Driss Jabar, ou quand un jeune entrepreneur défie la hantise du « départ à zéro »

Par Idriss Tekki (MAP)

 Agé d’à peine 31 ans, Driss Jabar livre déjà par son histoire tumultueuse une curieuse leçon de vie. A cheval entre le Maroc et la France, où il est installé depuis des années, ce jeune entrepreneur marocain incarne le modèle éloquent de ses pairs pour qui commencer à zéro n’est qu’un défi parmi tant d’autres.

De par son parcours éducatif et professionnel, il se présente comme le type-modèle d’une jeunesse avide et déterminée, le feu au ventre, à franchir les barrières et à relever les défis quels qu’ils soient pour aller jusqu’au bout…du rêve. Enfant, il perd son père à l’âge de cinq ans. Commence alors le chemin des ordalies. Pour un gamin dans pareille situation, avoir un parcours scolaire réussi relevait de l’inconcevable. Pourtant, il a su se frayer une carrière sur un chemin parsemé de tant de difficultés, tant d’embûches.

Son idole dans ce combat acharné à la recherche d’une planche de salut ne fut autre que… sa mère. Jadis femme au foyer, elle se trouva, après le décès du maitre des céans, contrainte de travailler pour subvenir aux besoins d’une ribambelle de six enfants.

« Quand j’ai perdu mon père, j’ai commencé à accompagner ma mère au souk où elle vendait des légumes. Enfant de cinq ans, en bas âge, j’étais dispensé de scolarité », confie-t-il à la MAP.

Un jour, sa mère l’encourage à dresser son propre étal tout près d’elle et le premier dirham gagné fut le premier « déclic qui a déclenché mon intérêt pour le monde de l’entrepreneuriat », dira-t-il, le regard scintillant d’une indicible émotion.

Les jours se succèdent et les années avec, « à l’âge de 16 ans, j’ai été indépendant financièrement », explique le jeune entrepreneur, lauréat de l’école Mohammedia des ingénieurs en 2013.

Le diplôme d’ingénieur en poche, un concours de circonstances lui permet de se rendre en France où il se spécialise dans le management de projets pour travailler auprès de grandes entreprises.

Mais c’est dans l’hexagone qu’il commence à réfléchir sérieusement à se lancer dans le vaste monde de l’entrepreneuriat, une envie devenue au fil des années une passion.

Un article de l’OCDE sur l’impact des transports sur l’environnement, l’un des secteurs les plus polluants, suscite particulièrement son intérêt pour concevoir une solution pouvant contribuer à la baisse des émissions CO2 dans l’atmosphère.

« C’est à partir de cet article que verra le jour mon projet « CloudFret », plateforme dédiée à mettre en relation les transporteurs et les expéditeurs afin d’optimiser le retour à vide des camions », explique-t-il.

Le projet a remporté à Paris le prix de la 12ème édition du concours « Tremplin Maroc », un programme d’aide à la création d’entreprise lancé par l’Association Maroc Entrepreneurs ainsi que le pitch concours du Forum Horizons Maroc (FHM), principal salon de recrutement des jeunes étudiants et professionnels marocains et étrangers intéressés par le Maroc.

Si le projet connaît un fort engouement auprès des transporteurs marocains, son lancement n’a pas été sans difficultés, poursuit M. Jabar, évoquant en premier lieu l’accès au financement et au portefeuille-clients pour se positionner sur le marché national.

Animé par la même passion de départ, il s’acharne à développer « une plateforme au Maroc pour le Maroc ». Pour ce faire, il s’est entouré de compétences marocaines hautement qualifiées pour monter son projet.

Selon lui, le Maroc est un marché très prometteur pour les start-ups souhaitant investir dans les domaines digital et de l’intelligence artificielle, contrairement à un pays comme la France où le marché est au bord de la saturation.

« Il faut juste avoir l’dée, la passion et la volonté d’aller jusqu’au bout », soutient encore le jeune entrepreneur, énumérant les nombreuses incitations qui, au Maroc, offrent aux jeunes la possibilité de développer leurs projets. « Je garderai toujours en tête l’idée de faire quelque chose pour mon pays, là où j’ai grandi, là où j’ai fait mes études. Peut-être rendrai-je un tant soit peu à un pays qui m’a tant donné. Peut-être est-ce là ma manière à moi de rendre hommage à mon père, ce chauffeur-routier qui, très tôt, m’a appris la passion de passer entre les deux rives! », dira-t-il.

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