Immobilier: les pistes de relance

Le secteur de l’immobilier n’est pas en crise. C’est du moins ce qui ressort des interventions des participants à une conférence-débat sur la relance de l’immobilier, organisée à Rabat dans le cadre du cycle de conférence «les jeudi de l’Habitat». Le ministre de l’Habitat et de la politique de la ville, Mohamed Nabil Benabdallah, évoque un «tassement» de la dynamique de développement du secteur. Le PDG de CIH Bank, Ahmed Rahhou, abonde dans le même sens : «Il n’y a pas de crise dans le secteur, mais une stagnation du fait de l’inadéquation entre l’offre et la demande», a-t-il souligné. Selon lui, «le stock de logements disponibles est inférieur à la demande potentielle».

Face à cette situation, «le gouvernement s’est penché sur les solutions à même de redynamiser le secteur», a indiqué le ministre. Parmi elles, le développement du logement destiné à la classe moyenne. Toutefois, ce créneau n’a pas suscité l’appétit des promoteurs immobiliers, comme l’a déploré le ministre. En cause, «l’absence d’incitations fiscales», précise-t-il. S’y ajoutent «les difficultés rencontrées pour émettre une circulaire autorisant les promoteurs à construire plus d’étages et ainsi, économiser du foncier».

Outre le logement destiné à la classe moyenne, le département de l’Habitat s’est également penché sur le développement de l’offre locative, destinée particulièrement aux catégories ne disposant pas des moyens pour acquérir un logement même dans le segment social. Mais le développement du marché locatif s’est heurté au modèle social bâti essentiellement sur l’accès à la propriété et à la problématique des unités non occupées. Sans oublier le climat de méfiance qui règne souvent entre bailleurs et locataires. Sur ce registre, le PDG de CIH Bank appelle à la protection des propriétaires des biens destinés à la location. «Cela permettra de liquider le stock disponible actuellement et de fortifier l’épargne», a-t-il affirmé, appelant également à la simplification des procédures administratives et à la facilitation de l’accès à l’assiette foncière pour redynamiser le secteur. Mohamed Lahlou, président fondateur de l’Association marocaine des agences immobilières, vise surtout les logements inoccupés appartenant à des MRE. En tout cas, un argument revient constamment dans la bouche des professionnels du secteur pour promouvoir la formule locative et convaincre les promoteurs à investir dans le logement pour la classe moyenne. Il s’agit de la demande en logement qui est estimée à 1,5 million unités, selon une étude réalisée par le ministère de tutelle. «Le tiers des besoins concerne Casablanca qui fait face à un problème foncier», tient à préciser le ministre.

Nabil Benabdellah a également profité de l’occasion pour rappeler les conclusions de l’étude réalisée pour évaluer l’impact du programme de recasement des ménages bidonvillois. A titre d’exemple, les conditions de vie des bénéficiaires se sont améliorées à hauteur de 27%». 

Hajar Benezha

Les chiffres du secteur

Les ventes de ciment, indicateur clé du secteur, ont chuté de 10% entre 2012 et 2015, passant de 15,87 millions de tonnes à 14,25 millions. Par contre, l’encours des crédits à l’immobilier a bondi de 10% pour atteindre 243,4 milliards de DH l’an dernier. Quant aux crédits accordés dans le cadre de Daman Sakan, les statistiques disponibles révèlent que 55.595 ménages ont bénéficié de la garantie du Fogarim pour un montant de 9,1 milliards de prêts accordés. De son côté, la garantie Fogaloge a profité à 19.434 ménages. Autre indicateur positif, l’accroissement de 14% des IDE dans le secteur au cours des cinq dernières années pour atteindre 34,3 milliards de DH à fin septembre 2015.

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