Infections sexuellement transmissibles

Une solution, des comportements responsables

Syphilis, blennorragie, verrues génitales, chlamydiae, Sida… ces maladies infectieuses se transmettent par les rapports sexuels et certaines Infections sexuellement transmissibles (IST) sont en augmentation tandis que d’autres, qui avaient disparu, ont resurgi. Selon l’OMS, chaque jour, plus d’un million de personnes contractent des infections sexuellement transmissibles. Quels sont les traitements et les moyens de prévention?

Les IST sont des infections dont les agents responsables sont exclusivement ou préférentiellement transmis par voie sexuelle. Cela regroupe une vingtaine d’agents infectieux très différents dont  des microbes, des virus, des bactéries ou des champignons. Leurs atteintes sont très diverses :

– Elles peuvent mettre en jeu le pronostic vital, comme l’infection au VIH ou la syphilis à la phase tertiaire.

– Elles peuvent induire une maladie chronique telle que la cirrhose due aux hépatites B et C.

– Elles peuvent aussi avoir de graves conséquences sur la fertilité, l’agent Chlamydia trachomatis donnant un tableau inflammatoire chronique pelvien avec douleurs répétées et infertilité tubaire.

– Certaines favorisent la transmission du VIH, comme la syphilis ou l’infection à gonocoque et participent à la propagation de l’épidémie.

Malgré des traitements efficaces contre les maladies sexuelles, malgré une utilisation du préservatif qui se banalise fortement, les Infections Sexuellement Transmissibles (IST) sont en pleine recrudescence au Maroc où l’on compte chaque année 600.000 nouveaux cas.

Chaque jour, plus d’un million de personnes contractent une infection sexuellement transmissible (IST). On estime que, chaque année, 357 millions de personnes contractent l’une des quatre IST suivantes : chlamydiose, gonorrhée, syphilis ou trichomonase.

Plus de 500 millions de personnes sont atteintes du virus responsable de l’herpès génital (HSV2).

Plus de 290 millions de femmes souffrent d’une infection à papillomavirus humain (VPH).

Dans la majorité des cas, les infections sexuellement transmissibles sont asymptomatiques ou s’accompagnent de symptômes bénins qui ne sont pas reconnus comme ceux d’une IST.

Les infections comme l’herpès génital (HSV de type 2) et la syphilis augmentent le risque de contracter le VIH. Plus de 900 000 femmes enceintes ont été infectées par la syphilis en 2012, ce qui a provoqué des complications dans 350 000 cas pouvant aller jusqu’à des mortinaissances. Dans certains cas, les IST peuvent avoir de graves conséquences sur la santé reproductive allant au-delà des conséquences immédiates telles que la stérilité ou la transmission des infections de la mère à l’enfant, la résistance aux médicaments, en particulier ceux contre la gonorrhée.

Qu’en est-il au Maroc?

Malgré tous les progrès réalisés par le département de la santé,  les IST demeurent un problème de santé publique au Maroc. Si on se réfère aux résultats présentés lors de la 17e édition du Congrès international de lutte contre les maladies sexuellement transmissibles qui a eu lieu à Marrakech au mois de mai 2016, nous constatons que les chiffres présentés pour l’année 2015 ont montré que  440.000 Marocains étaient atteints par les MST (dont) 70% de femmes.

Dans le détail, 27 % des cas dépistés souffrent d’une inflammation du col de l’utérus, 16 % d’infection des voies urinaires, 28% d’inflammations au niveau des organes génitaux et 5% des cas de papillomavirus (HPV) qui se transmettent habituellement par contact direct de peau à peau. A l’évidence, ces chiffres sont a revoir à la hausse, car un grand nombre d’IST ne sont pas notifiées, en outre nombreux sont les malades qui préfèrent l’automédication, ce qui complique plus ces maladies. L’association IST zéro avance le chiffre de 600.000 nouveaux cas d’IST chaque année. C’est dire l’ampleur du problème des infections sexuellement transmissibles.

Concernant le SIDA,  les dernières statistiques ont montré que les malades atteints de Sida au Maroc avoisinent les 24.000, avec 1.200 cas d’infections enregistrés en 2015,  soit une réduction du nombre de cas d’infections de 42 % depuis 2000. Quant aux personnes atteintes de VIH, 1 200 cas ont été enregistrés en 2015. De même, les personnes qui vivent en portant ce virus sont au nombre de 24 000.

Comment savoir si on a contracté une IST?

Dans la grande majorité des cas, les infections sexuellement transmissibles se manifestent par des signes variés, parfois discrets, mais le plus souvent concrets. C’est ainsi que l’on peut noter :

Des brûlures en urinant 

Des pertes vaginales qui ont une odeur et une couleur anormale

Des boutons au niveau de la région des organes sexuels ou même sur l’ensemble du corps 

Des ulcérations (qui ressemblent à une plaie) des organes génitaux 

Des démangeaisons 

Des espèces de verrues dans le cas des condylomes.

A titre purement indicatif et afin de mieux sensibiliser nos lecteurs sur la problématique des IST, nous présentons ci – dessous quelques une de ces infections et les signes qui doivent alerter.

La gonorrhée : Connue également sous le nom vulgaire de «chaude-pisse» ou blennorragie, elle est due à la bactérie Neisseria Gonorrhea (ou gonocoque). Elle provoque chez les hommes et les femmes des brûlures au passage de l’urine et/ou un écoulement jaune verdâtre par la verge, le vagin ou l’anus, des douleurs au bas-ventre et, pour les hommes, des testicules enflés et douloureux (orchite et/ou épididymite). En fonction de sa localisation, la gonorrhée est parfois asymptomatique. Lorsqu’elle n’est pas traitée, elle peut être à l’origine du rétrécissement de l’urètre chez l’homme et de stérilité.

La chlamidia : la femme peut ressentir quelques picotements urinaires, des douleurs au bas-ventre, l’homme éventuellement des brûlures urinaires. Idem pour la blennorragie chez la femme : les signes sont inapparents dans 70% des cas. De même, l’hépatite B peut passer inaperçue car elle peut ne provoquer que quelques nausées et un peu de fièvre. On peut donc transmettre ces infections en ignorant qu’on est atteint(e). Plusieurs maladies provoquent des atteintes dermatologiques au niveau des organes génitaux.

Les condylomes : ils sont  aussi appelés «verrues génitales» ou «crêtes de coq» se manifestent par des excroissances de peau sur la vulve ou le vagin, ou le col de l’utérus ou l’anus chez la femme, sur la verge ou l’anus chez l’homme.

 L’herpès génital : il se manifeste aussi par des vésicules sur les organes génitaux chez l’homme comme la femme. Il peut aussi entraîner de la fièvre (sorte de grippe).

Le trichomonas : Il  provoque chez la femme une inflammation du vagin, l’homme ne ressentant rien.

La syphilis : Le Treponema pallidum est la bactérie responsable de la syphilis. Elle provoque des symptômes qui, bien qu’ils puissent passer inaperçus, se manifestent selon trois phases.
La syphilis primaire : elle se manifeste par un «chancre» : un bouton ou une petite plaie sur les organes génitaux ou la langue, les lèvres, l’anus.

D’une manière générale, si l’on observe une fièvre, des douleurs abdominales, des écoulements vaginaux anormaux (pertes verdâtres ou malodorantes, saignements), des douleurs en urinant, des brûlures, des vésicules anormales sur la peau ou les organes génitaux, il faut tout de suite consulter un médecin ou en parler avec votre médecin traitant qui est le plus habilité à vous conseiller et à vous prescrire le traitement le plus adapté à votre cas.

L’hépatite B : L’hépatite B est une infection sexuellement transmissible, mais d’autres modes de contamination sont possibles. Les symptômes sont ceux de l’hépatite : fièvre, fatigue, jaunisse. Seul un test sanguin permet d’identifier précisément le virus. Le vaccin contre l’hépatite B constitue aujourd’hui le meilleur moyen de lutte et de prévention.

Le Sida : Le Syndrome d’Immuno-Déficience Acquise ou Sida est provoqué par le VIH (Virus de l’Immuno-déficience Humaine). Plus de 20 millions de personnes sont décédées à cause du Sida dans le monde et au moins 40 millions de personnes vivent avec le virus aujourd’hui. Les premiers signes sont semblables à ceux de la grippe ou de la mononucléose et le virus est identifiable par test sanguin. Il n’existe pas encore de vaccin, mais le traitement par trithérapie permet de bloquer la réplication du virus, ce qui autorise un meilleur pronostic vital que par le passé. La prévention constitue aujourd’hui le seul moyen de lutte efficace.

Intérêt du dépistage précoce

Les infections sexuellement transmissibles ne se traduisent pas toujours par des symptômes immédiats. On peut ainsi être porteur du VIH (virus responsable du sida), d’une hépatite B ou de syphilis… sans le savoir.

Si on ne les soigne pas à temps, ces infections peuvent entraîner de graves complications, des risques de stérilité (infections à Chlamydia trachomatis chez la femme) et même des atteintes du système nerveux, du cœur, des artères et des yeux…

Se faire dépister de façon précoce peut permettre d’apporter au plus tôt le traitement adéquat. Le dépistage se justifie plus particulièrement lorsque l’on a des comportements sexuels à risque : rapports sans protection, partenaires multiples…

Complications et séquelles des IST

Une IST diagnostiquée précocement et donc traitée rapidement est généralement bénigne et sans conséquence particulière. Sans traitement précoce et approprié, les IST évoluent vers la chronicité.

Certaines infections, en se compliquant ou en récidivant, peuvent être la cause de stérilité chez l’homme ou la femme ou favoriser des grossesses extra-utérines (qui conduisent toujours à la perte de l’embryon et souvent à l’ablation des trompes donc à la stérilité), chlamidia, gonocoque, trichomonas.

En cas de grossesse, le fœtus peut être infecté : herpès, chlamidia, gonocoque, syphilis, sida.
L’herpès et les condylomes peuvent favoriser l’apparition chez la femme d’un cancer du col de l’utérus.
Certaines maladies comme le SIDA, l’hépatite B, (ou dans ses formes ultimes la syphilis) peuvent provoquer des maladies graves (cancers) qui mettent la vie en danger.

Peut-on prévenir les IST?

La réponse est oui. Il faut savoir que les IST ne sont pas une fatalité. Il existe des gestes simples pour les éviter et stopper leur transmission.

1/Pour se protéger et protéger l’autre, utiliser un préservatif pour chaque rapport sexuel et avec chaque partenaire dont on ne connaît pas le statut en termes de contamination par le VIH ou les autres IST. Attention : prendre une contraception (pilule, spermicides, DIU…) ne protège pas des IST.

2/ Se faire dépister des IST comme du VIH, de manière régulière lorsque l’on a plusieurs partenaires et à chaque fois que l’on souhaite arrêter le préservatif avec un nouveau partenaire régulier (notamment car beaucoup d’IST n’ont pas ou peu de symptômes…)

De plus, gardez toujours à l’esprit que la plupart des IST se soigne facilement. Ainsi, lorsque l’on découvre que l’on est infecté, il convient de :

3/ Prendre les traitements prescrits par le médecin et les suivre jusqu’au bout.

4/ Prévenir son ou ses partenaire(s) afin qu’il(s) ou elle(s) puisse(nt) également se faire dépister et traiter le cas échéant.

Pour certaines IST (hépatite B, Papillomavirus), il est possible de se faire vacciner. Demandez conseil à votre médecin traitant.

Au – delà de tous ces éléments dont l’importance n’échappe à personne, il convient d’insister sur un autre point tout aussi essentiel : c’est celui de la fidélité.

En soulevant aujourd’hui la question des IST, c’est pour nous l’occasion idoine pour nous adresser au couple,  aux deux partenaires et de dire en toute clarté, que dans toute relation, il faut prendre le temps de connaître son partenaire. C’est à la fois le moyen pour instaurer la confiance dans le couple et un moyen pour que le passé sexuel de l’un et de l’autre ait le temps de s’évacuer.

Pour éviter tout risque d’attraper une IST, il faut limiter le nombre de partenaires. Le chiffre idéal est 1 seul partenaire, ce qui signifie la fidélité.

La fidélité est donc un moyen simple pour limiter le risque de contracter les infections sexuellement transmissible.

Ouardirhi  Abdelaziz

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