Le processus électoral, qui s’achèvera le 07 octobre 2016 par la mise en place d’une nouvelle Chambre des représentants, intervient après une conjoncture particulière et démarre dans une autre très spéciale. En effet, il intervient après un mois sacré du Ramadan qui demande des dépenses élevées en matière de consommation et autres frais liés au rituel de la fête qui le clôture.
Quelques jours après cette fête religieuse, les familles se sont retrouvées en vacances qui exigent des budgets spéciaux qui varient selon le rang social du ménage. De retour, depuis quelques jours, les bêlements des moutons avec des cornes aiguisées les accueillent sur toute la ligne. La religion, le poids social de la chose et ses traditions poussent certains ménages à aller même jusqu’à céder leurs biens pour s’en sortir.
Et certains autres sont déplumés par certaines sociétés de financement qui inventent malignement des formules de crédit à «cornes aiguisées» pour permettre au pauvre fonctionnaire d’acquérir le fameux mouton et étaler ses mensualités sur toute l’année, jusqu’au prochain «sacrifice». Et le voilà dans la spirale des sacrifices.
Juste une semaine après tous ces sacrifices, les chérubins devront retrouver le chemin de l’école et retourner dès les tous premiers jours avec de longues listes de fournitures scolaires qu’il va falloir acquérir dans les plus bref délais en vue de leur assurer un bon démarrage des cours. Et personne n’ignore la lourdeur de la facture et ses fracas. Voilà le contexte dans lequel intervient cette année les élections législatives.
Ainsi, les citoyennes et les citoyens, notamment ceux issus des couches défavorisées, qui aspirent à des lendemains meilleurs, sont étouffés par la lourdeur des charges occasionnées par les événements successifs de l’été et de la rentrée.
De ce fait, ceux et celles, ne disposant pas d’une forte immunité contre les manœuvres des barons des élections, constitueront des proies faciles et tomberaient facilement dans leurs griffes. Dans ce sillage, l’ignorance des uns et la pauvreté des autres seront fortement exploitées par ces barons des élections en vue de les induire en erreur et arracher leurs voix le jour du scrutin.
C’est dire que les autorités compétentes devront être à cheval pour combattre vigoureusement toute pratique de nature à dénaturer ce processus électoral.
De même encore, les partis politiques sont appelés à assumer leur part de responsabilité, en n’accordant pas leurs accréditations à des phénomènes électoraux qui n’apporteront d’ailleurs aucune valeur ajoutée à l’institution législative au moment où uniquement leur présence lui nuira beaucoup. Dans cet état de choses, les citoyennes et les citoyens assument également leur part de responsabilité.
En effet, s’ils veulent faire entendre leurs voix, il n’y a que la voie des urnes le jour du scrutin. «Si vous ne faites pas la politique, il y aura toujours d’autres qui le feront à votre place, à votre insu et parfois contre vos intérêts», avait souligné le secrétaire général du Parti du Progrès et du Socialisme (PPS), Mohamed Nabil Benabdallah, lors d’une rencontre avec les jeunes.
Car, en s’abstenant, les jeunes et les moins jeunes cèdent ainsi la place à d’autres qui pourraient l’occuper et l’exploiter comme bon leur semble. De même, lorsque la majorité déserte les urnes, une certaine minorité dicte le verdict et l’on se retrouve avec la théorie sociologique et de science politique de «spirale de silence», développée par la sociologue allemande Elisabeth Noëlle-Neumann en 1974. Effectivement, toute abstention verse dans ce sens. Par exemple, dans plusieurs circonscriptions électorales de Casablanca, seuls 60.000 électeurs votent alors que le nombre des inscrits sur les listes électorales générales est de 140.000. Ainsi, 80.000 électeurs ne font pas le déplacement aux urnes.
Alors qu’ils pourraient faire la différence, une grande différence, au cas où ils s’expriment par voie de leurs voix dans les urnes le jour du scrutin. Il en ressort que la participation massive des citoyennes et des citoyens au prochain rendez-vous électoral barrera la route aux phénomènes électoraux et aux marchands de voix. Et avec un cadre sain, assuré par les autorités compétentes, la démocratie sera le seul et le grand vainqueur.
B. Amenzou