Le Smart Blender, l’engrais qui répond à la problématique de la sécheresse et du changement climatique

 Entretien avec Ayoub Maraoui, responsable de développement de la société Fertika

Propos recueillis par NES à Meknès, Karim Ben Amar

Fertika est une société de production et commercialisation des engrais. Elle est présente dans le marché national depuis une trentaine d’années. Assurant une proximité avec les agriculteurs dans divers régions du royaume, à travers ses différents sites, Fertika est un distributeur agréé de l’OCP. Fertika intervient dans les régions qui ont un potentiel de production, notamment dans les cultures ayant une grande importance économique comme les céréales, les légumineuses, l’olivier et aussi les arbres fruitiers. Avec des formules standards d’engrais qui sont régionales et provinciales, Fertika propose aussi des formules sur mesure assurées par la technique du Smart Blender, communément appelé l’engrais de précision. Pour en savoir plus sur cet engrais qui s’inscrit dans la préservation de l’environnement, l’équipe d’Al Bayane s’est entretenue avec l’ingénieur agronome, responsable de développement au sein de la société Fertika Ayoub Maraoui en marge de la 16ème édition du SIAM. Le spécialiste dans la protection des plantes et de l’environnement nous dit tout.    

Al Bayane : Pouvez-vous nous parler de vos actions de recherches et développement, notamment en adaptation au changement climatique ?

Ayoub Maraoui : En tant que responsable de recherche et développement au sein de la société Fertika, distributeur agréé du groupe OCP, je peux vous dire que dans le contexte du changement climatique que connaît notre pays à l’instar du reste du monde, nous présentons aux agriculteurs une technique nouvelle qui est le Smart Blender. Cette technique a pour vocation de fabriquer des engrais sur mesure en commençant tout d’abord par des analyses du sol. Ces analyses nous donnent par la suite des formules spécialisées, des formules sur mesure pour les parcelles de l’agriculteur.

En parallèle, nous travaillons sur un programme de développement avec les agriculteurs. Cela englobe des formations ainsi que des FFS « field farming school »(écoles au champ). Le rôle de ces dispositifs est de donner aux agriculteurs une formation nécessaire pour la conduite technique durant toute la campagne agricole, et donc nous assurons un suivi technique.

Nous essayons aussi d’installer des plateformes de démonstration, des essais, afin de donner aux agriculteurs de toutes les régions, l’opportunité de voir les résultats de cette technique qui est le Smart Blender sur terrain. Nous travaillons aussi sur la technique du semi-direct qui fait partie de l’agriculture de conservation. C’est une nouvelle technique qui consiste au travail minimum du sol. En d’autres termes, grâce à cette technique, on ne laboure plus pour semer, et c’est une solution viable pour s’adapter au changement climatique. 

Quid de la logique du Smart Blender ?  

La logique du Smart Blender est très simple. On se base sur les analyses du sol, et la culture que l’agriculteur veut cultiver. Connaissant les besoins en nutriments pour chaque type de culture et l’état du sol, le Smart Blender programme l’amendement nécessaire, le moins coûteux et le plus précis  pour la culture en question, avec la dose optimale. Cela nous permet de minimiser la dose et l’apport des engrais. Cela a un impact économique et environnemental.  L’impact économique est la minimisation des coûts pour l’agriculteur. Quant à l’impact environnemental, il permet de minimiser le lessivage des engrais sur la nappe phréatique. On donne à la plante ce qu’elle va absorber uniquement. On évite donc grâce à cette technique, tout ce qui pollue la nappe phréatique. Le Smart Blender s’imbrique dans les bonnes pratiques agricoles qui préservent l’environnement.  Cela permet aussi l’optimisation du rendement, protège l’environnement. Et c’est une adaptation au nouveau contexte du changement climatique. La logique du Smart Blender s’inscrit dans l’agriculture durable et résiliente, soit dans les trois axes de durabilité qui sont économique, environnemental et social.  

Comment votre formation en ingénierie agronomique a pu vous permettre de vous insérer professionnellement  dans le marché marocain ?

Ma formation au sein de l’école nationale d’agriculture de Meknès (ENAM) et l’obtention de mon diplôme d’ingénieur agronome m’ont permis de m’insérer facilement dans la marché du travail. L’élève ingénieur de l’ENAM reçoit tous les outils lui permettant de travailler sur le terrain. Nous effectuons au cours de notre formation, des cours théoriques mais également des stages pratiques. Chaque année, l’élève ingénieur de l’ENAM effectue au minimum un stage. Ces stages pratiques sont une occasion d’avoir un contact  réel avec le terrain et les agriculteurs, mais aussi avec les grandes structures, les grandes sociétés. C’est une combinaison entre tout ce qui est théorique et pratique. Les activités parascolaires sont aussi très présentes dans notre établissement ainsi que les journées d’échanges entre les étudiants et les professionnels, notamment dans la cadre du Forum de l’ENAM qui tiendra cette année sa 16éme édition. Ce Forum est une réelle occasion d’échanger avec les professionnels. Il est sous tutelle du ministère de l’Agriculture et présidé par le ministre. Ce Forum permet de combiner entre les élèves ingénieurs, les chercheurs, les agriculteurs, et les professionnels du secteur. Ce Forum est un Hub qui prépare l’étudiant à la vie réelle. La majorité des étudiants trouvent d’ailleurs leur premier emploi au sein de ce Forum.

Top