La Ligue de l’enseignement privé reporte sa grève nationale

La grève de la Ligue de l’enseignement privé prévue le 14 mars a finalement été reportée. C’est samedi dernier que, le président de l’organisation, Abdelhadi Zouiten, a annoncé le report de cette grève nationale dont l’objectif était de dénoncer la situation «d’instabilité» que vit l’enseignement privé, du fait de plusieurs décisions, entre autres l’interdiction aux enseignants d’assurer des heures supplémentaires dans le privé.

Samedi dernier, lors d’une conférence de presse organisée à l’issue de l’Assemblée générale de la Ligue, Abdelhadi Zouiten a fait savoir que la grève nationale prévue cette semaine était reportée, sans annoncer une prochaine date. Plusieurs raisons justifient ce report, a t-il fait savoir. Entre autres raisons, la Ligue aurait opté pour le dialogue positif, a souligné son président. « Il est temps d’envoyer des signaux positifs pour démontrer que la Ligue, consciente de la situation actuelle, a opté pour le dialogue positif », a t-il souligné. Dans ce sens, la Ligue a ouvert un dialogue « sérieux et responsable » avec la direction générale des impôts et le ministère de l’éducation nationale et de la formation professionnelle pour pointer du doigt de nombreux dossiers, a confié son président. A en croire Abdelhadi Zouiten, le retard dans la formation du gouvernement aurait également poussé la Ligue à reporter sa grève.

Si l’instance dédiée à l’enseignement privé a décidé de reporter sa grève, elle reste toutefois attachée à ses revendications. Elle dénonce plusieurs décisions qui impactent le secteur. En effet, selon la Ligue, le secteur de l’enseignement privé endure les effets de plusieurs décisions ministérielles, notamment l’arrêté ministériel 01/15 mettant fin aux autorisations accordées aux enseignants du public pour dispenser des heures supplémentaires dans le privé. Une décision qui a impacté les établissements privés et que rejette fortement la Ligue qui appelle à trouver une solution à ce dossier.

En outre, le secteur est frappé de plein fouet par la campagne initiée par les services des impôts dans les établissements scolaires privés appelés à payer plus d’1 milliard et 50 millions Dhs. la Ligue dénonce cette décision. Elle estime que ces «établissements sont incapables de payer ces grosses sommes». Sans oublier que la CNSS a également lancé une campagne de régularisation de la situation des employés de ces établissements. Pour la Ligue, cette décision a plongé les établissements du secteur dans une situation «délicate» puisqu’ils sont incapables de s’acquitter des impayés. Elle appelle à un dialogue pour trouver des formules de paiement tenant compte de la particularité du secteur. En même temps, le secteur de l’enseignement privé pâtit d’une pénurie de cadres éducatifs. En effet, le recrutement contractuel des enseignants lancé par le ministère de tutelle a eu comme conséquence le départ de près de 2000 enseignants liés précédemment par des contrats avec des écoles privées.

A noter qu’en 2015/2016, à en croire les chiffres avancés, l’enseignement privé était le deuxième employeur national après l’agriculture avec 125 000 emplois. Selon les statistiques du ministère de l’éducation nationale, le nombre d’élèves dans l’enseignement privé est passé de 474.500 en 2007/2008 à 889.385 durant la rentrée scolaire 2015/2016. Le nombre d’enseignants quant à lui est passé de 35.929 à 67.730. L’ensemble des employés est passé, pour sa part, de 63.797 à 251.569 durant la même période.

Danielle Engolo

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