Ali Yata, cet illustre panthéon de choc !

Il y a un quart de siècle, disparaissait le regretté de la Nation, Ali Yata. Une perte qui endeuille, non seulement les siens, en particulier ceux qui l’ont côtoyé de la première trempe, mais aussi les diverses composantes de la société, y compris l’elite politique. Vingt-cinq ans déjà sont passés, depuis la disparition du leader Ali Yata. Ce zénith incontesté de la vie politique et intellectuelle marocaine eut rendu l’âme dans les lauriers des gloires et les girofles des honneurs. Considéré sans nul doute, comme l’artisan marquant du Maroc d’aujourd’hui, il aura tiré sa révérence, avant même qu’il n’ait savouré les tout premiers fruits de son action magnanime.

Le leader communiste, si altruiste et pugnace, s’éclipsa, en fait, quelques temps avant l’avènement de l’alternance consensuelle sur laquelle il fondait son beau rêve unioniste au service des causes suprêmes de la Nation et du Peuple. Un triste choc accidentel, jusqu’ici énigmatique, l’avait malheureusement privé de ces moments dignes et mémorables de l’itinéraire éprouvant de l’Histoire, alors qu’il venait de rédiger une dernière missive à ses compagnons du mouvement national pour leur solliciter vivement le parachèvement du projet unitaire. Lui qui s’est ardemment attelé pour que le pays ait amorcé cette héroïque manœuvre, après des années de frictions, de griefs et de ressentiments.

Dans ses multitudes écrits, feu Ali Yata s’est appliqué précautionneusement à mettre le propos qui et le message qui conviennent, en soupoudrant par moments, des effets de satire noire dans l’humour. En effet, Ali Yata avait constamment cette rhétorique qu’il imprimait si audacieusement en vue de mettre du piment à ses discours, dans d’éventuelles circonstances qui n’admettaient pas toujours cette rigueur cartésienne du traitement et de l’analyse.

On se souviendra un jour, au fameux cinéma Salam d’Agadir, les leaders de la koutla, composée à l’époque des quatre formations politiques, à savoir M’hamed Boucetta du PI, Abderrahmane El Youssoufi de l’USFP, Ali Yata du PPS et Mohamed Ait Idder de la défunte OADP, célébraient dans la capitale du Souss le manifeste de l’indépendance. Ce jour-là, cette rencontre se déroulait sous une pluie battante qui, subitement, se mit à tomber, après de longues périodes de sécheresse. Ali Yata, qui prenait la parole, après celles de ses compères Mohamed Boucetta et Abderrahmane El Youssoufi, empruntait encore une des formules humoristiques pour détendre l’atmosphère et crucifier les choix chaotiques des responsables de l’Exécutif, en s’adressant à leurs auteurs, en ces termes : « Les pluies bienfaitrices qui tombent aujourd’hui, sans doute, le gouvernement aura-t-il le culot de les mentionner, sans scrupule, dans le palmarès de ses réalisations ; bien que ce soit un don du ciel ». Là encore, une rafale d’acclamations éclata dans la salle de cet édifice patrimonial. Cette assistance, fort accrochée par cette communication saisissante, avait droit par la suite, à un discours de haute teneur analytique de la situation économiqueet sociale du pays. Qu’il repose en paix !

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