Journée internationale des droits de la femme

Appel des organisations de femmes des partis de la Koutla démocratique pour la régénérescence d’un mouvement féminin fort

Nous, les femmes des partis de la Koutla démocratique, militantes au sein de l’Organisation de la femme istiqlalienne, du Forum Parité et Egalité, et de l’Organisation socialiste des femmes ittihadiates, agissant dans le cadre de la Journée internationale de la femme célébrée le 8 mars de chaque année, nous adressons nos vives salutations à la femme marocaine.

C’est aussi l’occasion de réitérer notre détermination à poursuivre notre lutte commune de défense et de soutien aux droits des femmes, en tant que contribution essentielle à la réalisation du développement et de la démocratie dans notre pays.

En cette journée mondiale, nous enregistrons avec beaucoup d’amertume et de colère les nombreux reculs en matière de droits des femmes et de leurs acquis arrachés grâce à de longues et pénibles luttes des forces vives, nationales et démocratiques.

De même, nous  enregistrons l’approfondissement de nombreux aspects de l’injustice, de la fragilité et de l’exclusion vécus par les femmes marocaines, indépendamment de leur appartenance sociale, spatiale et catégorielle.

Ces déclins sont, en fait, des disparités inacceptables, au regard des profondes transformations sociétales que notre pays connait et qui ont hissé la femme marocaine à des positions fonctionnelles pivots, qui lui permettent de contribuer à tous les chantiers de développement et à l’édification institutionnelle de notre pays.

Ces revers et le défi de poursuivre la lutte commune sur les questions d’égalité, nous poussent objectivement à percevoir et à réaliser, de nouveau, la grande importance que représente le fait de jeter  des ponts et d’intensifier les efforts, au présent comme à l’avenir, avec la perspective de la renaissance d’un mouvement de femmes fort, influent et mobilisateur sur le front de la lutte de masse, ainsi que sur le front institutionnel.

Notre objectif est de défendre, par tous les moyens possibles, les acquis de la femme et leurs avancées, d’élever le plafond et le rythme des plaidoyers, d’autant plus que nous vivons dans une société qui a choisi, en accord avec son histoire militante et ses aspirations universelles, d’avancer vers la modernité, le développement et la démocratie, armé en cela par ses références constitutionnelles, les pactes internationaux et la volonté politique suprême de l’Etat marocain, en symbiose avec les luttes du mouvement des femmes et des forces démocratiques et nationales de notre pays.

En tant que organisations féminines des partis de la Koutla démocratique, en célébrant, au niveau national, la journée internationale des droits de la femme, nous confirmons que le 8 mars incarne l’occasion d’évaluer le bilan des acquis et des réalisations. A  l’inverse, il constitue également une opportunité pour évaluer les dysfonctionnements, alerter et protester contre les remises en cause et les régressions.

C’est également une journée de fidélité, d’engagement et de détermination renouvelée à poursuivre la lutte pour une société d’égalité, de dignité, de justice sociale et spatiale, et d’égalité des chances.

Tout en saluant à cette occasion tous les militants et les militantes des rangs démocratiques, tant au sein des partis politiques que dans la société civile, pour leur vigilance constante dans la défense des droits des femmes, nous réaffirmons notre détermination à poursuivre la lutte commune sur tous les fronts, et de faire face à la poussée des inégalités, marquée par la misère au féminin.

C’est le cas de femmes qui embrassent la mort, à la recherche d’un gagne-pain, de femmes victimes de viols, clandestins et publics, d’autres qui quittent le marché du travail sous le poids de l’exploitation forcenée, du harcèlement, des bas salaires et des disparités salariales, des femmes qui souffrent de comportements violents et privés dans les espaces professionnels et publics, leurs droits humains étant violés…

Des femmes soumises à l’exclusion et à la marginalisation dans l’espace professionnel, des femmes à la campagne qui travaillent et sont transportées dans des conditions infrahumaines, qui rappellent des temps révolus, des femmes domestiques qui manquent des conditions de dignité les plus élémentaires, des filles mineures qui sont soumises au mariage forcé, et d’autres qui quittent les bancs de l’école à cause de la pauvreté et du manque de structures éducatives…

C’est le cas également de femmes créatives et intellectuelles qui ont du mal à s’imposer et à imposer leurs œuvres… des travailleuses émigrées qui manquent de toute couverture sociale nécessaire…

Nous saisissons ce 8 mars pour réclamer l’achèvement et le développement du cadre législatif, sa révision ou sa modification, si nécessaire, conformément au texte et à l’esprit d’égalité consacrés dans la Constitution, et à nos obligations internationales, en reconnaissance de l’ampleur et de la nature des transformations sociétales dans notre pays.

Convaincues que la question de la femme s’inscrit dans le combat général pour la démocratie, la dignité, la justice et l’égalité, nous préconisons la mise en œuvre d’une approche intégrée, en exigeant l’autonomisation économique, politique, sociale et culturelle des femmes, et la mise en œuvre systématique, régulière, durable et obligatoire de l’approche genre dans toutes les politiques publiques, aussi bien dans leur formulation que dans leur mise en pratique, afin de réaliser une société d’égalité et de parité.

Nous revendiquons également la mise en place et l’adoption de procédures juridiques et réglementaires contraignantes pour assurer une représentation féminine équilibrée, juste et efficace dans les diverses institutions de l’État et de la société, loin des décisions d’humeur, des consensus temporaires et des calculs électoraux étroits ainsi que de toute approche d’aménagement fictif.

A cette occasion, nous, les organisations féminines de la Koutla démocratique, nous lançons un appel à toutes les potentialités démocratiques et de défense des droits humains pour briser le mur du silence, et de se départir de la zone de neutralité, afin de contribuer efficacement à l’édification d’une société d’égalité entre les sexes et de justice sociale, convaincues que nous sommes que la question de la femme est une question de culture et de mentalité par excellence.

Aussi, nous lançons un appel sincère à mettre fin à la confusion et à l’hésitation des acteurs politiques, en ce qui concerne la mise en œuvre franche et audacieuse du principe d’égalité. Il en est de même pour la volonté politique nécessaire et requise afin de protéger et développer les droits politiques, sociaux, économiques, culturels et environnementaux de la femme marocaine, et pour assurer sa participation équitable et méritée à la construction et à l’activation de grands projets nationaux, tels que la consécration de la régionalisation avancée et l’élaboration du nouveau modèle de développement. Et ce par la prise de conscience de la garantie de la participation et de l’implication des femmes, à travers des dispositions et des mesures pratiques, contraignantes et efficaces.

C’est là l’approche de base pour réaliser le développement et parfaire l’édification démocratique dans notre pays.

Fasse que, chaque année, les femmes de notre pays soient au centre des préoccupations de nos politiques publiques !

Rabat, le 08 mars 2020

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