Blocage politique en Irlande du Nord

Attendons pour voir…

Nabil EL BOUSAADI

Si l’Irlande du Nord est sans gouvernement depuis, qu’en Février dernier, le Parti Unioniste Démocratique (DUP) l’avait quitté pour protester contre certaines dispositions post-Brexit, il y a lieu de signaler que même la victoire, aux élections parlementaires régionales de Mai dernier, du Sinn Fein, ce parti nationaliste qui est aussi l’ancienne branche politique de l’Armée Républicaine Irlandaise (IRA), n’a pas permis à la province britannique de sortir de ce blocage politique si bien qu’à l’expiration, ce jeudi à minuit,  du délai légal, de 24 semaines, requis pour la formation d’un nouveau gouvernement, Londres s’est trouvée contrainte de recourir à l’organisation de nouvelles élections.

Opposé aux dispositions post-Brexit concernant l’Irlande du Nord bien qu’étant un très fidèle allié de Londres, le DUP refuse de participer à l’assemblée locale en dépit des pressions exercées à son encontre par la capitale du Royaume-Uni qui, en se trouvant dans une situation inédite – trois Premiers ministres en quelques mois – aimerait tant retirer « ce caillou de sa chaussure ».  

Or, même si Chris Heaton-Harris, le ministre chargé de l’Irlande du Nord au sein du gouvernement britannique, n’a toujours pas annoncé, de manière officielle, que celles-ci auront lieu au plus tard dans douze semaines, l’organisation de cette élection signifie ipso-facto que les ministres intérimaires vont perdre leur pouvoir du moment que Londres va devoir diriger la province par le biais du « Direct Rule » et que ceci va mettre à nu les profondes divergences sur le protocole nord-irlandais post-Brexit,  les médias nord-irlandais ont tenu à préciser que le 15 Décembre serait la date la plus probable pour la tenue de ce scrutin.

Pour rappel, pour préserver la libre circulation des biens entre la province britannique d’Irlande du Nord et la République d’Irlande conformément aux dispositions de l’accord du Vendredi Saint de 1998 qui a permis de mettre un terme à trois décennies de violence, le protocole nord-irlandais post-Brexit stipule expressément que la province continue d’appartenir, de fait, au marché unique européen et à l’union douanière.

Mais si, tout en défendant l’idée que les contrôles commerciaux entre la Grande Bretagne et l’Irlande du Nord sont indispensables à la protection de son marché unique à la suite du Brexit, Bruxelles s’est déclarée prête à l’assouplissement de certaines dispositions de ce protocole, les unionistes, majoritairement protestants, sont d’un autre avis et réclament son abrogation pure et simple car en ayant créé une frontière douanière de fait entre l’Irlande du Nord et le reste du pays, il constitue, à leurs yeux, une atteinte inacceptable à l’intégrité du Royaume-Uni et perturbe grandement les approvisionnements de la province. 

Enfin, si Michelle O’Neill, la dirigeante du Sinn Fein, a reproché aux unionistes d’avoir paralysé le pouvoir en niant « les résultats de l’élection de mai », Jeffrey Donaldson, le leader du Parti Unioniste Démocrate s’est justifié, sur les ondes de la BBC, en déclarant que son parti ne peut pas « en toute conscience, nommer des ministres dans un exécutif auquel il est demandé d’imposer un protocole qui nuit à l’économie » du Royaume-Uni et à sa population.

Au vu de tout cela, il semblerait donc que le nouveau gouvernement de Rishi Sunak soit sur le point de faire face à de profondes turbulences politiques en Irlande du Nord mais attendons pour voir…

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