L’artiste plasticienne Amina Rezki expose jusqu’au 4 novembre prochain ses nouvelles toiles à l’Espace rivages de la fondation Hassan II pour les Marocains résidant à l’étranger. Le vernissage a eu lieu mardi 11 octobre en présence d’un parterre d’artistes et de férus des arts plastiques.
Les travaux de l’artiste ne manquent pas de profondeur philosophique et de finesse artistique. Habitée par des questions humaines, la peinture d’Amine interroge la condition humaine : ses maux, ses angoisses, ses frustrations, ses doléances et ses cris. C’est une peinture qui interpelle, qui parle et qui pense.
Dans ses tableaux, on voit des visages, des corps métamorphosés, des dessins qui bouleversent les tripes de l’inconscient du visiteur. La couleur noire, rouge et les autres couleurs vives rappellent un univers sombre, angoisseux, mais avec un style sobre, fluide où les mouvements des couleurs constituent un tourbillon de réflexions et de sensations infinies.
Chaque couleur est une incarnation d’un vécu et d’un émoi couchés sur la toile. Une peinture inachevée dont le commencement est un sentiment à priori qui se développe en travaillant.
«Cette prolifération de manières a un dénominateur commun : non la recherche de l’émotion, mais sa capture.
Qu’il montre une figure humaine, un paysage ou des formes et des couleurs qui ne représentent qu’elles-mêmes, un tableau d’Amina Rezki est l’exécution véloce d’une émotion, la traduction frénétique d’une poussée intérieure.
Même quand un motif non humain est un sujet autonome, une touffe d’herbe, une boule de laine, un arbre, une porte, il est porteur d’une sensation grise, empreint d’un accent de désolation, contaminé par ces êtres fatigués qui ont déserté la surface plastique en quête d’autres abris où dérober leur désespoir», écrivait Youssef Wahboun, écrivain et professeur d’esthétique comparée et d’histoire de l’art à propos de la peinture d’Amina Rezki.
En méditant les tableaux d’Amina, de nouveaux horizons d’interprétation s’ouvrent. A vrai dire, son travail est une invitation à une aventure marquée de questionnement permanent sur l’avenir et le devenir de l’être humain.
«C’est la peinture elle-même qui décide que peindre. Si l’art de Rezki est à mettre en rapport avec celui de Francis Bacon, l’un de ses peintres de prédilection, c’est surtout en raison de cette oscillation entre la volonté et le hasard, entre le conscient et l’accidentel.
Pendant même l’acte de peindre, un geste à la fois volontaire et désintéressé oblitère les données immédiates de la peinture pour l’orienter vers un nouveau destin», poursuit Youssef Wahboun.
Mohamed Nait Youssef