Mieux vaut tard que jamais. A deux mois des élections législatives, les députés livrent enfin leur premier rapport d’évaluation des politiques publiques. Il s’agit de leur premier exercice du genre, consacré au développement rural. Le document, présenté lors d’une séance plénière tenue avant la clôture de la session printanière, met en avant les avancées réalisées en matière de développement du monde rural, mais aussi les défis qui restent à relever.
Toutefois, le diagnostic établi se limite à l’accès des foyers ruraux à l’eau potable et à l’électricité, ne fournissant pas de données relatives aux autres domaines, notamment la santé et l’éducation. En fait, la commission thématique chargée de l’élaboration de ce rapport a convenu avec le bureau de la Chambre des représentants d’évaluer uniquement le programme d’approvisionnement groupé en eau potable des populations rurales (PAGER) ainsi que le programme d’électrification rurale global (PERG), laissant le soin aux futurs députés de procéder à une évaluation globale des politiques publiques relatives au développement rural. La commission affirme toutefois que le PAGER et le PERG ont eu un impact positif sur les activités génératrices de revenus des ménages ruraux, leur intégration socio-culturelle ainsi que sur les services de proximité. Toutefois, plusieurs lacunes ont été relevées. Khalid Sbaï, rapporteur de la commission, a cité la non-prise en compte du pouvoir d’achat des ménages ruraux par le système de tarification de l’eau. «Ce qui limite leur consommation d’eau potable», a-t-il dit. Concrètement, ce n’est plus la généralisation de l’accès à l’eau potable qui pose problème, mais plutôt l’accès à des raccordements individuels comme l’affirme la commission. Surtout que «la continuité de l’alimentation en eau potable pour les zones desservies par les barrages n’est pas garantie en raison des défaillances relevées au niveau des systèmes d’approvisionnement». D’autant plus que 3,5 millions de personnes souffrent d’un accès discontinu à l’eau. La commission reproche aussi au PAGER de ne pas prendre en considération la problématique de l’assainissement et les défis liés à la protection de l’environnement.
S’agissant du programme d’électrification rurale global, la commission a insisté sur la nécessité d’adopter une tarification tenant compte des capacités financières des familles défavorisées. Elle note également des disparités régionales et provinciales. Mais globalement, le PERG a permis le raccordement de plus 98% de la population de ces zones au réseau électrique. Il a fallu une enveloppe de 22 milliards de DH pour atteindre ce niveau d’électrification, soit près de 1 milliard de DH mobilisé chaque année.
Hajar Benzha