Daniel Afriat : Un artiste Souiri au service des arts et de l’authenticité marocaine

La ville d’’Essaouira est une ville de festivals et de manifestations culturelles et artistiques en tous genre. Des forums qui participent au rayonnement de cette cité et à la pérennisation du patrimoine artistique d’une façon générale, en soulignant tout particulièrement l’apport des différentes communautés et ethnies qui ont marqué l’histoire de l’ancien Mogador.

Récemment, c’était le rendez-vous avec une nouvelle édition des « Andalousies atlantiques » L’occasion de retrouver des aires de musique andalouse jalonnées d’influences Chgouries et Gharnaties telles qu’elles sont héritées des anciennes générations juives et musulmanes.

En effet, jamais cette coexistence vécue en Andalousie entre communautés chrétiennes, musulmanes et juives n’a été oubliée ou altérée. Le mérite du festival des musiques andalouses d’Essaouira est justement de s’inscrire dans cette dynamique en réunissant des artistes qui agissent pour que le patrimoine musical marocain soit préservé.

Parmi ces artistes, il y avait lors de l’édition précédente, Daniel Afriat, artiste natif d’Essaouira et qui travaille à Casablanca. Chanteur et percussionniste, ce

virtuose artiste trouve dans cette rencontre, une occasion de ressusciter ces aires de musique andalouses et d’autres genres musicaux qui l’ont bercés depuis son enfance. Ecoutons-le : «Pour moi, dit-il, c’est toujours un plaisir immense de participer à ce festival, surtout qu’il resserre les liens d’amitié et coexistence entre les différentes communautés qui vivaient dans cette ville mythique».

Daniel Afriat se souvient encore de son enfance et garde toujours à l’esprit ces aires de musique qui alternaient musique andalouse, chaâbi, chgouri, etc… Aujourd’hui, il se déploie aux côtés d’autres artistes et d’autres bonnes volontés pour redonner vie à ces musiques et les promouvoir. Il le répète à haute voix chaque fois qu’il en a l’occasion  » Notre patrimoine est très riche, affirme-il, et il est temps de se pencher la dessus pour le transmettre aux nouvelles générations. Il serait regrettable de perdre des expériences musicales qui ont survécu aux temps difficiles et qui ont réussi à défier le temps. Car ce que nous faisons, c’est un moyen de nous retrouver et faire revivre notre patrimoine, soit lorsque nous nous produisons au Maroc soit lorsque nous nous rendons à l’étranger pour rencontrer des associations ou des instances qui agissent dans le même sens ».

Daniel Afriat appelle également que le fait de participer à des spectacles de cette dimension surtout en présence des communautés juives originaires du Maroc, « cela leur permet, dit-il de mieux approcher le chant Chgouri authentiquement marocain , de rappeler à l’esprit les styles andalous , Gharnati et Chaâbi marocain et trouver le moyen de le propager à travers tous les pays et tous les continents: en Amérique et notamment aux USA et au Canada mais aussi en Europe et notamment en France, en Espagne et en Italie, C’est là où les non marocains découvrent la grande richesse de notre patrimoine musical et artistique».

Pour Daniel Afriat, ces spectacles représentent aussi une belle occasion de réconcilier les gens, et il va encore plus loin lorsqu’il souligne que « la musique est pour moi, le meilleur moyen de faire de la politique, c’est un pont qui permet aux gens de se rencontrer et de se réconcilier, c’est un facteur extraordinaire de rapprochement entre les peuples et entre les religions. C’est la musique qui peut à mes yeux conduire vers la paix et la coexistence pacifique dans ce monde en ébullition».

C’est d’ailleurs l’un des objectifs pour lequel milite la nouvelle association «Diapason» dont le but est de ressusciter le patrimoine musical marocain dans ses différentes versions andalouses, Gharnati, Chgouri, Chaabi etc…

Pour Daniel Afriat «c’est un objectif noble que de travailler aux côtés de personnes comme Coco Tordjman, Khadija Sabik, Omar Chraïbi et Houda Guelzim, pour un objectif commun auquel nous sommes tous attachés avec enthousiasme et ferveur, pour mettre en valeur les musiques traditionnelles marocaines et pour trouver l’opportunité de les transmettre aux nouvelles générations. Nous œuvrons tous pour atteindre cet objectif qui sert la cause du patrimoine musical marocain.

Pour revenir aux festivals d’Essaouira, Daniel Afriat ne manque pas de faire remarquer que cette manifestation permet de réaliser amalgame dynamique entre les différents genres musicaux en vogue au Maroc. C’est l’occasion de faire revivre les œuvres de Salim Lahlali, Sami Al Maghribi, Botbol et tant d’autres. Car le patrimoine est en fait un trésor qu’il importe de protéger et de fortifier à chaque occasion au service des générations montantes. C’est parce qu’il est très prisé et demandé avec insistance, que cela nous donne du courage et nous stimule au plus haut degré ».

Ainsi la ville d’Essaouira poursuit sa marche réussie en tant que destination touristique foncièrement culturelle et artistique grâce à « Andaloussiates », au festival « des Alizées » et surtout au festival des « G’nawas musiques du monde », manifestations qui sont devenues des actes rituels tout au long des dernières décennies, en prenant l’allure d’un rendez-vous qui stimule le tourisme national, qu’il s’agisse de visiteurs nationaux ou étrangers.

Abdeslam Khatib

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