En réponse à la décision américaine – prise il y a une année exactement – de quitter l’accord de Vienne sur le nucléaire iranien, la République islamique d’Iran a annoncé, ce mercredi, qu’elle s’affranchit, désormais, de deux des engagements qu’elle avait pris dans le cadre dudit accord et que d’autres «désengagements» pourraient suivre s’il en est besoin.
Revenant, ainsi, sur certaines des restrictions dûment acceptées à la signature dudit acte et «limitant drastiquement» son programme nucléaire, Téhéran aurait donc décidé de cesser, désormais et dans une première étape, de limiter ses réserves d’eau lourde et d’uranium enrichi. En prenant cette mesure, assimilée à une «opération chirurgicale» aux dires du Président Hassan Rohani et conforme aux stipulations de l’accord précité permettant aux parties «de suspendre partiellement ou intégralement certains de leurs engagements en cas de manquement imputé à l’autre partie», l’Iran entendrait «sauver (l’accord) et non pas le détruire» comme veut le faire Washington.
Par la même occasion, Téhéran a donné un moratoire de deux mois aux pays européens signataires – à savoir, la France, le Royaume-Uni et l’Allemagne – pour trouver une solution qui permettrait de sortir les secteurs bancaires et pétroliers iraniens de l’isolement consécutif aux sanctions économiques qui lui ont été unilatéralement imposées par Washington après que le président Trump ait décidé de dénoncer un accord dûment signé, à Vienne en Juillet 2015, par l’Iran, les cinq membres permanents du Conseil de Sécurité de l’ONU et l’Allemagne.
La réponse américaine ne s’est pas fait attendre. Aussi, pour « renforcer la pression » sur la République Islamique iranienne, le président Trump a-t-il immédiatement décidé d’imposer de nouvelles sanctions « contre les secteurs iranien du fer, de l’acier, de l’aluminium et du cuivre » lesquels seraient, après le pétrole, ses «principales sources de revenus d’exportation». «Autoriser l’acier et d’autres métaux iraniens dans vos ports ne sera plus toléré » a-t-il lancé à l’adresse des autres pays.
Il va de soi que la décision américaine a été diversement appréciée par les autres pays encore parties à l’Accord de Vienne. Ainsi, si Londres l’a jugée «inopportune», Berlin, en revanche, a appelé l’Iran à veiller à l’exécution des dispositions de la convention de Vienne «dans sa totalité». Autre son de cloche du côté de Paris qui, dans le souci «d’éviter toute action qui empêcherait la mise en œuvre de leurs obligations par les parties aujourd’hui engagées dans l’accord ou qui alimenterait une escalade» aurait envisagé que l’Union Européenne prenne de nouvelles sanctions contre Téhéran pour son manquement à ses obligations.
Et si, en plaidant pour le maintien de l’accord, Pékin a appelé «toutes les parties en présence à faire preuve de retenue, à renforcer le dialogue et à éviter une escalade des tensions», le ministre russe des Affaires étrangères, Serguei Lavrov, considérant que cet accord est une «construction équilibrée» qui a été «très fragilisée» par le retrait américain, entend «convaincre tous les participants de la nécessité de remplir leurs obligations» alors que son homologue iranien Mohammad Javad Zarif reproche, pour sa part, aux européens de «n’avoir rempli aucune de leurs obligations» après le retrait américain en Mai 2018.
L’accord conclu au forceps à Vienne en Juillet 2015 avec Téhéran par les cinq membres permanents du Conseil de Sécurité de l’ONU et l’Allemagne au titre de la limitation du programme nucléaire de la République islamique va-t-il finir par voler en éclat à cause de l’entêtement légendaire de l’actuel locataire de la Maison Blanche ? Espérons qu’il n’en sera rien et qu’au contraire, cet accord sera maintenu grâce à la «détermination» de ses autres signataires. Quoiqu’il en soit, attendons pour voir…
Nabil El Bousaadi