Faire face aux problèmes du vieillissement

A l’évidence on peut en douter au regard de la dure réalité qui est souvent vécue par nombre de personnes âgées en situation de détresse,  livrées a eux-mêmes et subsistant dans des conditions très difficiles, dormant a même le sol qu’il vente, pleuve ou qu’il fasse chaud. C’est la situation et le vécu quotidien de nombreuses personnes âgées que l’on peut croiser au coin de la rue , prés de la mosquée, allongées sur un banc, au niveau des services des urgences, ils sont partout ceux qu’on appelle les petits  vieux, il suffit de bien regarder autour de soi pour se rendre compte de l’ampleur du problème La jeunesse est une étape éphémère, elle passe plus vite qu’on ne le pense, et un jour sans nous en apercevoir  on constate l’amère réalité, le miroir nous renvoie une image que l’on a de la peine a accepter  et pourtant il faut se rendre à l’évidence. Il y a ceux qui acceptent facilement leur nouveau statut de personne agée, mais nombreux sont celles et ceux qui peinent a s’y faire. Pourtant Etre vieux n’est ni une tare, ni un handicap, c’est le cheminement normal de tout être humain. Dans les sociétés dites développées, modernes, les personnes âgées (65 ans et plus) sont très souvent  placées dans des maisons de retraite ou des institutions pour personnes du 3eme âge ou un personnel qualifié s’occupe de ces personnes.
Qu’en est-il au Maroc? Combien  comptons-nous de personnes âgées? Qu’avons-nous prévu pour ces personnes âgées?  
Par sa résolution 45/106 du 14 décembre 1990, l’Assemblée générale a proclamé le 1er octobre Journée internationale des personnes âgées. La résolution 46/91, a adopté une série de Principes des Nations Unies pour les personnes âgées pour «mieux vivre les années gagnées», regroupant les aspects relatifs aux droits de l’Homme. Ces Principes constituent une série de principes directeurs dans les domaines de l’indépendance, de la participation, des soins, de l’épanouissement personnel et de la dignité. Le mois d’Octobre 2013 marquera le 23e anniversaire de la Journée internationale des personnes âgées. La proclamation de la journée faisait suite au Plan d’action international de Vienne sur le vieillissement, adopté en 1982 par l’Assemblée mondiale sur le vieillissement et que l’Assemblée générale avait elle-même approuvé la même année. Le Plan d’action international de Madrid sur le vieillissement, adopté en 2002 par la Deuxième Assemblée mondiale sur le vieillissement, préconise des changements dans les comportements, les politiques et les pratiques à tous les niveaux et dans tous les secteurs afin de tirer parti de l’énorme potentiel qu’offre le vieillissement au XXIe siècle. Respect et considération L’objectif du Plan d’action international est de faire en sorte que tous puissent vieillir dans la sécurité et la dignité et participer à la vie de leurs sociétés en tant que citoyens disposant de tous les droits. Tout en reconnaissant qu’une vieillesse saine et enrichissante se prépare tôt dans la vie, le Plan se veut un outil pratique pour aider les décideurs à traiter en priorité les aspects clefs du vieillissement des individus et de la population. Compte tenu du fait que le vieillissement et les problèmes qu’il pose ont des aspects communs à tous les pays, les recommandations formulées sont conçues pour pouvoir être adaptées à la grande diversité des conditions propres à chaque pays.

En finir avec la discrimination

Le Plan tient compte des nombreux différents stades de développement et des périodes de transition que traversent diverses régions, ainsi que de l’interdépendance de tous les pays dans le cadre de la mondialisation. La promotion et la protection des droits de l’Homme et des libertés fondamentales, y compris du droit au développement, sont essentielles à la création d’une société pour tous les âges à laquelle les personnes âgées participent pleinement, sans discrimination et sur un pied d’égalité. La lutte contre la discrimination fondée sur l’âge et la promotion de la dignité des personnes âgées sont essentielles pour que ces personnes jouissent du respect qu’elles méritent. Il importe de promouvoir et de protéger les droits de l’Homme et les libertés fondamentales pour créer une société pour tous les âges. Pour ce faire, les relations réciproques entre les générations doivent être entretenues, développées et encouragées par un véritable dialogue général. Quelle prise en charge Avec les progrès de la médecine, l’amélioration des conditions de vie, plus d’hygiène de propreté, l’habitat salubre, l’eau, l’électricité, la couverture médicale (AMO)  l’accès aux soins et aux médicaments… Les Marocains vivent plus longtemps (73 ans pour les hommes 78 pour les femmes et même plus). Si on a toutes les bonnes raisons de nous réjouir, il ne faut pas occulter pour autant quelques problèmes inhérents à l’âge, car plus on vieillit plus on tombe malade. Ce qui en toute bonne logique signifie que l’amélioration de l’espérance de vie sera un défi pour les hôpitaux durant les prochaines décennies. Il faut savoir que les personnes âgées de plus de 60 ans qui ne représentaient que 4 % en 1960  .Selon les projections du Centre d’étude et de recherche scientifique (CERED), la proportion des personnes âgées au Maroc connaîtra une croissance accélérée et la courbe sera exponentielle , nous sommes donc en plein dedans.  la part des personnes âgées  représente aujourd’hui  7 à 8% de la population, le problème ne se posera réellement que dans les années à venir lorsque leur nombre augmentera, car le nombre des personnes âgées passera à 11,1 % en 2020 et 20% en l’an 2040. Cela veut dire que le nombre des personnes âgées atteindra près de 6 millions et serait presque similaire à celui des jeunes en 2050. Qu’avons-nous préparé  aujourd’hui  pour ces personnes âgées? Se posera alors le problème de la prise en charge de ces personnes, surtout en milieu hospitalier, qui pour l’heure n’est pas encore suffisamment préparé pour assurer une prise en charge adaptée aux personnes âgées au sein de structures spécialement conçues pour cette catégorie de patients, tout au plus les personnes âgées sont hospitalisées dans des services de médecine , de chirurgie à coté de patients plus jeunes .La prise en charge d’une personne âgée dépendante n’est pas une mince affaire. On est en face d’une personne diminuée physiquement  et psychologiquement. Toute prise en charge de cette personne doit prendre en considération les spécificités et caractéristiques de cette dépendance. Prendre soin de la personne âgée , c’est se soucier de sa douleur , de sa mobilité , de son hygiène , de sa toilette Malheureusement dans la réalité des choses , nous ne disposant pas de structures adaptées et de personnels formés a ce genre de prise en charge susceptible de permettre une meilleur qualité de vie et des soins adaptés dans des centres d’hébergement  ou le vieillissement prend toute sa place et sa valeur dans les processus humains  Adapter l’organisation des soins Aujourd’hui, il faut dire les choses telles qu’elles se présentent. Notre pays n’est pas préparé pour assurer à cette population une prise en charge spécifique, adaptée à leur état de santé qui sera surtout marqué par des maladies chroniques, invalidantes, entraînant à terme une perte d’autonomie, ce qui se traduira par une augmentation de la demande en soins des personnes âgées  L’accroissement du nombre de personnes âgées qui présentent des maladies chroniques, invalidantes, nécessite  de renforcer dès à présent nos politiques de prévention et d’adapter l’organisation des soins aux besoins spécifiques des personnes âgées fragiles dont la grande majorité aura à faire face à des maladies chroniques cardiovasculaires, les maladies pulmonaires, le diabète, l’insuffisance rénale, cancers…Toutes ces pathologies entraîneront la personne âgée vers une perte d’autonomie qui est très mal vécue aussi bien par le malade que par sa famille, ce qui se traduit souvent par une démission totale de la famille. Fort heureusement pour ces personnes âgées, l’hôpital assure non seulement son rôle  de soins mais aussi un rôle social  en hébergeant et nourrissant ces malades. Mais il faut relever que cette prise en charge peut avoir plus d’intérêt, plus de valeur si elle se déroule au sein de structures adaptées spécialisées tels les services de gériatrie. Manque de services de gériatrie Face à cette situation, nous devons dès à présent penser à construire des structures adaptées à cette tranche de la population dont le nombre ne cessera de croître, des citoyens dont l’état de santé nécessitera des prises en charges spécifiques, comme il conviendra aussi de former des professionnels de santé spécialisés dans ce type de prise en charge. Actuellement, nous manquons de services de gériatrie et l’hôpital propose le plus souvent des hospitalisations classiques dans des services non adaptés avec des modes de prises en charge identiques pour tous. Le circuit d’admission en milieu hospitalier commence généralement pour cette population par le service des urgences qui, diagnostic fait, oriente davantage en fonction des lits disponibles que de l’évaluation des besoins du patient. Les soins gériatriques peuvent être très divers, car ils diffèrent selon leurs objectifs: préventif, curatif, réhabilitation (rééducation et réadaptation fonctionnelle), accompagnement, soins de maladies chroniques, ou encore soins palliatifs. Pour finir cet article, rien de mieux que ce qu’avait écrit Jacques-René Tenon (1724-1816), chirurgien, réformateur des hôpitaux en 1788, «les hôpitaux sont en quelque sorte la mesure de la civilisation d’un peuple».

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