Khaoula Benziane, new wave du gharnati et chantre de la paix

«La musique est la meilleure voie pour rapprocher les cultures et créer des passerelles d’amour entre les peuples», dit-elle.  Ses productions en scène et ses interprétations musicales ont lui a déjà valu le titre de l’ambassadrice du chant gharnati en Algérie et en Tunisie.

Elle est la benjamine d’une famille, composée de trois filles et trois garçons.  «Ma mère a accouché de moi alors qu’elle avait 42 ans. En fait, le petit de mes frères à 16 ans de plus que moi. Cela étant, j’ai grandi dans un entourage qui fut pour moi un enrichissement personnel», confie-t-il au journal Al Bayane.

Native de la ville d’Oujda, Khaoula Benziane, indique qu’elle a trouvé sa vocation pour l’art grâce à son père Ahmed, qui fut d’ailleurs artiste peintre amateur.  «Pendant son temps libre, il préférait reproduire les œuvres des grandes artistes plasticiens, tels Picasso ou encore Van-Gogh», raconte—elle.

«C’est à partir de ces moments-là que j’ai développé mon goût pour l’art. Je faisais aussi de même, car j’étais envoûté par les couleurs», enchaîne-t-elle. Pendant les week-ends, son papa tenait vivement pour l’accompagner durant ses promenades dans la ville. Une occasion pour elle de découvrir les monuments ancestraux de la capitale de l’Oriental, tels Bab El Gharbi, Place de  Sidi Abdelouahab ou encore la fameuse oasis de Sidi Yahya.  «Cela n’a fait que renforcer mon attachement à ma ville natale et à tout ce qui est traditionnel», dixit la fille d’Oujda.

A l’âge de 7 ans, le papa a décidé de l’inscrire au conservatoire de l’Association Andaloussia du chant gharnati, située à l’époque à proximité du fameux collège Pasteur.  J’avais l’honneur d’être l’élève de Nasser Eddine Châabane, fils de Cheikh Saleh, l’un des fondateurs historiques du chant ghanati à Oujda et l’une des célébrités emblématiques de la ville», avance-t-elle, tout en soulignant qu’à l’époque, «l’apprentissage se faisait sur la base des méthodes très traditionnelles en privilégiant l’écoute et le contact direct avec les instruments de musique».

Abondant dans le même ordre d’idées, Khaoula indique qu’elle avait besoin de quelques années pour maîtriser parfaitement les grandes techniques de jeu à la mandoline et monter rapidement les marches pour adhérer enfin à la troupe musicale dirigée parChaâbane Mohamed, l’un des grands pianistes que la ville n’ait connu.

En parallèle, elle n’a jamais abandonné sa vocation pour la peinture en veillant à poursuivre des cours en la matière à l’Institut Ibn Rochd, près de l’ancien marché couvert. «J’étais souvent animée par un sentiment d’enfance, rêveuse d’un monde où les valeurs du partage, la solidarité et l’amour sont les maitres mots», note-t-elle en substance.

A l’âge de 13 ans, la fille d’Oujda voulait vivre une nouvelle aventure musicale.  Elle fut séduite par l’Association Al Moussilia d’Oujda de la musique gharnati, qui venait de voir le jour suite à la volonté des jeunes oujdis.

Ambassadrice du chant gharnati

Afin de satisfaire sa soif pour l’apprentissage musical et affûter davantage ses compétences, elle s’inscrit au conservatoire national d’Oujda.  Ce fut pour elle le prélude d’une véritable carrière professionnelle. «Le Conservatoire m’a permis d’avoir une formation plus académique.Nous avons eu la chance d’avoir comme professeur de solfège, Saâd Allah Mehdi, compositeur, improvisateur et guitariste qui faisait d’un sens pédagogique et d’écoute dans le vrai sens du terme», souligne-t-elle.

Malheureusement, le décès de son papa auquel elle éprouvait un attachement inégal, l’a plongé dans une atmosphère de chagrin et de deuil. Ainsi, elle fait défection durant des mois et des mois, préférant se replier sur soi-même.

«Ce fut des moments mélancoliques et de tristesses. Je me suis senti perdu, sans père ni repères», se rappelle-t-elle encore non sans regret.

Grâce à l’appui de son entourage et sur insistance de ses anciens amis et collègues, elle décide de faire le retour sur la scène en rejoignant de nouveau les rangs de la Moussilia. Ainsi, Elle multiplie les voyages en se produisant à Tlemcen, Séville, Lisbonne, Damas…   «Quand je monte sur scène, je ressens un sentiment ineffable. Un sentiment mêlé de je ne sais quoi d’amour et de bonheur. On dirait, comme si j’étais aux anges», révèle-t-elle.

Selon notre interlocutrice, le secret de son talent et le succès de ses chansons réside dans sa volonté de moderniser l’art du gharnati. «J’essaie de m’inspirer du flamenco. Je trouve que c’est presque le même rythme du ghanati. En tout cas, j’essaie de me mettre au diapason et donner un nouveau souffle à ce genre musical», déclare-t-elle avec insistance.

En 2013, elle procéda à la création de l’Association «Oujda El Alfia pour la Culture et le Développement» ayant pour finalité la défense de la musique Gharnati.

A sa propre initiative, elle met en place le festival du chant gharnati, placé sous le thème «Deux visions et une seule culture», qui fut marqué par la participation des grandes stars du chant populaire en Algérie, comme Nasreddine Chaouli ou la légende du chant populaire algérien, feu Abdelkader Chaâou.  Avec ce dernier, elle a composé un duo, à maintes reprises, notamment au festival de Sidi Sidi Bel Abbès en Algérie où elle était l’invitée d’honneur.

Surpris par sa manière d’interprétation et sa voix sublime, les algériens l’ont dénommée «L’ambassadrice du chant gharnati».

«La musique peut faire des miracles. Elle réussit à faire disparaitre les tensions et les obstacles entre les peuples. Chose que les politiques sont parfois incapables de le faire», estime-t-elle.

Aujourd’hui la fille d l’Oriental prend part à une grande émission de télé-réalité organisée en Émirats arabes unis et intitulée «La responsabilité sociale de la Reine», diffusée sur une cinquantaine de chaines de télévision. D’ailleurs, elle a pu atteindre la phase finale de l’édition actuelle.

L’ambassadrice du chant gharnati, participe par un projet qui porte sur la création d’un espace socio-éducatif visant l’intégration des femmes les plus touchées par la précarité et plus particulièrement celles qui sont à besoins spécifiques. «La beauté de l’art consiste dans sa capacité de mobilisation de toutes les bonnes volontés pour un demain meilleur», insiste-t-elle, tout en appelant le public marocain à la soutenir massivement dans cette compétition.

Khalid Darfaf

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