Le e-sport, une activité en vogue mais en mal de reconnaissance

Sport électronique

Karim Ben Amar

Le sport électronique, communément appelé e-sport, connait un essor dans le monde, et cela depuis plusieurs décennies.  En vogue chez toutes les tranches d’âge, le e-sport a réellement fait son «boom» avec l’évolution des jeux vidéo et de l’avènement d’internet. En Europe, cette activité a beaucoup de succès et peut même être rentable. C’est le cas de certaines équipes e-sportives, qui grâce à la notoriété acquise lors de grands évènements, sont rémunérées par les sponsors et les récompenses de tournois. Mais qu’en est-il du sport électronique au Maroc? Comment cette activité se développe-t-elle? Championnat et tournois nationaux sont-ils organisés ? Cette activité a-t-elle un semblant de reconnaissance ? Pour répondre à ces questions, l’équipe Al Bayane a contacté un dirigeant d’une équipe de e-football, Mehdi Guermoudi, ainsi que Soufiane Filali, représentant au Maroc de Pro Gaming Society (PGS), organisme mondial de e-sport. Tour d’horizons.

Dans toute la planète, le sport électronique ou e-sport connait un succès fulgurant depuis une génération. De plus, les personnes sceptiques à ces jeux ont cédé durant la pandémie, puisque  les plateformes de streaming ont atteint des pics d’audience tout au long de la période de confinement. Au Maroc, les fans de jeux vidéo et de e-sport sont de plus en plus nombreux, puisque plus de 9 millions de Marocains sont adeptes de jeux vidéo dont 3 millions pratiquent le e-sport. 

Pour en savoir plus sur l’activité du e-sport au Maroc, nous avons contacté le dirigeant de Tanja e-sport, Mehdi Guermoudi. Il a dressé un tableau très ambitieux de cette activité. «Personnellement, cela fait plus d’un an que je me suis engagé dans cette activité en parallèle de ma vie familiale et professionnelle. Il faut savoir que le gaming en général et le e-sport en particulier ont pris de l’ampleur ces deux dernières années, favorisé par la période de confinement. C’est à ce moment où l’idée a muri pour que finalement, je forme une structure e-sportive représentant le ville de Tanger».

Le e-sport est en pleine croissance dans notre pays, à un tel point que les opérateurs téléphoniques s’adaptent à cette tendance et proposent des offres adaptées et à la hauteur des critères de connectivités nécessaires pour jouer dans des conditions optimales. «Cela prouve que ce domaine d’activité commence à être reconnu à sa juste valeur et les grandes entreprises commencent à s’y intéresser ». Et de poursuivre, « en Europe, cette reconnaissance est acquise depuis un certain temps et nous pouvons voir de grandes équipes sponsorisées par des grandes entreprises dans le cadre d’un intérêt mutuel ». Il affirme aussi qu’ « au Maroc, nous assisterons certainement à cet engouement de la part des acteurs commerciaux très bientôt. D’ailleurs, un de mes objectifs pour le club de Tanja e-sport serait d’être soutenu par un sponsor et être reconnu par l’IRT de Tanger. Cela est le souhait de tous les clubs e-football du Maroc».

Mais au Maroc, l’activité n’est pas si arriérée que cela, puisque un championnat national  (Botola) est organisé avec 16 participants en 1ère division. La  coupe du Trône est aussi un tournoi très prestigieux dans le e-football marocain qui regroupe les équipes de première et deuxième division. «Le championnat national est un tournois très disputé et très compétitif. C’est aussi pour cette raison que le championnat qui est organisé depuis a eu trois vainqueurs différents pour chaque édition. Cette année, Hellala Boys représentant de la ville de Kenitra a raflé les deux titres nationaux, et se hisse ainsi comme l’élite de l’e-football au Maroc», précise  le jeune trentenaire, diplômé d’un Master barcelonais en «supply chain management». 

Les compétitions arabes et mondiales ne sont pas en reste, puisque des tournois à cette échelle seront aussi organisés et devront connaitre un franc succès. À cet effet, Le président de Tanja e-sport  déclare que « Tanja e-sport, ne pourra malheureusement pas participer à la Champion’s League africaine mais aura l’immense honneur de voir certains de ses joueurs évoluer sous les couleurs de l’équipe nationale lors de la Coupe Arabe qui commence le 17 janvier et la Coupe du Monde dans quelques mois».

Concernant les objectifs du club de Tanger, Mehdi a pour ambition d’être un club reconnu par l’équipe de la ville en tant que branche e-sport. «Cela se fait en Europe dans chaque pays européen au moins deux, trois clubs sont reconnu par le club pro de football de la ville» a-t-il déclaré. Son autre  objectif est d’améliorer la notoriété de son club en gagnant des compétitions afin d’attirer des sponsors.

Mais la reconnaissance de cette activité n’est pas encore acquise au Maroc, puisqu’ aucun club ne veut reconnaitre une éventuelle section e-sport, sauf le club r’bati du FUS. A. cet effet, Soufiane Filali, le représentant au Maroc de l’organisme mondial de e-sport PGS, déplore que « le blocage ne soit pas au niveau de la fédérations. La fédérations nous donne le droit de rejoindre une écurie. Le blocage se passe au niveau des équipes de la botola marocaine qui ne veulent pas donner le nom du club à une équipe de e-football».

Ce blocage est dû au manque de confiance des dirigeants de club pro d’après Soufiane Filali. «Ces dirigeants sont très réticent au fait de sortir de leur zone de confort et s’investir dans un d’autre domaine tout aussi prometteur, un domaine d’avenir comme le e-sport».

« Il est vrai qu’avant d’exiger une reconnaissance en bonne et due forme, il faut former nos dirigeants de clubs, mais aussi et surtout nos joueurs, qui sont pour la plupart des jeunes ne dépassant pas les 14 ou 15 ans ». « C’est cela notre principal défi, faire comprendre à nos joueurs que le e-football, avant d’être un jeu ludique, c’est d’abord une discipline et une rigueur».

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