Le premier des «3 B» de l’édifice institutionnel mis en place par le pouvoir algérien pour préparer l’élection présidentielle du 4 Juillet prochain mais dont la rue réclame l’éviction avec insistance depuis le «départ» de Bouteflika il y a deux semaines, a démissionné ce mardi ; il s’agit de Tayeb Belaiz, le président du Conseil Constitutionnel.
Restent donc les deux autres «B» ; à savoir Abdelkader Bensalah, le président par intérim et Noureddine Bedoui, le premier ministre. Autant dire que les algériens ne veulent plus que ceux qui ont «travaillé», de près ou de loin et de quelque manière que ce soit, avec le régime de Bouteflika, reviennent aux commandes de l’Etat.
Cette démission, qui n’est pas sans effet, fragilise l’instance déjà chancelante appelée à assurer la continuité de l’Etat. Elle ne peut que contribuer, en outre, à accélérer la chute du gouvernement nommé par l’ancien président deux jours avant son «départ» et à l’attention duquel les manifestants clament «Libérez l’Algérie !», «Le peuple veut qu’ils partent tous !».
Mais alors que les jours précédents, les forces de l’ordre dispersaient violemment les contestataires, ce mardi c’est par milliers que les manifestants – en majorité des étudiants – ont arpenté les rues des villes algériennes en scandant des slogans hostiles au pouvoir sans, toutefois, être inquiétés. Est-ce à dire que le bateau sensé accompagner les algériens jusqu’aux prochaines élections présidentielles risque de couler avant terme ? Il y a bien lieu de le penser en voyant l’homme fort de l’armée changer subitement son fusil d’épaule.
En effet, une semaine après avoir mis en garde les manifestants en les accusant d’être «manipulés» et de porter des revendications «irraisonnables», voilà que, dans une nouvelle allocution, le Général Gaïd Salah, chef de l’Etat Major des Forces Armées, se rétracte et tire ses marrons du feu en se démarquant de l’agressivité affichée la veille par la police dans les rues d’Alger.
Dans son intervention, le patron des forces armées a promis que celles-ci assureront «la protection des citoyens» et veilleront à ce «qu’aucune goutte de sang algérien ne soit versée». Il a saisi cette occasion, également, pour «régler ses comptes» publiquement avec l’ancien patron des services de renseignements, le général Mohamed Médiene, plus connu sous le nom de Général Toufik, en l’accusant, sans toutefois le nommer expressément, «de conspirer» avec l’entourage de l’ancien chef de l’Etat à l’effet d’entraver «les solutions de l’armée et les propositions de sortie de crise».
A noter, aussi, que sur le terrain institutionnel un nouveau front s’est ouvert ce mardi lorsque plus d’une quarantaine de maires – et le chiffre est appelé à «grandir» – ont fait part de leur refus d’encadrer le vote.
Le bateau algérien qui a levé l’ancre, au jour de la démission de Bouteflika, afin de mener les algériens jusqu’aux élections du 4 juillet prochain serait-il en train de prendre de l’eau de toutes parts ? Attendons pour voir…
Nabil El Bousaadi