Décès de Martin McGuiness, le terroriste de l’IRA devenu homme d’Etat…

«C’est avec un profond regret et une immense tristesse que nous venons d’apprendre la mort de notre ami et camarade Martin McGuinness, mort à Derry au cours de la nuit. Il manquera cruellement à tous ceux qui le connaissaient…

C’était un républicain passionné qui a travaillé sans relâche pour la paix et la réconciliation et pour la réunification de son pays. Mais il aimait par dessus tout sa famille et les gens de Derry (sa ville natale) dont il était immensément fier”. C’est en ces termes que le Sinn Fein a annoncé, sur son site internet et par la voix de son leader historique Gerry Adams, le décès, des suites d’une longue maladie, de  Martin McGuiness l’ancien commandant de l’Armée Républicaine Irlandaise (IRA) devenu, par la suite, vice-premier ministre d’Irlande du Nord mais que son état de santé avait contraint en Juillet dernier à présenter sa démission.

Ainsi le terroriste et ancien ennemi numéro un de la couronne britannique est décédé avant de voir la concrétisation de son rêve et de la cause pour laquelle il avait voué toute sa vie, d’abord par la violence aveugle puis par l’action politique ; à savoir, une Irlande réunifiée.

Numéro deux de l’IRA pendant ce fameux «Bloody Sunday» du 30 Janvier 1972 durant lequel treize républicains furent tués par l’armée britannique, Martin McGuiness est parvenu à surmonter l’un des conflits les plus inextricables de la fin du 20ème siècle, une guerre fratricide qui s’est soldée par la mort de 3500 personnes et qui opposait, depuis la fin des années soixante du siècle dernier et durant trois décennies, les protestants, unionistes, rattachés à la Couronne britannique, aux catholiques, républicains, qui refusaient de se plier aux lois édictées par Londres.

Bien qu’étant passé en 1974 et selon ses dires, de l’Armée Républicaine Irlandaise à sa branche politique le Sinn Fein, Martin McGuiness est resté un fervent adepte de la guérilla en multipliant les «attentats aveugles» et les assassinats de soldats britanniques. Aussi fut-il considéré, à ce titre, comme étant politiquement responsable de l’assassinat, en 1979, de Lord Mountbatten, l’oncle du Prince Philippe.

En 1980, Martin McGuiness lança une campagne internationale pour les droits des prisonniers de l’IRA marquée notamment par des grèves de la faim au cours desquelles dix détenus périront dont le célèbre Bobby Sands.

Tout le monde s’accorde à voir une éminente personnalité en cette ancienne figure de l’Armée Républicaine Irlandaise qui fut, à un moment de l’Histoire, «l’ennemi numéro un de la Couronne britannique» et qui avait développé, par la suite, avec Gerry Adams ce qui fut appelé «la stratégie de la carabine et du bulletin de vote» c’est-à-dire la poursuite des attentats – dont celui de l’Hôtel de Brighton qui, en 1984,  avait visé Margaret Thatcher mais qui n’avait pas réussi – tout en opérant un relâchement quant à  la politique de «boycottage des élections».

Ainsi, dès l’annonce de son décès, l’ancien Premier ministre Britannique Tony Blair évoquera sa mémoire en précisant que «les qualités de force et de détermination qui en avaient fait un si redoutable ennemi pendant la lutte armée étaient aussi celles qui ont fait de lui, plus tard, un si formidable artisan de la paix» ; une mutation dont il était fier et qu’il ne considérait point comme étant une trahison mais plutôt comme étant la consécration de ses convictions républicaines.

Et si la Première ministre  de Grande Bretagne, Theresa May, reconnait qu’il a «apporté une contribution essentielle et historique au cheminement vers la paix en Irlande du Nord», le Président  Irlandais Michael Higgins a salué, quant à lui, son «immense contribution à la paix et à la réconciliation en Irlande du Nord». Et celui-ci d’ajouter que «le monde politique et les habitants de cette île regretteront les capacités de leadership dont il avait su faire preuve au cours de la période difficile du processus de paix et l’engagement pour la démocratie qu’il a démontré à travers le développement des institutions en Irlande du Nord».

Nabil El Bousaadi

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