La guerre d’Ukraine et la valse-hésitation de la Chine

Attendons pour voir…

Si, dans une déclaration conjointe en date du 4 Février, le président russe Vladimir Poutine et son homologue chinois avaient dit de l’amitié liant leurs deux pays qu’elle était sans « limites » et qu’elle ne s’interdisait aucun « domaine de coopération », les choses ont changé entre Pékin et Moscou depuis que la Russie a lancé son offensive contre l’Ukraine.

Ainsi, alors que les européens et les américains ont condamné, de manière claire et sans équivoque, l’assaut contre l’Ukraine, la Chine, devenue le premier partenaire commercial de l’Ukraine en 2019 et de l’UE en 2021, craignant de perdre des marchés en occident, s’est trouvée dans une position précaire l’obligeant à ne point soutenir ouvertement l’allié russe.

Mais si,  dans leur déclaration en date du 23 Février, des responsables du ministère chinois des Affaires étrangères s’étaient, tout de même, rangés du côté de la Russie en rejetant, sur les Etats-Unis, la responsabilité des tensions autour de l’Ukraine et en qualifiant l’assaut des forces russes d’ « opération militaire spéciale » conformément à la rhétorique utilisée par Moscou, le 25 Février le ministre chinois des Affaires étrangères avait déclaré à de hauts responsables européens que la Chine « préconise fermement le respect et la sauvegarde de la souveraineté et de l’intégrité territoriale de tous les pays […] ce qui s’applique également à l’Ukraine » avant de tempérer ses propos et d’affirmer qu’en prenant en considération les « cinq cycles consécutifs d’expansion de l’Otan vers l’est (…) les revendications légitimes de la Russie  en matière de sécurité doivent être résolues de manière appropriée »

C’est dire que ce « conflit ukrainien » place la Chine face à un dilemme tellement grand et allant à l’encontre des principes de non-ingérence et de respect de l’intégrité territoriale des Etats qu’elle ne cesse de brandir qu’elle donne l’impression de ne plus savoir sur quel pied danser.

Aussi, lors du vote du  25 février concernant la résolution du Conseil de Sécurité des Nations-Unies dénonçant l’invasion de l’Ukraine par la Russie, la Chine s’était abstenue laissant Moscou seule opposer son véto et, au cours d’une communication téléphonique ayant eu lieu le même jour entre les chefs d’Etat des deux pays, le président chinois n’avait pas approuvé l’assaut contre l’Ukraine et s’était dit favorable à ce que « la Russie et la Chine résolvent ce problème par le dialogue ».

Autant dire que, sur le dossier ukrainien, la Chine se trouve sur une ligne de crête diplomatique assez ardue car, tout en ne souhaitant pas s’opposer de manière frontale à la Russie qu’elle rejoint dans son opposition à un élargissement de l’Otan, elle n’entend pas, non plus, apparaître comme soutenant l’invasion de l’Ukraine et veut jouer sa partition essentiellement sur les plan géopolitique et économique.

S’il est donc clair que, comme l’a résumé dans les colonnes du « Washington Post », Bonnie Glaser, la directrice du programme Asie du German Marshall Fund of the United States, « la

Chine veut préserver ses liens avec Moscou, respecter ses principes et éviter de dégrader ses relations avec les Etats-Unis et l’Union européenne », la condamnation sans équivoque par l’Occident de « l’agression » russe a de très fortes chances de compliquer le périlleux exercice d’équilibriste auquel se livre Pékin.

Comment donc les choses vont-elles évoluer entre Pékin et Moscou alors que les effets des sanctions commencent déjà à se faire sentir par les russes et que l’appel aux camarades chinois risque de devenir de plus en plus pressant ?

Attendons pour voir…

Nabil EL BOUSAADI  

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