«Aujourd’hui, les pays africains sont étranglés par les mécanismes de prêt»

De nos jours, le secteur du transport ​des biens et des personnes est primordial dans le développement social et économique de chaque pays. De l’avis d’Ahmed Baroudi, en Afrique il y a une faible disponibilité d’infrastructures : routes, ports et aéroports. Le défi de l’ensemble des pays africains consiste à trouver des solutions de transports, mais d’aussi d’agir par ordre de priorité et en fonction​ des spécificités de chaque pays. Il est temps de s’ouvrir et de mobiliser des fonds pour une bonne dynamique du secteur sans pénaliser la croissance.

AL Bayane : Dans quelle mesure le secteur du transport

Freine-t-il le développement du Continent africain?

Ahmed Baroudi : Le secteur du transport ​est, dans chaque pays, étroitement lié  à son développement social et économique, que ce soit en milieu urbain ou rural, que cela concerne le transport de personnes ou des biens.

Dans le cas de l’Afrique, il y a une faible disponibilité d’infrastructures : routes, ports et aéroports, en densité, comparativement à la densité européenne. Dans ce  Continent, tous les pays sont en croissance. La croissance mondiale aujourd’hui est tirée par les besoins africains. Or, ces infrastructures sont totalement absentes et il est aujourd’hui nécessaire de les développer. Ce déficit en termes d’infrastructures constitue un frein au développement, notamment si elles ne sont pas disponibles au juste moment.

Ce n’est pas une fatalité puisque des solutions palliatives existent et elles seront bientôt disponibles. C’est le cas du transport des Frets. L’an dernier, nous présentions le programme Flying Whales, qui est un programme français des transports de Frets charges lourdes qui permet de transporter entre 60 et 80 tonnes en une seule fois  à 120 km/h avec une autonomie de plusieurs jours qui fait la traversée de toute l’Afrique.

Ce genre d’engin permet de décaler dans le temps la construction d’un port, le temps que la croissance dans les pays africains fasse son effet et génère des richesses. Aujourd’hui, les pays africains sont étranglés par les mécanismes de prêt. Dès qu’ils veulent emprunter, leur taux d’emprunt augmente et du coup, ils sont pénalisés dans leurs capacités à emprunter davantage auprès des organismes mondiaux ou internationaux pour de nouveaux investissements dans les infrastructures, étant donné les coûts excessifs de ces infrastructures.

 Avec ce genre de solutions, les pays africains  peuvent différer leurs investissements et choisir le timing pour  engager cet investissement sans pénaliser leur croissance. Il ne faut pas oublier que beaucoup de pays africains ont un PIB relativement bas.

Quelles sont, à votre avis, les solutions à ce problème ? Comment les adapter selon les spécificités et les besoins de chaque pays?

​Les solutions consistent à agir par ordre de priorité et en fonction​ des spécificités de chaque pays. Tous les pays ne sont pas positionnés sur les mêmes secteurs de développement et n’ont pas les mêmes priorités. Il s’agit de développer mais sans pénaliser la croissance du pays. C’est un vrai dilemme. C’est la croissance du pays qui génère les richesses qui permettront de développer par la suite  les infrastructures. Le débat lors du forum a été lancé sur cette problématique de financement et de responsabilité financière de l’Etat en​ impliquant massivement l’argent du privé avec toutefois tous les mécanismes de sécurité possibles.  Dès que ces mécanismes seront disponibles en Afrique, les Etats auront alors les solutions de financement pour des infrastructures qui vont faciliter la stabilisation de leur croissance.

Comment la  notion de mobilité durable en Afrique peut-elle  aller de pair avec les notions et les contraintes des équilibres environnementaux?

C’est tout le sens du terme «mobilité ​durable». Il faut se diriger vers des solutions qui utilisent les principes vertueux tels que les recyclages, l’économie en eau, en énergie. Il faut faire que les infrastructures de transport ne soient pas polluantes, que les moyens de transport soient propres, d’où la notion de véhicules électriques comme exemple de véhicules propres. Au cours des prochaines années, l’Afrique doit pouvoir généraliser le transport durable assez rapidement à condition que les infrastructures prennent le devant.

Peut-on aboutir à une approche africaine commune et concertée pour une meilleure mobilité durable en Afrique, notamment en termes de financement et de modernisation  des infrastructures? 

Depuis quelques années déjà, nous travaillons au Maroc pour la mise en place d’une plateforme africaine qui a pour vocation de fédérer et d’apporter un niveau de service de qualité dédié aux décideurs africains en termes de conseils, de veille technologique des marchés, de l’encadrement et aussi de l’offre des marchés… Nous proposons également une certaine homogénéité dans les choix. En effet, beaucoup de constructeurs développent des solutions qui leur sont propres sans forcément respecter les standards en vigueur. Il est à noter que le non respect de ces standards et leurs interfaces expose certains pays à des risques de réinvestissement et de compétitivité.

Fairouz El Mouden

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