée Nadia Touhami, membre du groupe du progrès et du socialisme à la Chambre des représentants a adressé au département ministériel concerné une question écrite, dans laquelle elle souligne que « les prix de vente du poisson aux Marocains doivent être raisonnables et accessibles à toutes les catégories sociales, compte tenu notamment des grandes possibilités de pêche qu’offrent les côtes marocaines».
Le Maroc a en effet le privilège de disposer de deux façades maritimes longues de 3.500 km dont plus de 500 sur la Méditerranée et un peu moins de 3.000 km sur l’Atlantique.
La députée s’interroge aussi au sujet des mesures que le département concerné compte prendre pour assurer la réforme du système de commercialisation et de valorisation des produits halieutiques, laquelle réforme devra se répercuter positivement sur la qualité et les prix du poisson commercialisé sur le marché national, marqué à présent par la cherté des prix.
Dans sa question écrite au ministre de l’agriculture, de la pêche, du développement rural et des eaux et forêts, la députée souligne qu’il importe en premier lieu de procéder à la réforme du système de commercialisation et de valorisation des produits de la pêche à tous les niveaux de la chaîne, de la vente en gros jusqu’à la vente au détail.
Par conséquent, le retour à un niveau stable des prix du poisson est un impératif pressant, qui nécessite la création des marchés de proximité nécessaires et en nombre suffisant, des marchés classés et respectueux des méthodes d’offre conformément au principe de transparence, avec un certificat d’origine des marchés portuaires et de gros. Tous les produits de mer doivent être mis aux enchères dans toutes les régions et pour toutes les espèces de poissons. Quant au système de concessions et de monopole, qui nuit au secteur du commerce du poisson et affecte les prix et la compétitivité, il doit être tout simplement aboli, selon elle.
Dans le même temps, il est nécessaire de s’appuyer sur les termes de référence d’une convention collective modèle pour le contrôle des produits, des prix et de la qualité sur les marchés, dans le cadre de commissions paritaires des parties publiques concernées, avec l’implication réelle des professionnels. A cela s’ajoute la nécessité d’alléger les charges financières pesant sur les professionnels dans les ports et les marchés et d’accompagner l’élément humain en matière de formation.
En ce qui concerne les repos biologiques nécessaires, ils devraient logiquement tenir compte des spécificités qui caractérisent chaque espace maritime. Ils doivent être décidés sur la base d’une approche véritablement participative avec tous les acteurs du secteur pour parvenir à des repos biologiques payés dans l’espace et le temps, en particulier pour les gens de mer, le groupe social le plus vulnérable.
La situation nécessite également de renforcer les bases de contrôle des méthodes et des outils de pêche, en amont comme en aval, afin de gérer les stocks de poissons, dans le respect de chaque groupe professionnel et de chaque port en fonction de ses spécificités. De plus, la gestion de tous les produits de la pêche en gros doit être digitalisée.
Zakia Driouch se contente de justifier les hausses
Lui répondant, la Secrétaire d’Etat chargée de la pêche maritime, Zakia Driouch, s’est contentée de souligner que ces hausses résultent de la baisse de l’offre et de l’augmentation la demande au sein du marché, laissant entendre que son département n’a pas à intervenir pour stabiliser les prix pour qu’ils soient accessibles à l’ensemble des familles marocaines, en particulier en ce mois sacré du Ramadan.
Dans ce sens la Secrétaire d’Etat a tenu « à rappeler que les prix pratiqués au niveau de la vente en gros obéissent à la logique de l’offre et de la demande. Ils sont affectés aussi par le coût des voyages des bateaux de pêche et l’état des conditions météorologiques, lesquelles ont un impact certain sur l’activité de ces bateaux et partant sur l’offre des produits de pêche. Pour ce qui est des prix de vente au détail, leur formation obéit aussi au principe de l’offre et de la demande. Ils sont également affectés par le coût du transport, le coût de la chaîne de distribution, les marges de bénéfice des intermédiaires et des revendeurs au détail, et par l’augmentation de la demande en particulier au cours des périodes de pointe».
Auparavant, la responsable gouvernementale a rappelé que les débarquements de poissons au Maroc ont atteint cette année 1,42 millions de tonnes soit une augmentation annuelle de 1,7% au cours de la période 2010-2024, ajoutant que son département aspire, à travers la mise en œuvre des dispositions de la stratégie HALIEUTIS, lancée en 2009, à donner une dynamique nouvelle au marché de gros local des produits de la mer, à encourager la consommation et à garantir une qualité exemplaire du débarquement jusqu’au marché pour permettre à ce secteur de contribuer de manière plus grande au renforcement de la sécurité alimentaire du pays. Elle a fait savoir aussi que son département tient avec ses partenaires à sécuriser l’approvisionnement des marchés nationaux en poisson et à permettre aux familles marocaines d’accéder aux produits de la pêche maritime à des prix compétitifs acceptables, et ce à travers des programmes qui visent à l’amélioration des conditions de commercialisation et de valorisation des produits de la mer.
Elle a ensuite indiqué que cette stratégie HALIEUTIS a défini les mesures et les procédures à même d’assurer la valorisation des potentialités du secteur de la pêche maritime pour la réalisation de cet objectif. Parmi les plus importantes mesures prises pour le développement de la commercialisation des produits de la mer au niveau national, elle a cité, le renforcement des chaines des marchés de vente au gros du poisson. A présent, le Maroc dispose de 70 marchés de gros, dédiés à la première vente à l’intérieur des ports, au niveau des points de débarquement équipés et des villages des pêcheurs, dont 14 marchés de poisson de la nouvelle génération ayant nécessité un investissement de l’ordre de 635 millions de Dirhams. Le Maroc dispose aussi de 10 marchés de gros, dédiés à la 2ème vente en dehors de l’enceinte des ports en plus de deux marchés en cours de réalisation au niveau de la préfecture de Fès et de la province de Nador avec un investissement de l’ordre de 655 millions de Dirhams.
Ceci contribue à la structuration et au soutien du marché intérieur national et de l’environnement de la distribution des produits de la pêche maritime pour l’approvisionnement des consommateurs en produits de haute qualité, soumis au contrôle continu des conditions de sécurité sanitaire des produits, outre la digitalisation de la vente aux enchères dans 34 marchés de vente de poisson pour l’amélioration de la transparence et des conditions de commercialisation, sachant que le département est en passe de généraliser cette mesure.
La secrétaire d’Etat a fait savoir aussi que son département est sur le point d’exécuter un programme pour la réalisation de 7 marchés de vente au détail dans certaines provinces en partenariat avec les communes concernées pour soutenir et encourager la commercialisation des produits halieutiques, tout en veillant à en préserver la qualité et en stabiliser les prix à des niveaux raisonnables.
Le secrétariat d’Etat suit également l’évolution du secteur des industries de transformation des produits de la mer pour qu’elles soient conformes aux règlements et normes de sécurité sanitaire dans le cadre des modalités de délivrance de l’agrément et de l’autorisation sanitaires nécessaire à l’exercice d’une activité de transformation de produits de la mer. Elle a également fait savoir à ce propos que le nombre des unités de stockage a augmenté passant de 54 unités à 90 actuellement, ajoutant que son département encourage l’importation des poisons pour soutenir les capacités productives des unités de valorisation et améliorer l’approvisionnement du marché national. C’est ainsi qu’il a été procédé en 2023 à l’importation de quelque 113.000 tonnes de poissons.
La secrétaire d’Etat a indiqué de même qu’il a été procédé dans ce cadre à l’organisation des mareyeurs grossistes opérant au niveau des halles et des marchés de gros dans le but de réduire le nombre des intermédiaires, de renforcer la profession des mareyeurs grossistes et de l’accompagner, pour leur permettre de jouer pleinement leur rôle capital en tant qu’acteurs dans la distribution et la commercialisation des produits de la mer. L’organisation de cette profession a en effet permis de combattre la vente sauvage et suivre le parcours des produits et garantir les conditions de sécurité sanitaire des produits de la mer.
Depuis 6 ans, ajoute la responsable, son Administration organise, dans le cadre de l’amélioration de l’offre de poisson durant le mois de Ramadan, l’initiative « Poisson à prix raisonnable ». La 7ème édition de cette initiative prévoit, durant ce mois, de mettre sur le marché national plus de 4.000 tonnes de poissons à travers 1.000 points de vente, a indiqué par ailleurs la secrétaire d’Etat dans une déclaration à la presse.