La Fondation Attijariwafa bank analyse la gratitude, le don de soi et le pardon dans la pensée mystique musulmane

Dans le cadre de son cycle de conférences digitales «Échanger pour mieux comprendre», la Fondation Attijariwafa bank a organisé, jeudi 22 Avril 2021 en live streaming sur sa chaîne YouTube, une rencontre philosophique de haute facture, en présence de Ali Benmakhlouf, professeur des Universités, Université Paris-Est Créteil. En ce mois sacré de Ramadan, la Fondation a choisi de dédier cette rencontre au thème : «Gratitude, pardon et don de soi : retour sur quelques enseignements de la pensée mystique musulmane». Modérée par Asmae Souitat, journaliste, le débat a porté sur la définition de ces trois vertus, leurs interactions et leurs bienfaits, en puisant dans la sagesse des philosophes mystiques musulmans.

Dans le contexte actuel de pandémie doublé d’une crise socioéconomique, la gratitude (الشكر) revêt une grande importance car elle figure au cœur de la sagesse et de la spiritualité. «Elle lève le voile de l’ingratitude pour accueillir la grâce divine ». Mais pour l’atteindre, il est important de travailler sur ses propres résistances, en adoptant une hygiène de vie basée sur des exercices spirituels. « Pour les érudits mystiques, cette valeur peut être cultivée en continu grâce au « الذكر », car la récurrence de l’appel à Dieu soulage le cosmos de ses vicissitudes et décharge l’homme de ses angoisses. » En parallèle, l’apprentissage permanent de la gratitude est possible à travers la pratique d’exercices spirituels comme l’Eveil (اليقضة), l’Examen de conscience (المحاسبة) et la Résipiscence (الإنابة).

Enfin, la gratitude suppose de garder l’espoir et la détermination, même en situation de déséquilibre que suscite la crise actuelle. Quelle est la frontière entre gratitude et fatalisme ? Les mystiques musulmans parlent de «التوكل», c’est-à dire, l’acceptation du destin, sans y être entraîné. Cela renvoie à l’un des principes du stoïcisme : l’acceptation n’est pas résignation, car l’acceptation s’accompagne de détermination ». Quant au don de soi, il doit être perçu d’un point de vue cosmique. Pour Abu Al Abbas Sebti, le don affecte et nourrit l’existence et entraîne un effet vertueux. Mais cette pratique est-elle aisée en temps de crise et d’adversité? « Oui car le don de soi est toujours possible si nous nous plaçons dans un faisceau de vies, en faisant appel à la solidarité. Plus tard, Descartes confortera cette conviction en affirmant : Ce qui nous coûte peu, profite beaucoup à l’autre ». Certes, en donnant, nous sommes en disposition de recevoir, mais il n’y a aucune obligation de retour. «Ne demande pas, donne!»

Enfin, le pardon est l’une des vertus les plus importantes en Islam. Pour preuve, toutes les Sourates du Coran invoquent Dieu miséricordieux, à l’exception de la Sourate 9 (Sourate At Tawba). Pour les mystiques musulmans, si Dieu est miséricordieux, alors l’Homme, qui possède en lui tous les attributs divins, peut pardonner. « Le pardon humanise car il est en interaction dynamique avec l’amour (المحبة). Plus je pardonne, et plus j’accueille l’amour ». En revanche, demander pardon peut être perçu comme une démarche intéressée. Selon Rabia Al Adaouya, si nous demandons pardon, nous devons nous faire pardonner de notre demande. En définitive, le pardon c’est la prière. À travers cette nouvelle conférence-débat qui a suscité de nombreuses questions d’internautes auxquelles l’invité a répondu avec rigueur et intérêt, la Fondation Attijariwafa bank démontre, une fois de plus, sa volonté de favoriser le débat et la réflexion sur des thématiques culturelles et philosophiques en faisant appel à des personnalités reconnues pour leur érudition et leur sens du partage.

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