Sijilmassa, un carrefour florissant aux portes du Sahara

Mohamed Nait Youssef

Sijilmassa fut à la fois la grande et première  porte  pour la traversée du Sahara, une escale essentielle et un carrefour incontournable pour les commerces et négoces transsahariens. Situé près de la ville de Rissani, au cœur de l’oasis du Tafilalet, l’un des plus vastes oasis d’Afrique du nord, ce site majeur pour l’histoire économique et politique du monde méditerranéen médiéval, a vécu un âge d’or en reliant l’Afrique aux mondes méditerranéens, orientaux et occidentaux. Sijilmassa, vu son emplacement stratégique sur l’une des routes importantes du commerce caravanier vers l’Afrique subsaharienne, fut également un siège essentiel des grandes maisons de commerce arabes et juives du VIIIème au XIVème. La preuve ;  les commerçants issus de l’Afrique de l’ouest  et de l’orient y trouvent une plateforme propice pour développer leurs commerces sachant que ce site fut un marché important de l’or soudanais entre le VIIIe et le XVe siècle.

Ainsi, durant la période médiévale, l’activité commerciale dans cette cité séculaire connaissait une véritable effervescence grâce à son atelier monétaire millénaire qui fut l’un des plus actifs  dans la région et même au-delà. À vrai dire,  par le biais du commerce de l’or, Sijilmassa, fondée en zone de steppes présahariennes, dans le sud-est du Maroc,  a renforcé ses liens avec les pays d’Afrique subsaharienne, ce qui a contribué à la prospérité de la frappe des monnaies pendant les différentes dynasties qui se sont succédées au pouvoir au Maroc. Reliant la Méditerranée occidentale au Sahel, Sijilmassa a joué un rôle financier majeur dans l’Histoire du Maroc depuis le début de l’époque islamique, jusqu’à l’avènement de la dynastie alaouite.

Sijilmassa, cité cosmopolite et plurielle…  

Sijilmassa, établie sur le bord de l’oued Ziz dans une plaine du Tafilalet, est une cité fascisante par son charme, ses richesses et sa diversité. Son histoire à la fois impressionnante, mitigée, dynamique et pleine de transformations et de changements suscite l’intérêt des chercheurs, des historiens, des archéologues, des architectes et des amoureux du patrimoine, de l’histoire. 

Sijilmassa a en effet inspiré les écrits desgrands voyageurs, géographes,  chroniqueurs, et a alimenté les différentes correspondances des communautés ayant vécu sur ce bout de terre mystérieux, merveilleux et surtout pluriel. Sijilmassa fut alors un territoire accueillant, tolérant où se sont cohabitées des populations :amazighes, arabes, juives,  africaines, subsahariennes, andalouses… Toutes ces conditions propices, de paix, de vivre-ensemble ont fait de Sijilmassa une cité cosmopolite et plurielle ouverte. Réunissant leur savoir-faire, les marchands caravaniers,  les artisans, les paysans, les savants, les guerriers, les voyageurs, les nomades et les mystiques  ont fait de ce territoire non seulement un site marchand, primordial des échanges commerciaux, mais une cité développée, peuplée, lettrée,  spirituelle et prospère pendant près de six siècles.

Sijilmassa, un carrefour florissant

Carrefour florissant. Fondée par la tribu amazighe Zénète, Sijilmassa, première escale avant la traversée du Sahara et la plus grande cité commerciale de l’Afrique, était connue pour son architecture éblouissante de l’époque. Son développement s’incarnait également dans ses somptueuses kasbahs, ses nombreuses portes, ses jardins fabuleux, son très vaste marché de négociants, son très important  atelier de frappe monétaire, sa grande mosquée, ainsi que son architecture raffinée et subtile.

Derrière cette histoire glorieuse et merveilleuse, il n’en reste aujourd’hui que quelques vestiges de cette ancienne cité caravanière emblématique enfouie sous le sol, dans les alentours de la ville de Rissani, dans la province d’Errachidia. Instabilité politique de la région, développement des voies maritimes et de nouvelles routes terrestres sont entre autres des facteurs de l’effondrement de la cité,  à la fin du 14ème siècle. Remplacé par Tafilalet, le nom de Sijilmassa, disparu des mémoires dès le XVIIe siècle, est resté gravé dans l’histoire et l’esprit de la région, du Maghrib Al Aqsa et de l’Afrique. 

Un site archéologique énigmatique…

Immense. Le site de Sijilmassa s’étendant sur une centaine d’hectares n’a pas encore livré, malgré plusieurs recherches archéologiques entamées depuis 1973,  tous ses secrets. Ouvert à la visite, ce patrimoine archéologique et historique a bénéficié d’un programme de sauvegarde et de valorisation  afin de le préserver aux générations actuelles et futures.

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