Miratec, le lapin sorti du chapeau d’Amendis?

Après les nombreux remous qu’a connus Amendis ces derniers mois, l’entreprise a de nouveau été sous le feux des projecteurs en ce début d’année.En cause: des rumeurs concernant un éventuel plan de licenciement suite au recours à un sous-traitant pour le relevé des compteurs.

Après le départ précipité de Pascal Royer suite aux mouvements de protestation des tangérois contre la hausse des factures d’eau et d’électricité en octobre dernier, Chouaib Nasr est le tout nouveau directeur général d’Amendis. Ayant occupé plusieurs postes au sein de Veolia depuis 2010 jusqu’à la date de sa nomination en décembre 2015, il est aujourd’hui chargé de gérer la «patate chaude» laissée par son prédécesseur. Au menu, en plus du mécontentement des citoyens et de la révision du contrat de gestion déléguée –ndlr :qui n’a jamais eu lieu depuis l’arrivée d’Amendis en 2002 alors qu’elle devait se faire tous les 5 ans-, des menaces de grève générale de la part des employés

Des relents de grève qui trouvent leur origine dans la signature d’un contrat portant sur le relevé des compteurs entre Amendis et la société Miratec, à laquelle plusieurs autres opérateurs du secteur à travers d’autres villes du royaume ont recours. Amendis aurait envisagé de licencier ses propres releveurs et de les remplacer par ceux de Miratec avant de se rétracter face aux menaces insistantes. Faux répond le management.

Pourquoi avez-vous décidé d’avoir recours à une société privée pour le contrôle des compteurs d’eau et d’électricité ?

Amendis disposait de 63 releveurs en charge de la lecture mensuelle des compteurs eau et électricité dans tout le périmètre de la Wilaya de Tanger.

Dans un esprit d’améliorer la qualité de service rendue à la clientèle, notamment le renforcement des dispositifs de vérification et de contrôle des lectures, Amendis a eu recours à un prestataire externe qualifié qui a mis à sa disposition 25 releveurs supplémentaires.

La sous-traitance a permis, rapidement, d’accroître le nombre de releveurs sur la Ville de Tanger en le ramenant à 88 et, par conséquent, restructurer la répartition et le redéploiement des releveurs sur les secteurs tout en multipliant les contrôles et les vérifications des relevés effectués.

Quelles sont les modalités du contrat qui vous lie à cette société privée (durée/villes concernées/rémunération,…) ?

Le contrat qui lie Amendis au prestataire a pour objet le relevé mensuel des compteurs eau et électricité des clients particuliers de la Wilaya de Tanger.

Le choix de ce prestataire se justifie par son expérience cumulée dans ce domaine, étant lié par des contrats similaires à d’autres opérateurs du secteur d’eau et d’électricité dans d’autres villes du Royaume. Les tarifs appliqués sont similaires à ceux appliqués aux autres opérateurs.

Ne pensez-vous pas que cela puisse augmenter les factures d’eau et d’électricité, alors que vous venez de sortir d’une période mouvementée justement à ce sujet ? Si oui, à combien évaluez-vous l’impact de cette opération sur les factures ? Sinon, comment comptez-vous absorber le surcoût engendré par ce contrat, ou bien est-ce que ce contrat va engendrer au contraire une réduction des charges pour Amendis ? Auquel cas, cela sera-t-il répercuté sur les factures ?

Il convient de préciser que les tarifs sont fixés par la convention de la gestion déléguée d’Amendis Tanger et approuvés par les autorités compétentes. De ce fait, la sous-traitance de ce genre de prestation entre dans le cadre de l’amélioration de la qualité de service rendu aux clients. Elle n’impacte donc en aucun cas les factures de l’eau et de l’électricité. Ce soi-disant surcoût fait partie des charges d’exploitation de l’entreprise au même titre que les autres charges inhérentes à notre activité.

Selon le quotidien Al Massae, avant la signature de ce contrat, vous envisagiez de licencier quelques employés chargés de contrôler les compteurs pour incompétence ? Est-ce vrai ? Si oui, pouvez –vous nous en dire davantage à ce sujet ?

Il n’a pas été question de licenciements de quelques employés dont les modalités sont régies par le statut du personnel des entreprises de distribution d’eau et d’électricité du Maroc et le code du travail. Il s’agit simplement d’un redéploiement de l’effectif pour répondre aux nouvelles exigences organisationnelles et opérationnelles (distribution des avis de passage, renforcement des contrôles et des vérifications des lectures…).

Suite à ce contrat, envisagez-vous d’avoir recours à un plan social ? Si oui, combien de personnes et quels sont les postes concernés?

Il convient de préciser que depuis le démarrage de la gestion déléguée, il n’y a jamais eu de plan social. Le recours à ce prestataire est dicté par des contraintes opérationnelles et pour mieux répondre aux exigences des clients en matière de qualité de service.

Dans un contrat de gestion déléguée, a-t-on le droit d’avoir recours à un sous- traitant pour le relevé des compteurs ?

Le contrat de la gestion déléguée n’interdit pas le recours à la sous-traitance. Le recours à un prestataire externe pour le relevé des compteurs est une opération semblable aux autres prestations de services sous traitées (terrassements, divers travaux de branchements, entretien……).

N’oublions pas que le recours à des prestataires externes dans le cadre de la sous-traitance génère des coûts très conséquents à la société qui rentrent dans ses charges d’exploitation. Elle le supporte quand même dans le but d’améliorer la qualité de service rendue à ses clients.

Vous aviez 63 personnes pour le relevé des compteurs sur la vielle de Tanger. Pensez-vous que ce soit suffisant ? Y a-t-il une norme internationale en la matière ?

Initialement, les 63 agents dédiés à la relève des compteurs étaient suffisants, mais avec l’évolution urbanistique importante que connait la Wilaya de Tanger suite au projet «Tanger métropole» et la création de nouvelles zones d’urbanisation, conjuguée aux nouvelles exigences des autorités en matière de respect des 30 jours de relevé et la distribution des avis de passage, il était impératif de faire un renforcement des équipes de relève des compteurs.

S’agissant des normes, il convient de préciser qu’il y a plusieurs paramètres à prendre en considération: nature des logements (immeubles, maison individuelle, villa….), emplacement des compteurs (intérieurs, extérieurs, local technique,…), Contraintes géographiques (zones rurales, ….) et dispersion des compteurs.

Rappelons cependant que nous relevons près de 600 000 compteurs chaque mois, toujours dans le souci de respecter le cycle des 30 jours.

Combien de personnes seront en charge du contrôle des compteurs au sein de la société privée avec laquelle vous avez signé un contrat ?

Il y a en moyenne 25 personnes de la société prestataire en charge de la relève des compteurs à côté des 63 releveurs d’Amendis.

Où en êtes-vous dans le traitement des factures ayant fait l’objet de litiges et ayant conduit à ce vaste mouvement citoyen de protestation ?

Les réclamations ont concerné en grande partie les factures des consommations d’eau et d’électricité des compteurs multi-foyers. Cet impact a été ressenti durant la période estivale suite à la mise en application de la nouvelle tarification sélective(Arrêtés du Ministre délégué auprès du Chef du gouvernement chargé des affaires générales et de la gouvernance n°2451-14 et n°2682-14 du 21 juillet 2014 relatives à la mise en application d’une nouvelle tarification sélective applicable aux clients domestiques) qui a fait glisser plusieurs clients des tranches sociales vers les tranches supérieures, dépassant ainsi leurs moyennes de facturation habituelles.

A cet effet, l’Autorité Délégante a décidé d’un certain nombre de mesures dont essentiellement :

* La mise en application de la tarification multi-foyers par le recalcul de la facturation des clients concernés avec effet rétroactif à partir du mois de juillet 2015. La révision des factures n’est en aucune façon liée à des erreurs de facturation, mais résulte d’un ajustement tarifaire décidé a posteriori par les autorités délégantes en application de la directive interministérielle sur les compteurs collectifs.A fin décembre 2015,Amendis a recalculé plus de 160.000 factures soit en moyenne 33.000 compteurs collectifs et les factures ont accusé une baisse moyenne de 30%.

* La mise en place de devis forfaitaires avec facilités de paiement pour les travaux de raccordement des compteurs individuels supplémentaires.

Ne pensez –vous qu’avoir recours à la sous-traitance est risqué pour Amendis alors que le climat social est encore tendu ?

Comme précisé ci-haut, Amendis n’a jamais envisagé un plan social. Au contraire, depuis le démarrage de la gestion déléguée, nous avons procédé aux recrutements de manière régulière, en fonction des besoins en ressources humaines, pour faire face au développement de notre activité et pour remplacer les départs en retraite de nos collaborateurs. Le recours au prestataire externe s’explique par le souci de l’amélioration de la qualité de service qui implique une optimisation des ressources par un redéploiement partiel de quelques agents dans le cadre de la mobilité interne.

Où en êtes-vous dans le processus de révision du contrat de gestion déléguée ?

L’article 56 du contrat de Gestion Déléguée des services d’assainissement liquide et de distribution d’eau et d’électricité de la Wilaya de Tanger précise que la révision quinquennale devrait intervenir tous les 5 ans.

Dans les faits, les travaux de la première révision du contrat de Tanger, ont été menés en concertation avec l’Autorité Délégante et finalisés en juin 2015.

Ces travaux devraient se traduire par la signature d’un avenant au contrat de la Gestion Déléguée, permettant notamment d’adapter la conduite du service public aux attentes de la population. Ce contrat révisé, prévu d’entrer en vigueur depuis le 1er Juillet 2015, est toujours en attente de sa validation finale par l’ensemble des communes du périmètre de la Gestion Déléguée de la Wilaya de Tanger.

Soumayya Douieb

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