Sionisme, antisionisme et antisémitisme
Mokhtar Homman
L’actualité nous a montré quotidiennement les souffrances et assassinats barbares, qui ont atteint un degré jamais vu de sauvagerie, de cruauté et de cynisme, commis par l’armée sioniste contre nos frères palestiniens à Gaza et dans tous les territoires occupés.
L’actualité c’est aussi les attaques sionistes contre le Liban (contre le soutien du Hezbollah au peuple palestinien et contre les populations civiles), contre le Yémen (contre le soutien des Houthis au peuple palestinien et contre les populations civiles), contre la Syrie, contre l’Iran.
Le bilan humain et économique à Gaza est épouvantable depuis le 7 Octobre 2023. À Janvier 2025 il y a à Gaza, selon les décomptes officiels par l’UNICEF (1), 47 161 Palestiniens tués, dont plus de 14 500 enfants, 11 200 autres disparus ou sous les décombres, soit une moyenne de 100 tués par jour, dont une très grande majorité de civils, un Oradour-sur-Glane ou un Guernica par semaine.
Il y a aussi selon l’UNICEF 111 166 blessés dont plus de 24 940 enfants. Dans un article publié le 9 Janvier 2025 par la prestigieuse revue britannique The Lancet (2), ce nombre était réévalué à 64 200 morts directs, dont 60% de femmes, enfants et vieux, entre le 7 Octobre 2023 et le 30 Juin 2024, par une méthode scientifique de recomptage/croisement (3). The Lancet estimait à 186 000 (4) le nombre de morts à Gaza à Juin dernier, soit 7-9% de la population, plus de 400 par jour en moyenne, en ajoutant aux morts directs ceux indirects par faute d’alimentation et de soins, sans doute beaucoup plus de nos jours, presque 10% de la population. Imaginez cette proportion dans nos pays. Au Maroc l’équivalent serait plus de 3 millions et demi de morts, en France plus de 6 millions. À cela s’ajoutent des dizaines de milliers de mutilés, d’handicapés physiques et psychologiques à vie, dont de très nombreux enfants. 1,9 millions de personnes ont été déplacées à plusieurs reprises. En Cisjordanie plus de 700 civils ont été assassinés et près de 7 000 blessés depuis le 7 Octobre (5), au Liban plus de 4 000 civils tués, dont 240 enfants, et plus de 16 000 blessés, dont 1 400 enfants en quelques semaines, en plus des destructions, et environ 1,2 millions de déplacés par la menace de bombardements israéliens. Les Libanais, eux, pouvaient au moins trouver refuge au nord, contrairement aux Gazaouis emprisonnés sous les bombes. Au Liban Israël a même attaqué les forces onusiennes de la FINUL.
L’aide humanitaire était au plus bas niveau, contrariée et parfois détruite par l’armée et des fanatiques israéliens postés dans les rares passages ouverts, alors que le financement de l’UNRWA est en danger.
Ajoutons que la bande de Gaza est rasée à plus de 70% en termes d’infrastructures de tout type : hôpitaux, écoles à 80%, les 12 universités, lieux de culte, habitations, centrales d’énergie, réseau de distribution d’électricité, d’eau. C’est l’application de la « doctrine Dahiya » (6) datant de 2008 qui consiste à détruire totalement des quartiers civils sous prétexte d’éliminer des militants « terroristes ».
L’ONU considère que la destruction du patrimoine culturel est aussi un crime de guerre. Voici une liste non exhaustive des destructions perpétrées par l’armée israélienne à Gaza (7) :
- Les sites archéologiques : Tell es-Sakan, que les archéologues datent de l’âge du Bronze ancien (entre 3200 et 2300 av. J.-C.). Des rapports préliminaires indiquent que Tell el-Ajjul, site emblématique de l’histoire de Gaza durant l’âge du Bronze moyen et tardif (2300-500 av. J.-C.), a également été ciblé, tandis que les sites de Tell el-Mintar et les sanctuaires de Sheikh ‘Ali el-Mintar et Sheikh Radwan ont subi d’importants dégâts. Le site d’el-Blakhiyah, qui représente le port ancien de Gaza, l’Anthédon, construit pendant la période gréco-romaine et actif jusqu’au XIIe siècle, a également été ciblé.
- Toutes les mosquées historiques de Gaza ont subi des destructions partielles ou totales. La grande mosquée Omari, la plus ancienne et la plus grande de Gaza a été détruite. Les mosquées Katib el-Wilaya (datant d’environ 1334 complétée pendant la période ottomane en 1586), Sayed al-Hashim, l’une des plus belles mosquées historiques, et Qashqar ont également été détruites, tout comme la mosquée Zafardamri (1360). Au total plus de 1 000 mosquées sur 1 200 ont été détruites ou endommagées. Les cimetières ont aussi été détruits, excavés ou ciblés.
- Les monuments historiques chrétiens ont aussi été la cible de bombardements. Le 19 Octobre 2023, la très ancienne église Saint-Porphyre, datant du IVe siècle et une des plus anciennes du monde, a été intentionnellement bombardée, tuant une vingtaine de civils. Le monastère Saint-Hilarion, sur le site archéologique de Tell Umm el-‘Amr, a été lui aussi bombardé.
- Au moins douze musées locaux et de nombreuses collections d’antiquités, auxquels il faut ajouter les monuments emblématiques, ont été systématiquement détruits lors de bombardements aériens et terrestres.
Israël a aussi coupé la fourniture d’eau, d’électricité, fait obstacle aux convois humanitaires. Ainsi le nombre de convois entrant dans la bande de Gaza s’est réduit en décembre 2024 (8) à 70 camions par jour, contre 500 par jour en moyenne avant le 7 Octobre 2023. Cette aide était inégalement répartie, la zone nord étant particulièrement lésée, selon les opérations militaires et les zones sous occupation directe. Ce qui justifie les accusations de famine organisée comme arme de guerre.
La Cour Internationale de Justice (CIJ) a statué le 26 Janvier 2024 sur le risque avéré de génocide, suite aux données et aux déclarations des dirigeants sionistes affichant leur volonté de procéder au nettoyage ethnique et même à l’élimination physique de tous les habitants à Gaza. La CIJ a exigé d’Israël, dans un délai d’un mois, la protection des populations civiles et le châtiment des responsables appelant au génocide. Mais Israël a poursuivi ses crimes de guerre sous la protection des États-Unis, en refusant d’obtempérer aux résolutions de cette instance de l’ONU, au contraire en les aggravant, sûr de son impunité.
La CIJ a aussi statué le 19 Juillet 2024 sur l’illégalité de l’occupation israélienne sur l’ensemble des territoires occupés, y compris Jérusalem-Est.
La Cour Pénale Internationale (CPI) a émis le 22 Novembre dernier des mandats d’arrêts contre les principaux dirigeants sionistes (c’est une première à l’égard des dirigeants occidentaux !).
Le 5 décembre 2024 Amnesty International publie un rapport détaillé de 300 pages titré Nous avons l’impression d’être des sous-humains (9), qualifiant la guerre en cours à Gaza de « génocide ». C’est la confirmation d’une évidence, tellement les dirigeants israéliens ont clairement affiché leur volonté de destruction totale de toute la population palestinienne à Gaza, comme les faits le prouvent.
Le même jour, l’historien israélien Lee Mordechai publie une base de données actualisée sur les crimes de guerre israéliens à Gaza (10).
Le 19 décembre 2024 Human Rights Watch publie un rapport détaillé de 179 pages titré Extermination and Acts of Genocide: Israel Deliberately Depriving Palestinians in Gaza of Water (11) décrivant comment « les autorités israéliennes ont intentionnellement privé les Palestiniens de Gaza de l’accès à l’eau potable et à l’assainissement nécessaires à la survie humaine de base ».
Toutes ces données officielles ne rendent cependant pas compte de la manière inhumaine, méchante avec laquelle la soldatesque sioniste se comportait, ni comment certains Israéliens se réjouissaient des souffrances palestiniennes et du massacre des innocents.
Les faits sont incontestables. Au risque de génocide soulevé par la CIJ, la poursuite des actions sionistes n’a plus laissé le moindre doute, Israël commet un génocide, comme le confirment Amnesty International et Human Rights Watch.
Mokhtar Homman, le 9 Février 2025
Notes
- Israël – Territoires palestiniens : l’espoir après l’annonce d’un cessez-le-feu – UNICEF
- Jamaluddine, Zeina et al.: “Traumatic injury mortality in the Gaza Strip from Oct 7, 2023, to June 30, 2024: a capture–recapture analysis”, The Lancet, 9 janvier 2025.
- Pendant les premiers mois, les médias occidentaux ont systématiquement mis en doute les chiffres de morts car « contrôlés par Hamas ». En réalité le comptage s’avère plus sévère que les données des services de santé de Gaza.
- The Lancet, 20 juillet 2024.
- Guerre Israël / Hamas : nombre de morts et blessés 2023-2024 | Statista pour des données palestiniennes au 3 Décembre 2024.
- Jacques Baud : Opération Déluge d’Al Aqsa, p. 85.
- Destruction du patrimoine culturel à Gaza – CAREP Paris pour le détail exhaustif au 12/11/24. Nous synthétisons ici le rapport du CAREP.
- Bureau de la coordination des affaires humanitaires des Nations unies (OCHA) : “Humanitarian Situation Update #251 | Gaza Strip”, 31 décembre 2024.
- Israël et territoire palestinien occupé : « On a l’impression d’être des sous-humains » : Le génocide des palestiniens et palestiniennes commis par Israël à Gaza – Synthèse – Amnesty International
- Lee Mordechai: Bearing witness to the Israel Gaza War.
- Extermination and Acts of Genocide: Israel Deliberately Depriving Palestinians in Gaza of Water | HRW.
Bibliographie
Baud, Jacques : Opération Déluge d’Al Aqsa. La défaite du vainqueur. Éditions Max Milo, Paris, 2024.
Mordechai, Lee: Bearing witness to the Israel Gaza War. Version 6.5.5, 5 Décembre 2024.
Demain ; III – L’Occident, le sionisme, la Palestine et le monde de demain