Un nouveau plan pour Booster l’employabilté des jeunes au Maroc

Skills For Success

Par : Hicham Ibn Abdelouahab

En quête de revitalisation de son économie, le Maroc est à l’aube d’une transformation significative, touchant les sphères industrielles et entrepreneuriales. Face à un chômage persistant le Maroc doit, selon la Banque Africaine de Développement,intégrerenviron 5,4 millions de jeunes sur le marché du travail d’ici 2035, le pays est contraint de revoir sa stratégie d’employabilité pour se pencher vers l’auto-emploi. Dans ce cadre, le Nouveau Modèle de Développement (NMD) se révèle essentiel. Cette initiative qui vise à réinventer le modèle économique actuel pour un système plus inclusif et vigoureux, met l’accent en particulier sur le soutien aux très petites, petites et moyennes entreprises (TPME).

Un constat sans appel

Le paysage entrepreneurial marocain présent nous offre une radiographie précise de l’état actuel des affaires. Avec 7,4 millions d’entrepreneurs, représentant 25% des adultes, le Maroc se distingue en Afrique du Nord. Toutefois, ce tableau, bien que prometteur, cache des disparités notables : un écart significatif entre les taux d’entrepreneuriat des hommes et des femmes, et un grand nombre d’entrepreneurs de subsistance, qui lancent des affaires non pas par choix, mais par nécessité.

Un besoin urgent de programmes ambitieux pour une jeunesse en quête d’avenir

Pour aborder efficacement la question de l’employabilité au Maroc, il est crucial d’adopter plusieurs stratégies. Ces dernières peuvent constituer la base de programmes ambitieux visant à promouvoir une employabilité durable pour les jeunes. Ces initiatives doivent répondre non seulement aux exigences actuelles du marché du travail, mais aussi préparer les jeunes pour les défis futurs. À titre d’exemple, nous pouvons mentionner le programme américain « Skills For Success » développé par l’ONG AméricaineAmideast. Ce programme représente un levier significatif pour dynamiser l’emploi, notamment au Maroc.

Ce programme de renforcement des capacités des jeunes met un accent particulier sur les compétences transversales, considérées par les concepteurs du programme non seulement comme des compétences annexes mais comme des compétences fondamentales. En effet, sur les dix compétences essentielles identifiées, sept sont des compétences comportementales,Selon une étude réalisée par Harvard en 2015, 85 % de la réussite professionnelle dépend de la bonne maîtrise et de la mobilisation des compétences interpersonnelles, tandis que seulement 15 % proviennent des compétences techniques. Ce programme a été déployé au Maroc, notamment dans les régions de Laayoune et de Dakhla, en collaboration avec l’Initiative de Partenariat États-Unis-Moyen-Orient (MEPI).

Ce programme, qui cible les jeunes diplômés de moins de 30 ans, inclut un renforcement substantiel des capacités linguistiques en anglais, avec un volume horaire de plus de 120 heures. Il offre également une gamme de modules complémentaires pour renforcer l’employabilité des jeunes, y compris des formations sur les techniques d’entretien d’embauche, l’entrepreneuriat, les compétences informatiques, et un autre module sur l’entrepreneuriat.

Il est également demandé aux participants d’organiser des activités d’engagement sociétal au profit de la communauté, afin de mettre en pratique les compétences acquises pendant la formation.

Selon Ahmed Khouyi, manager du programme à Laayoune et Dakhla, l’utilisation de pédagogies innovantes et d’approches pédagogiques axées sur le travail en groupe, la résolution de problèmes et l’exploitation des intelligences collectives ainsi que le design thinking sont à l’origine du succès de ce programme.

Ce programme a radicalement transformé la vie de nombreux jeunes, en améliorant significativement leur employabilité. Les données tangibles, recueillies grâce à une politique stricte de suivi et d’évaluation, attestent de son efficacité. Jennifer Smith, l’experte d’Amideast en suivi et évaluation et directrice régionale wrokforcedeveloppement, distingue trois catégories d’indicateurs : les résultats immédiats (output), les résultats intermédiaires (outcome) et l’impact à long terme (impact). Ce paradigme de monitoring détaillé est crucial pour l’amélioration continue des programmes de développement. Il serait judicieux de s’inspirer de cette approche consolidée qui peut servir de cas d’étude pour peaufiner nos stratégies d’implémentation de programmes d’employabilité, permettant ainsi de capitaliser sur les pratiques éprouvées et de répliquer ce modèle de succès dans d’autres régions.

En outre de Skills For Success, Amideast a mis en œuvre divers autres programmes de développement à l’échelle du Maroc et à l’échelle internationale, enrichissant son portfolio d’initiatives visant d’autres objectifs clés de développement notamment :

  • Le développement de compétences futures : l’ONG a déjà implémentéauprès de ses différents bailleurs de fonds des formations adaptées aux compétences émergentes, incluant l’anglais et les préparations aux tests internationaux, essentiels pour s’adapter aux exigences du marché global.
  • La Création d’espaces de co-innovation : À travers des programmes d’innovation sociale, elle encourage la collaboration entre jeunes entrepreneurs, startups et grandes entreprises. Ces espaces co-innovatifs permettent le partage de ressources et d’idées, catalysant l’innovation et le développement de nouvelles solutions.
  • Émancipation des femmes : Au biais d’un engagement fort dans la création de programmes spécifiques pour les femmes, avec un accent sur la durabilité et l’impact social. Ces initiatives sont conçues pour aider les femmes, notamment celles au foyer, à surmonter les obstacles financiers et à renforcer leur autonomie.

Entre autres initiatives importante qui s’efforcent d’établir une base solide pour l’innovation continue et l’amélioration de la compétitivité sur les marchés internationaux,Amideast offre ainsi des opportunités enrichissantes pour les jeunes de divers horizons et nous interpelle de s’inspirer de son modèle pour développer d’autres programmes d’employabilité au Maroc notamment dans les universités.

Entre l’emploi et l’autoemploi quel défis à relever

Selon la Banque Africaine de Développement, le Maroc doit créer annuellement plus de 350 000 emplois d’ici 2035, dont deux tiers devraient provenir de l’entrepreneuriat. Toutefois, la transition de l’emploi salarié vers l’autoemploi, incluant l’entrepreneuriat, le freelancing et l’éducation entrepreneuriale, représente un défi majeur. Cette transformation nécessite une adaptation de la mentalité salariale pour mieux correspondre aux réalités du marché et répondre aux besoins spécifiques des très petites et moyennes entreprises (TPME). Un autre défi crucial est d’améliorer l’accès au financement et aux services de soutien, en particulier pour les groupes les plus vulnérables, tels que les femmes et les jeunes entrepreneurs, afin de les aider à surmonter les obstacles à l’entrée et à la croissance dans le secteur de l’entrepreneuriat. »

Les structures d’accompagnement existantes, telles que « DAR ALMOUKAWIL » et « L’ANAPEC », Forsa, les programmes lancés par les CRIS , les programmes de l’INDH entre autres … bien que robustes, restent insuffisants et l’urgence de déployer d’autres programmes complémentaires semble importante pour renforcer le soutien et pour faciliter la transition des idées à la création d’entreprises florissantes en particulier dans les régions les plus éloignées des agglomérations. De plus, la législation doit évoluer pour encourager plus activement les initiatives entrepreneuriales à travers des incitations fiscales et un allégement des démarches administratives.

Vers une synergie nationale

« En conclusion, si le Maroc aspire à développer un écosystème d’employabilité et d’entrepreneuriat compétitif, il est impératif d’établir une collaboration étroite entre le gouvernement, le secteur privé et les institutions éducatives. Inspirer de modèles réussis et de bonnes pratiques est crucial pour propulser le pays vers le statut de nation développée. De plus, il est essentiel de reconnaître que l’entrepreneuriat n’est plus une simple alternative, mais le moteur principal de l’économie. Les programmes mis en place doivent être audacieux et leur réussite dépendra de l’engagement de tous les acteurs à instaurer un changement systémique pour l’avenir du travail au Maroc. À cet égard, nous devons également tirer parti des efforts substantiels déployés, notamment dans la région de Laayoune sous l’égide de Sa Majesté le Roi Mohamed VI. Les autorités locales continuent de renforcer l’écosystème local malgré les défis considérables et le faible engagement du secteur privé.

Le défi est de taille, mais les opportunités sont également immenses. Il est crucial de saisir ce moment critique pour façonner un avenir où chaque jeune Marocain peut non seulement trouver sa place sur le marché du travail, mais aussi contribuer activement à la prospérité économique du pays.

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