Haïti : Guerre des gangs à Port-au-Prince

Attendons pour voir…

La guerre des gangs fait fureur à Port-au-Prince et c’est le moins que l’on puisse dire à la vue de vidéos postées sur les réseaux sociaux montrant des centaines de haïtiens de « Martissant », un quartier pauvre de l’ouest de la ville contrôlé par des bandes armées, contraints de quitter leurs habitations sous le sifflement des balles ou de ne pas pouvoir en sortir pour acheter de quoi se nourrir et nourrir leurs enfants.

La protection civile qui a distribué aux fuyards « de l’eau, de la nourriture et des kits d’hygiène » a annoncé, ce dimanche, que sur les 562 personnes qui ont été obligées de quitter le quartier précité, 69 enfants et 5 femmes enceintes ont pu trouver refuge dans une église d’une commune voisine.

Or, pour Marie Rosy Auguste Ducéna, de l’association « Réseau national de défense des droits humains », « c’est toute la population de Martissant qui ne peut plus rentrer chez elle et qui, par conséquent, s’est trouvée obligée de se réfugier sur les places publiques » pour la simple raison que bien qu’étant situé à quelques encablures du palais présidentiel, ce quartier, déserté par la police, mais densément peuplé et traversé par une route nationale dont la « fermeture » pour cause de bagarres de clans complique l’accès à la moitié sud du pays, est, aujourd’hui, sous l’emprise de bandes armées qui s’en disputent régulièrement le contrôle.

Mais ce n’est point là l’avis du Premier ministre Claude Joseph qui, lors d’un point de presse donné ce dimanche après-midi, a imputé à l’opposition, le déclenchement des violences en déclarant que « cette situation d’insécurité ne s’est pas créée toute seule ».

Marchant dans ses pas, Léon Charles, le directeur général de la police a rappelé que plusieurs commissariats de la capitale avaient été la cible d’attaques par des bandes armées, durant les dernières vingt-quatre heures, et signalé qu’un inspecteur de police aurait même péri sous les coups de feu des assaillants avant de déclarer que « d’où que vienne la menace » ses hommes se tiennent prêts à se défendre, défendre leurs commissariats et défendre la population.

C’est pour cette raison, d’ailleurs, que le ministre de la Justice a annoncé, ce dimanche sur son compte Twitter, avoir donné, au directeur général de la police haïtienne, des instructions visant à mettre hors d’état de nuire ces fameux gangs et à faciliter la libre-circulation des citoyens aussi bien à l’intérieur du fameux quartier de la capitale que dans tout le reste du pays.

Or, bien que les autorités haïtiennes n’aient évoqué aucun bilan concernant les violences ayant affecté le quartier de « Martissant » à Port-au-Prince, l’Organisation des Nations-Unies qui, dans un communiqué publié ce dimanche,  s’est dite profondément préoccupée quand aux conséquences, sur la population civile, des violences inter-gangs, a évoqué « de nombreux morts et blessés » et invité les autorités haïtiennes à permettre « un accès humanitaire sans entraves aux déplacés » et à assurer la sécurité du personnel humanitaire chargé de fournir aide et assistance aux personnes dans le besoin.

Enfin, s’il est encore impossible, à l’heure qu’il est, d’établir un bilan précis de ces violences, l’accès à ce grand quartier de la capitale haïtienne est encore très dangereux et, faute de pouvoir circuler librement sur la route nationale qui le traverse, toute la moitié sud d’Haïti est coupée du reste du pays. Jusqu’à quand ? Attendons pour voir…

Nabil EL BOUSAADI

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