Le milieu artistique et musical national est en deuil. Le précurseur de la world music arabe et cofondateur du groupe musical «Les Frères Megri», almoussiqar Hassan Mégri, a rendu l’âme dimanche matin après une lutte contre la maladie.
Figure de proue de la musique marocaine, le défunt a consacré toute sa vie à la musique, à l’art et à la calligraphie iconographique. Rénovateur et créatif, Hassan a soufflé un vent nouveau dans la musique de son époque. Plus d’un demi-siècle de créativité et de présence sur scène. L’artiste a reçu la «Gold Medal of Morocco» en 2011 décernée par la prestigieuse American Biography Institute. De son vivant, Hassan Megri était toujours à la quête de nouveaux styles musicaux et d’horizons artistiques électriques, plus ouverts et créatifs.
Dans les années 1970 où le mouvement musical au Maroc connaissait un véritable essor et une effervescence, le regretté a fait le tour des quatre coins du monde pour faire rayonner le «mouvement musical Mégri» sous d’autres cieux et s’inspirer d’autres styles, mélodies et formations musicales.
Hassan Megri était amoureux de la kasbah des Oudayas. Cet espace mythique et historique l’a tant inspiré. «Les artistes esthètes et idéalistes ont de tout temps recherché le sublime, l’insolite et le charismatique pour s’inspirer des vertus et des atouts de certains lieux oniriques et fascinants qui incitent à la créativité spontanée», nous avait-il confié dans une interview accordée à Al Bayane en 2016. «Mon état d’âme et ma nature d’artiste peintre calligraphe et de surcroit, musicien innovateur ont manifestement réagi, avec force, dès les premiers instants de ma visite dans cette mystérieuse Kasbah des Oudayas qui allait devenir mon havre de prédilection et mon port d’attache avec (dans le jargon des historiens et des archéologues) ce qu’on appelle l’extra-muros de l’enceinte de la cité», indiquait-il.
L’aventure d’Hassan commença quand son père lui offrit une guitare en 1954. Quelques années plus tard, sa famille quitta la ville de l’Oriental, Oujda, pour s’installer à Rabat. Ce fut un nouveau départ pour lui ainsi que ses frères Mahmoud, Jalila et Younes avec le groupe Les Mégri ou «les Beatles» de la chanson arabe. Hassan puisa son style dans la chanson universelle en mélangeant la langue arabe aux sonorités modernes.
Artiste hors pair, le défunt et son groupe ont enregistré avec l’orchestre de Charles Aznavour. Ils ont remporté le Disque d’Or et ont joué à l’Olympia. Des succès qui restent gravés à jamais dans les mémoires des amoureux de leur musique.
Mohamed Nait Youssef
