Dysfonctionnement érectile
Ouardirhi Abdelaziz
Passées sous silence par un sentiment de honte (hchouma), les dysfonctions sexuelles chez l’homme restent chez nous, un sujet tabou, et les hommes qui en souffrent ne l’évoquent que très peu. C’est un sujet que l’on se garde de dévoiler, d’aborder même aves les plus proches, pour des questions d’amour propre, d’humiliation. Zoom sur un phénomène longtemps resté tabou.
Soulever aujourd’hui le problème en rapport avec la dysfonction érectile ou trouble de l’érection chez l’homme dans notre société, n’est pas chose aisée. Car la sexualité des individus relève de l’intime, du privé, ce qui explique en grande partie le peu d’études réalisées dans notre pays sur le thème de la dysfonction érectile.
Pour notre part, ce qui nous a motivés à écrire cet article, c’est l’affaire d’un mariage non consommé, malgré une cohabitation de sept ans. Dans cette affaire portée devant la justice, traitée par le tribunal de première instance de Tanger, l’épouse a eu gain de cause en justice pour préjudice moral.
La Cour de cassation a récemment confirmé un verdict inhabituel, condamnant l’homme à verser 50.000 dirhams de dommages et intérêts à son ex-épouse. Cette décision découle d’un préjudice moral et matériel.
Un grand tabou
Pour nous, ce verdict inédit met en lumière un réel problème de santé dont souffrent en silence de nombreux hommes dans notre société (1.4 million selon une enquête réalisée par la société Marocaine d’andrologie et sexologie), des hommes pour qui il est très difficile dans notre contexte socio-culturel de s’ouvrir, de s’exprimer en toute liberté et confiance sur ce mal qui les ronge. On est en face d’une dénégation, d’un refus, d’une réfutation, l’impuissance sexuelle, est considérée comme une honte, une malédiction, un sortilège, un envoutement.
Face à tous ces à priori, à ces idées préconçues ou prospèrent l’animosité et le sectarisme, les dysfonctions sexuelles chez l’homme restent un grand tabou.
Anxiété et pessimisme
En effet, la panne sexuelle reste un profond tabou parmi ceux qui en souffrent aussi bien dans leur relation de couple, qu’avec les professionnels de santé.
En cas de pannes sexuelles, l’homme trouvera toujours une fausse excuse pour masquer un problème sexuel, il met tout cela sur le dos de la fatigue physique. C’est l’argument le plus avancé sans doute parce qu’il met moins en cause sa virilité d’homme qu’il revendique sans cesse ( Roujoula ), qu’un problème d’ordre psychologique, organique etc.
Cette appréhension, cette angoisse, et ce malaise que ressent celui qui souffre de troubles de l’érection, va induire de l’anxiété, de la peur, une crainte et de la méfiance dans les rapports avec le médecin traitant, ce qui explique en partie l’échec de la prise en charge de ces patients.
Les hommes souffrant de dysfonction érectile ne se bousculent pas dans les consultations spécialisées. Les sexologues, les urologues, les psychologues sont unanimes pour reconnaitre cette réalité, et confirment que ces patients sont peu nombreux à passer le seuil d’un cabinet médical pour tenter une prise en charge thérapeutique de leur problème. Ce constat montre à quel point ces personnes vivent très mal ces situations marquées par le pessimisme et la neurasthénie.
Qu’est-ce que la dysfonction érectile?
La dysfonction érectile est définie comme étant l’incapacité persistante pour l’homme d’obtenir une érection de qualité et de durée adéquates permettant des rapports sexuels satisfaisants. Cette incapacité est d’importance variable, allant de troubles mineurs à l’absence totale d’érection.
Rare avant l’âge de 30 ou 40 ans, l’insuffisance érectile augmente avec l’âge 50 – 60 ans entre autres.
Quelles sont les causes de la dysfonction érectile ?
Les causes de la dysfonction érectile peuvent être nombreuses. Mais on distingue en général les dysfonctions érectiles organiques et les dysfonctions érectiles psychogènes. Dans de nombreux cas, les deux problèmes sont largement intriqués.
Les causes organiques, les maladies cardiovasculaires au sens large du terme, (l’hypertension artérielle, cholestérol…). C’est le grand facteur de dysfonction érectile.
On trouve aussi dans ces facteurs, le diabète qui va obturer (fermer) les petits vaisseaux artériels, et abimer les petits nerfs qui interviennent dans l’érection.
La deuxième cause des dysfonctions érectiles, c’est la maladie des corps caverneux, qui vont se rigidifier, durcir, se scléroser. C’est une maladie rare.
Certaines interventions chirurgicales, comme l’ablation de la prostate, certaines chirurgies du rectum. Il y a aussi le tabagisme et l’alcool qui sont aussi des causes de la dysfonction érectile.
La troisième cause est liée au cerveau, on sait qu’il y a des causes psychologiques en ce qui concerne la dysfonction érectile.
quand on éprouve une crainte, une angoisse, le manque de confiance en soi, la peur que ça ne va pas se passer comme on le souhaite. Il va y avoir une difficulté pour obtenir une bonne érection.
La dépendance aux écrans a aussi un impact négatif sur une vie de couple harmonieuse. Il est essentiel d’éviter autant que possible les portables, les tablettes dans vos chambres à coucher etc.
Au-delà du tabou, une réelle souffrance
Il s’agit généralement du stress engendré par une angoisse de la performance qui entraîne, fatalement, un blocage. Cette dysfonction peut aussi trouver son origine dans le vécu du patient.
La culture, la religion et la tradition sont aussi des facteurs déterminants dans l’épanouissement sexuel chez le jeune Marocain, qui dans bien des cas n’a aucune notion, aucune expérience.
Dans ce registre, on place toutes les causes psychologiques, mais il y a réellement des maladies neurologiques qui sont responsables des dysfonctions érectiles.
La présence de problèmes existentiels et environnementaux (conjugaux, familiaux, financiers, professionnels), une méconnaissance de la sexualité et des antécédents d’abus sexuel dans l’enfance sont des facteurs prédisposant. Il n’est donc pas étonnant que les maladies psychiatriques s’accompagnent de troubles érectiles, en particulier l’hyper anxiété et la dépression, pathologies fréquentes et souvent associées.
Chez certains sujets, l’anxiété de performance et la crainte de l’échec provoquent des cercles vicieux qui pérennisent la dysfonction érectile avec une attitude d’évitement. La dysfonction érectile peut être la cause ou la conséquence de troubles anxieux ou dépressifs.
Mais qu’elles en soient la cause ou la conséquence, ces perturbations émotionnelles et psychologiques sont des marqueurs de souffrance des patients. Les hommes qui consultent pour dysfonction érectile sont donc en réelle souffrance.
Cette souffrance définit la dysfonction érectile maladie où l’important n’est pas le symptôme en lui-même, mais le rapport que chacun a avec son symptôme et la manière dont il l’exprime.
Adopter un mode de vie sain
Pour éviter les troubles d’érection, la recette est simple, à la portée de tous. Il suffit de vouloir pour pouvoir. Pour une bonne santé, il faut adopter de saines habitudes de vie. Avoir un régime bien équilibré, faible en gras, riche en protéines et fibres afin de prévenir l’obésité, l’hypertension artérielle et le cholestérol, qui sont néfastes pour les vaisseaux sanguins (flux sanguin) qui ont un lien direct sur l’organe masculin et le mécanisme d’érection.
L’arrêt du tabac est essentiel, et une modération au niveau de consommation d’alcool est un facteur majeur lorsque l’on parle de prévention de dysfonction érectile.
La pratique d’une activité physique est très bénéfique, alors que la sédentarité est nuisible à la santé générale de tous. Faire de l’exercice n’est pas seulement bon pour les muscles, le cœur mais aussi pour l’érection.
Des statistiques révèlent que les hommes dans la quarantaine et plus, qui font de l’exercice régulièrement diminuent leur risque d’impuissance de 70% par rapport à ceux qui n’en font pas.
Autant que possible, il faut éviter le stress qui à son tour peut causer l’impuissance ainsi que d’autres maladies physiologiques.
Il faut apprendre à gérer le stress d’une manière constructive pour mieux contrôler les problèmes reliés à celui-ci.
Il ne faut pas occulter le manque de dialogue au sein du couple, c’est un facteur qui peut entraîner des troubles érectiles. Le processus de l’érection demande l’intervention de tous les sens : la vue, l’odorat, le goût, le toucher, l’ouïe et il faut nécessairement que ces derniers soient au diapason, et qu’il existe une bonne entente pour réduire les risques de dysfonctionnement au niveau de l’érection. Dans bien des cas, le silence au sein du couple est destructeur, et un manque de communication est souvent à l’origine de problèmes psychologiques de l’impuissance. Il faut pouvoir parler de sexualité ouvertement avec son partenaire pour éviter les mésententes.
Il est bon de rappeler ici que des solutions existent, les troubles de l’érection ne sont pas une fatalité, le plus important c’est de consulter votre médecin, le plus tôt possible. Aujourd’hui, il existe des solutions adaptées à chaque cas, des traitements innovants, très efficaces et les résultats sont positifs.
Pour finir, il est très important d’éviter l’automédication, ou d’utiliser les produits que vendent des charlatans via internet, ou d’utiliser des décoctions que proposent des herboristes sur les réseaux sociaux. Des effets secondaires néfastes, des drames peuvent survenir.