Assemblée Nationale du Venezuela: un fauteuil pour deux…

Fort de son statut de président par intérim du Venezuela, reconnu depuis près d’une année par une cinquantaine de pays dont les Etats-Unis et désireux d’obtenir une deuxième chance de poursuivre son bras-de-fer avec Nicolas Maduro dès lors qu’il n’est toujours pas parvenu à atteindre l’objectif qu’il s’était fixé au début de l’année dernière – à savoir de «mettre fin à l’usurpation du pouvoir» – Juan Guaido, 36 ans,  s’est, de nouveau, présenté, ce dimanche devant les députés de l’Assemblée nationale vénézuélienne afin de solliciter un nouveau vote en sa faveur. Mais en ayant été empêché, durant toute la journée, par les forces du régime, d’accéder au Parlement, le jeune opposant au régime de Caracas a dû se résoudre à organiser ce scrutin au siège du journal «El Nacional», dans le centre de la capitale.

Au terme de cette consultation, 100 des 167 députés que compte l’Assemblée nationale, ont, de nouveau apporté leur soutien à Juan Guaido qui, dans le discours prononcé à l’occasion, a juré «devant Dieu et le peuple du Venezuela de faire respecter» la Constitution en tant que «président du Parlement et président par intérim».

Ce vote est intervenu après qu’en milieu de journée et en l’absence de Juan Guaido, empêché d’entrer au Parlement, Luis Parra, un député rival, a pris un mégaphone depuis le perchoir et s’est déclaré nouveau «président du Parlement»; ce qui a immédiatement fait dire à Nicolas Maduro : «L’Assemblée nationale a pris une décision et elle dispose d’une nouvelle équipe dirigeante». Dénonçant immédiatement le fait que Luis Parra a agi «sans vote, ni quorum», l’opposition majoritaire au sein de ce Parlement unicaméral a condamné un « coup d’Etat parlementaire » car même si le député en question dispose du soutien clair et sans équivoque du président Maduro, il ne faut pas oublier que ce dernier est lui-même considéré par Juan Guaido et par l’opposition vénézuélienne comme étant un «usurpateur» depuis les élections présidentielles contestées de 2018.

Aussi, en étant vu comme étant un «coup d’état parlementaire» et une tentative désespérée de remplacer le président par intérim tant par le Groupe de Lima – instance régionale formée à l’effet de trouver une solution à la crise au Venezuela –  que par l’opposition au président Maduro, le coup de force perpétré contre Juan Guaido et le recours à la force pour «interdire» à ce dernier d’accéder au Parlement ne font que compliquer encore plus la situation politique déjà confuse au Venezuela.

Mais si, à l’étranger, Washington dénonce la tentative «désespérée» de remplacer Juan Guaido et que le Brésil accuse Maduro «de bloquer par la force le vote légitime et la réélection de Juan Guaido», force est de reconnaître, toutefois, que le président Nicolas Maduro continue, tout de même, de jouir de l’appui de la Russie, de Cuba et de la Chine mais aussi et surtout de l’armée qui reste la clé de voute du système politique vénézuélien tant et si bien que les manifestations anti-Maduro attirent de moins en moins de vénézuéliens.

Jusqu’à quand va durer ce bras-de-fer ? Attendons pour voir…

Nabil El Bousaadi

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