Le Maroc à l’épreuve de l’égalité

Code de la famille

Mohamed Khalil

Le 8 Mars de cette année sera centré sur le projet de réforme du Code de la famille. Et pour cause…

Aujourd’hui, plus de 20 années après les amendements introduits en 2003, les consultations avec le tissu politique, social et celui de la société civile, sous la houlette de la Commission chargée de la révision du Code de la famille mise en place par SM le Roi en octobre 2020, ont abouti à certaines conclusions alors que certaines questions demeurent l’objet d’interprétations, à la suite de la copie rendue par ladite commission.

Depuis, les partis démocratiques et progressistes ont mis les bouchées doubles, face à l’absence du gouvernement, pour tenir l’opinion publique informée de la teneur des principaux amendements proposés pour la révision du Code de la Famille, comme exigé par le Souverain.

Il faudra dire que  la session de printemps du Parlement sera haute en débats pour adoption du projet.

En attendant, les regards sont rivés sur l’avis royal, très attendu, sur certaines questions délicates, que la Commission n’a pas pu trancher…  Un point fort qui éclairera les débats parlementaires qui seront certainement marqués par l’affrontement des idées, au vu des tenants de la thèse dite « traditionnelle », qui voudraient s’en tenir à la religion et rien qu’à la religion, sans prendre en considération les mutations que le Maroc, les Marocaines et les Marocains ont connu durant le nouveau millénaire tout particulièrement durant les dernières décennies.

Il est clair que 20 années après la dernière réforme,  la nécessite d’insuffler un nouveau rythme aux réformes du Code de la famille, par l’introduction de nouvelles générations de décisions à l’air du temps, s’est fait sentir.

Aujourd’hui, le Souverain a encadré le débat, le situant dans les efforts de la modernité, en appelant les oulémas et les politiques à recourir à l’IJTIHAD – l’interprétation éclairée de la religion- pour réaliser des avancées substantielles en faveur de la femme marocaine et du pays.

Car en l’espace de deux décennies, la condition de la femme est restée sujette à des « exceptions » sans que les règles ne soient bien traduites sur le terrain. Cette « marche » à pas de tortue-il faudra le dire- est due aux réticences du monde religieux et conservateur, qui s’opposent à voir, objectivement, la réalité de la femme qui est devenue un contributeur important à la gestion matérielle et financière de la famille marocaine.

Aujourd’hui, malgré les progrès réalisés, la femme demeure victime de tant d’injustice ancestrale, qui fait que la société marocaine demeure amputée, à bien des égards, de sa force complémentaire dans le développement et l’instauration d’une société de justice et d’égalité.

Le Maroc ne peut plus se permettre des    dérogations exploitées par des apprentis sorciers qui profitent de l’amalgame au détriment de la loi et de la femme.

Il est anormal que des questions comme l’âge du mariage fixé à 18 ans avec certaines dérogations, alors qu’à cet âge et un peu plus, les jeunes ont besoin d’apprentissage et d’études et non de mariage.

SM le Roi a demandé aux oulémas de faire preuve d’ »IJTIHAD », et donc d’une interprétation positive des textes, notamment en matière de mariage, de répudiation, de polygamie ou d’héritage, ou encore avec la garde des enfants, la pension alimentaire, le statut des mères célibataires, la reconnaissance de la paternité, le partage des biens…

L’heure est venue pour abandonner, en profondeur, l’ordre patriarcal qui continue à régner, certes beaucoup moins qu’auparavant, dans notre société.

Aujourd’hui, il faudra vaincre les mentalités rétrogrades et conservatrices en les amenant, avec sagesse et intelligence, à épouser la cause féminine.

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