Une nouvelle ère s’ouvre en Syrie

Attendons pour voir…

Nabil El Bousaadi

Après avoir chassé le 8 décembre, Bachar al-Assad, qui avait dirigé la Syrie, d’une main de fer, durant 24 années, et mis, ainsi, un terme à cinq décennies du règne, sans partage, du clan al-Assad, Ahmed al-Chareh, le leader du groupe islamiste radical Hay’at Tahrir al-Sham (HTS), qui avait, pour nom de guerre, Mohammed al-Joulani, a déjà accueilli les diplomates de plusieurs pays.

Ainsi, après avoir reçu des diplomates français, le nouvel homme fort de Syrie s’est entretenu avec des émissaires américains qui ont profité de cette rencontre pour lui faire part de la décision de Washington d’annuler la récompense qu’elle avait proposée pour son arrestation.

Dans la foulée, le nouveau maître de la Syrie a annoncé, ce dimanche, qu’il ne permettra « absolument pas que des armes échappent au contrôle de l’État (…) ; qu’elles proviennent des factions révolutionnaires ou des factions présentes dans la zone des Forces démocratiques syriennes (FDS) » qui, en étant dominées par les Kurdes, sont considérées, par Ankara, comme étant une extension de son ennemi-juré, le Parti des Travailleurs du Kurdistan (PKK), soutenu par Washington.  

Après avoir annoncé que l’ensemble des factions armées syriennes seront dissoutes et incorporées dans les rangs de l’armée régulière de Syrie et que toutes les armes seront placées sous le contrôle de l’Etat, Ahmed Al-Chareh, qui reste convaincu dans un pays à majorité sunnite, la nouvelle administration syrienne va être scrutée de très près sur la manière avec laquelle elle va traiter les minorités, a souligné l’importance de la « coexistence » dans une nation multiethnique et multiconfessionnelle.

Aussi, en affirmant que « la Syrie est un pays pour tous ! », le nouveau dirigeant syrien a tenu à préciser que son administration va veiller à la protection des minorités contre les acteurs « extérieurs » qui seraient tentés d’exploiter la situation « pour provoquer une discorde sectaire ». 

Autre évènement important ; le nouvel homme fort de Syrie a accueilli le chef druze libanais Walid Joumblatt dont le pays a souffert, pendant des décennies, de l’ingérence du clan al-Assad auquel sont imputées de nombreux assassinats.

Ainsi, après avoir accusé, au cours de cette rencontre, le clan al-Assad d’avoir tué son père Kamal Joumblatt, en 1977, au plus fort de la guerre civile libanaise (1975/1990), l’hôte des nouvelles autorités syriennes a, chaleureusement, félicité le peuple syrien pour s’être « débarrassé de la tyrannie et de l’oppression » et lancé un appel pour que soient jugés « tous ceux qui ont commis des crimes contre les Libanais ».

La réponse d’Ahmed Chareh ne s’est pas fait attendre puisqu’il a, immédiatement, promis à Walid Joumblatt que la Syrie n’aura plus « d’ingérence négative au Liban » dont elle « respectera » la « souveraineté », « l’intégrité territoriale » et la « stabilité » et appelé, de ses vœux, les Libanais à « effacer de leur mémoire le souvenir de l’ancienne Syrie au Liban ».

Allons-nous assister à l’émergence de relations fraternelles entre la Syrie et le Liban qui a souffert, durant de nombreuses années, de la mainmise syrienne sur sa politique intérieure et à l’ouverture d’une nouvelle page de leur Histoire commune qui soit bénéfique pour les deux peuples-frères ?

Pour l’heure, tous les espoirs semblent permis mais attendons pour voir…

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