La participation citoyenne effective gage d’un regain de confiance

Point de vue 

Par Amine SENNOUNI

La confiance des citoyennes et citoyens envers les institutions démocratiques des pays est primordiale pour le bon fonctionnement de la démocratie, l’efficacité et la performance de la gouvernance publique. Il s’avère qu’avec les derniers mouvements sociaux, ainsi que la baisse du taux de participation aux différentes échéances électorales, on assiste au déclin de la confiance des citoyens envers les institutions publiques, y compris les Parlements. Le citoyen exige une plus grande ouverture des institutions publiques, une participation citoyenne accrue, ainsi que les moyens de renforcer leur transparence, leur réactivité, leur responsabilité, leur efficacité et leur performance.

Cette situation a poussé la communauté internationale à reconnaître que des structures de gouvernance inclusives sont directement liées aux capacités d’atteindre les objectifs du développement durable. Cela nous renvoie à l’Objectif de développement durable n° 16 de l’Agenda 2030, qui a pour thématique de promouvoir des sociétés pacifiques et inclusives, de garantir à tous l’accès à la justice et de bâtir des institutions efficaces et responsables dans lesquelles les femmes et les groupes historiquement marginalisés sont représentés équitablement et où leur voix est prise en compte à tous les niveaux du processus décisionnel. A cet effet, pour consolider la démocratisation des institutions publiques, restaurer la confiance des citoyennes et citoyens, et renforcer la capacité des Etats à atteindre les objectifs de développement, les Parlements doivent donner l’exemple et ouvrir les processus législatifs au public. Ils ont également un rôle important à jouer dans la promotion des gouvernements ouverts à travers l’élaboration de lois, la surveillance, la budgétisation et la sensibilisation. Cela requiert que les parlementaires développent leur base de connaissances et échangent leurs expériences avec leurs pairs afin d’élaborer des solutions efficaces et performantes. Il est évident de voir à l’échelle mondiale que des Parlements expérimentent de nouvelles formes de communication et d’inclusion du public par le biais de sites web, de blogs et de plateformes de médias sociaux.

Certains parlements ont expérimenté de nouveaux mécanismes participatifs, par exemple les pétitions électroniques et des forums consultatifs innovants pour dialoguer avec un public difficile à atteindre. Concernant le Maroc, la transparence, la reddition des comptes et l’implication des citoyens dans la gestion de la chose publique constituent des dispositions et principes fondamentaux des réformes constitutionnelles de 2011.

Ainsi, nous proposons quelques leviers pour redonner confiance aux citoyens dans les politiques publiques et les institutions, fondés sur la participation citoyenne dans l’optique action et non pas slogan :

Le budget participatif, associer citoyen et finances publiques

Partie intégrante de la démocratie participative, le budget participatif vise à allouer une part du budget d’investissement de la ville exclusivement aux projets des citoyens. Ces derniers ont alors deux positions possible, être à l’initiative de projet et/ou voter pour ceux qu’ils trouvent les plus pertinents.

Les projets lauréats se voient alors financés par la collectivité concernée afin d’être mis en œuvre. Ces derniers ont toutefois une contrainte importante : ils se doivent d’avoir une dimension collective et non servir un besoin uniquement individuel. Ainsi, un projet qui ne serait bénéfique qu’à une petite minorité de citoyens ne serait a priori pas éligible au budget participatif.

Une telle invitation aux prises de décisions est une véritable aubaine pour les citoyens, car ces derniers ont ainsi la possibilité de mettre en lumière des problématiques de leur vie quotidienne et d’y apporter des solutions concrètes, parfaitement adaptées à leurs besoins.

Création de pistes cyclables, installation de mobilier urbain, mise en place de composteurs collectifs, réalisation de projets culturels… Ce sont autant d’initiatives qui peuvent voir le jour grâce au budget participatif. L’objectif est simple : permettre aux citoyens de voir se réaliser leurs idées de projets et ainsi leur donner du pouvoir.

Les conventions et ateliers citoyens

La volonté d’impliquer davantage les citoyens au débat public se décline dans de multiples initiatives, pas nécessairement numériques. Les ateliers collaboratifs ainsi que les conventions et jurys citoyens, dans lesquels des personnes dialoguent et confrontent leurs opinions, connaissent un renouveau sur les plans local et national.

L’appel à idées, des projets et des votes

Toujours dans une optique de renforcement du dialogue entre acteurs politiques et citoyens, l’appel à idée révolutionne la prise de décisions. Le principe est simple : les citoyens et/ou associations disposent d’un espace en ligne sur lequel ils peuvent déposer des idées de projet.

Chaque contribution est soumise aux votes des autres internautes, l’évaluation permettant ainsi de classer les projets par nombre de votes. Pour une approche territorialisée, la carte participative suit exactement le même principe que l’appel à idées avec la possibilité de localiser l’idée déposée en alimentant une carte interactive.

A l’instar du budget participatif, les citoyens ont ici deux rôles bien distincts et pourtant complémentaires : ils sont à la fois porteurs d’idées, en soumettant des projets sur une plateforme en ligne, et décideurs, en choisissant de voter pour tel ou tel projet.

Budget participatif, appel à idée, carte participative : la participation citoyenne regorge de ressources intéressantes pour recueillir les avis et les idées des citoyens afin d’inviter ces derniers à prendre part aux grandes décisions.

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