L’activiste iranienne Narges Mohammadi, Prix Nobel de la Paix 2023

Attendons pour voir…

Nabil El Bousaadi

Condamnée, en mai 2016, par le régime de Téhéran, à seize années d’emprisonnement pour son activisme en faveur des droits humains, Narges Mohammadi, journaliste iranienne âgée de 51 ans, vice-présidente de l’association « Defenders of Human Rights Centre », dirigée par l’avocate et Prix Nobel de la paix Shirin Ebadi s’est vu attribuer, ce vendredi, à Oslo, le Prix Nobel de la Paix – 2023.

Le temps choisi pour cette consécration n’est pas fortuit puisqu’elle intervient au moment où l’Iran est traversé par ce vaste mouvement de contestation qui a fait suite à la mort, le 16 Septembre 2022, de la jeune kurde Mahsa Amini, après son arrestation par la police des mœurs pour non-respect du strict code vestimentaire imposé par la révolution islamique de Février 1979 et qui s’est soldé, d’après l’ONG Iran Human Rights (IHR) par la mort de 551 manifestants dont 68 enfants et 49 femmes et des milliers d’arrestations et après que, pour marquer le 1er anniversaire de ce tragique évènement, Narges Mohammadi et trois co-détenues avaient brûlé leur voile dans la cour de la prison d’Evin à Téhéran.

Pour la présidente du comité Nobel norvégien, Berit Reiss-Andersen, en décernant, cette année, le prix de la paix à Narges Mohammadi « pour son combat contre l’oppression des femmes en Iran et sa lutte pour la promotion des droits humains et la liberté pour tous », le comité norvégien «  reconnaît, également, les centaines de milliers de personnes qui, au cours de l’année écoulée, ont manifesté contre les politiques de discrimination et d’oppression du régime théocratique iranien à l’égard des femmes » mais aussi que « la devise adoptée par les manifestants – « Femme – Vie – Liberté » – exprime bien le dévouement et le travail de Narges Mohammadi ».

Pour la porte-parole du Haut-Commissariat des Nations-Unies aux droits de l’homme, Elizabeth Throssel, le comité Nobel a voulu, par ce geste, récompenser le « courage et la détermination » des iraniennes « face aux représailles, aux intimidations, à la violence et aux détentions » qui ont fait, de ces dernières, « une source d’inspiration pour le monde entier ».

Considérant, de son côté, que cette distinction constitue « un hommage à toutes les femmes qui se battent pour leurs droits au péril de leur liberté, leur santé et leur vie », le Secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres a appelé à la libération de Narges Mohammadi et de « tous les défenseurs des droits humains emprisonnés en Iran ».

Dans une déclaration adressée au New York Times, la récipiendaire du Prix Nobel de la Paix 2023 a tenu à préciser que « le soutien mondial et la reconnaissance de (son) action en faveur des droits humains (la) rendent plus résolue, plus responsable, plus passionnée et pleine d’espoir » et émis le souhait que cette reconnaissance puisse rendre « plus forts et plus déterminés … les Iraniens qui manifestent pour le changement (car) la victoire est proche ».

La victoire contre un pouvoir résolument machiste et phallocrate semble, en effet, imminente car bien que le Parlement majoritairement conservateur ait durci, depuis le mois dernier, les sanctions visant les femmes qui refusent de porter le voile, ces dernières sont de plus en plus nombreuses à narguer les autorités en sortant dévoilées dans les lieux publics en dépit des risques encourus mais attendons pour voir…

Related posts

Top