Haro sur les aliments malsains

Journée mondiale de la malbouffe

Ouardirhi Abdelaziz

Maladies cardiovasculaires, surpoids et obésité, diabète, hypertension artérielle, risques de cancer. La malbouffe est aujourd’hui accusée de la plupart de ces maux. De nos jours, les scientifiques affirment sans détours que c’est un fléau des temps modernes. Qu’est-ce que la malbouffe ? Que sait-on à ce sujet? Quels sont ses effets sur le corps humain ? On fait le point avec vous.

C’est quoi la malbouffe?

La malbouffe est une expression familière,  couramment utilisée pour désigner la nourriture jugée mauvaise, sur le plan diététique en raison notamment de sa faible valeur nutritive et de sa forte teneur en graisses, en sel et bien d’autres nutriments. Les hamburgers, les hot-dogs, les frites, les chips, les sodas en sont des archétypes. Il s’agit le plus souvent de produits transformés susceptibles de favoriser l’obésité, le diabète, les maladies cardiovasculaires, certains cancers, des  dépressions…

Junk Food Day

Chaque année, le 21 juillet, est une date retenue pour la Journée mondiale de la malbouffe (« Junk Food Day » en version originale). Sans surprise, cette journée nous vient directement des Etats-Unis, pays connu pour la malbouffe, la surconsommation.

Les faits montrent effectivement  que les Américains surconsomment , une alimentation trop sucrée , en particulier le sirop de maïs hautement concentré en fructose, comme celui qu’on peut trouver dans la plupart des boissons gazeuses, est désormais fortement reconnu comme ayant un lien avec l’obésité et le diabète de type 2. En effet, aux Etats unis, le taux d’obésité y est le plus élevé au monde, touchant plus d’un tiers des adultes et environ 9 millions d’enfants, selon les données gouvernementales des États-Unis.

Frénésie quotidienne

Soulever la question de la malbouffe , chercher à en connaître toutes les faces cachées , c’est à l’évidence reconnaître que nous sommes tous à des degrés différents concernés par ce grand problème de santé de ce Siècle , où tout va très vite , où on a plus  le temps de savourer ce que nous mangeons ou ce que nous buvons . Aujourd’hui, un repas est servi en 4 ou 5 minutes et il est avalé en 5 minutes, et très  souvent dans la station debout.

Pour de nombreux travailleurs, ce mode de consommation n’est pas un choix, mais une obligation, qui a des conséquences néfastes sur la santé, surtout quand on devient accro aux fastfoods et autres snack où on vous sert des sandwichs en un clin d’œil, et dans la composition est douteuse.

Malgré tout ce que l’on peut dire concernant ce mode alimentaire malsain, il n’y a pas une prise de conscience suffisante, susceptible de faire changer les attitudes des consommateurs.

Mais au contraire, les Marocains éprouvent un attrait irrésistible pour la malbouffe.  Il n’y a qu’à voir l’affluence sur les gargotes des différents quartiers , pizzerias, Mac DO , King Burger ,  et autres sandwicheries entre midi et 14 heures pour s’apercevoir de l’ampleur de ce phénomène dont les effets sont extrêmement néfastes tout d’abord sur l’individu et ensuite sur la collectivité.

C’est vrai, que la grande majorité des fonctionnaires ou des travailleurs, n’ont plus le temps d’aller chez eux à midi, pour déjeuner en famille à la maison, ou ils sont sures  et certains de pouvoir consommer, en toute sécurité des repas préparés dans la cuisine, à partir d’ingrédients de base frais bien choisis comme il faut.

Ce n’est pas de gaité de cœur, on aimerait tous manger dans nos maisons, entourés de nos enfants et proches, mais nous vivons dans une société où tout va vite, où  tout se bouscule, une véritable frénésie quotidienne, où le manque de temps est un obstacle de taille, et très souvent la restauration rapide est la solution. Oui mais a quel prix?

Des chiffres à connaître

La malbouffe est responsable d’un décès sur  dix  dans le monde. C’est près de 11 millions de morts chaque année, c’est plus que le tabac. Ce sont les enfants et les adolescents qui sont les plus touchés par la malbouffe, car plus ils sont devant les écrans, les Smartphones, tablettes, plus ils vont grignoter.

Des chercheurs ont estimé qu’une heure de TV correspond a 160 calories.

Il y a là un réel problème de santé, mais malheureusement, il n’y a pas une prise de conscience par rapport à ce grand problème de malbouffe qui entraîne dans son sillage des maladies graves dont l’obésité, le diabète…

Depuis une vingtaine d’années, l’obésité est devenue un problème majeur de santé publique, touchant près de 500 millions d’individus dans le monde.
En 2015, la planète devrait compter 2.3 milliards d’adultes en surpoids, et plus de 700 millions d’obèses selon l’Organisation Mondiale de la Santé.

Elevée au rang d’épidémie, la maladie n’épargne pas le Maroc où le nombre des individus en surpoids et les obèses connaissent une courbe exponentielle

Au Maroc, on estime que l’obésité touche 20% de la population. Selon la dernière enquête épidémiologique de prévalence des facteurs de risque des maladies non transmissibles du ministère de la Santé réalisée en collaboration avec l’OMS, publiée en 2019, cette maladie a été détectée chez 29% des femmes, soit pratiquement trois fois plus que les hommes (11%). L’enquête a également révélé que l’obésité progresse plus rapidement en milieu urbain que dans le rural avec respectivement 22,8 et 14,9%. Toujours selon l’étude, parmi les facteurs en cause figurent la malbouffe, la malnutrition, la sédentarité et le manque d’activité sportive.

Quelles répercussions sur notre santé?

On peut parler de diverses répercussions : maladies cardiovasculaires, AVC, surpoids, obésité. Au Maroc, un enfant sur dix est déjà en surpoids ou obèse. En effet, le phénomène toucherait 10,3% des garçons et 9,9% des filles de 5 à 19 ans.

 La moitié des adultes sont aussi considérés en surpoids, 20,2% des hommes ainsi que 33,4% des femmes âgés de 20 ans et plus sont concernés.

Risques de cancer : plusieurs cancers augmentent avec la consommation d’aliments trop gras et trop sucrés, c’est le cas pour le cancer de la  prostate, du  pancréas, des intestins, de l’utérus, etc. L’organisme s’affaiblit et l’espérance de vie diminue.

Nash, une nouvelle maladie

Dans le cadre du Forum de la bonne santé organisé en 2019  en France, le docteur Lannes, gastro-entérologue, spécialiste des maladies du foie, avait présenté une conférence  claire, très bien documentée, où il a tenu à rappeler qu’il est essentiel de communiquer sur les désordres alimentaires actuels, nocifs, qui finissent par nuire fortement au foie, qui est entouré de graisse ou stéatose.

Une situation qui évolue à bas bruit, pendant plusieurs années. La majorité des personnes concernées par la stéatose vont  découvrir la maladie par hasard, quand il est trop tard pour la soigner.

L’engraissement du foie est une opération lente et silencieuse, qui tient à une mauvaise alimentation et une sédentarité tranquillement répétées jour après jour.

Pétri de gras, le foie remplit de moins en moins bien son rôle sans que l’on s’en doute, et sans occasionner la douleur, et c’est là que va apparaître une nouvelle maladie Nash (2017), pour la première fois dans la presse grand public.

Nash pour Non Alcoholic Steatosis Hepatitis, la stéato-hépatite non alcoolique.

C’est une forme d’hépatite, en l’absence de virus et de tout alcoolisme, liée uniquement à l’alimentation, qui entraîne cirrhose et cancer du foie, avec pour seule issue la greffe puisqu’il n’existe pour l’heure aucun médicament.

Informer – Eduquer – Communiquer

Le problème de la malbouffe est pluriel, il faut donc l’aborder sous plusieurs angles et faire intervenir tous les acteurs afin qu’ils puissent interagir pour démontrer les risques pour la santé de la mauvaise alimentation ou malbouffe.

De ce fait, la famille à un rôle à jouer, l’école est aussi concernée, les associations de défense des consommateurs, le ministère de la santé, les professionnels de santé (médecins-infirmiers) du secteur public et du secteur privé, tous doivent informer et éduquer notre population.

Chacun doit assumer ses responsabilités, doit prendre conscience des conséquences négatives de la malbouffe sur notre santé, à court, moyen et long terme.

Les médias ont un rôle très  important à jouer dans ce sens, ils doivent l’assumer pleinement car ce sont des partenaires incontournables dans la réussite ou l’échec de ce problème qui nous concerne tous.

Je ne puis terminer cet article sans avoir une pensée sincère pour tous les jeunes enfants et adolescents, qui sont les premières victimes de la malbouffe.

Ils sont exposés très jeunes aux gouts des aliments industriels, aux repas servis dans des fastfoods connus pour servir une alimentation trop grasse, trop sucrée, trop salée, avec en guise de prime des verres énormes de soda. Ce qui finit par créer chez les enfants une véritable addiction à cette nourriture.

Les parents sont heureux de voir leurs enfants manger avec appétit, et n’hésitent pas à retourner 2 ou 3 fois par semaine pour leur faire plaisir.

Avec le temps, c’est le surpoids, c’est l’obésité…

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