Le parcours éloquent d’une artiste engagée

Sanaa Oumghar, peintre fervente d’Agadir

Saoudi El Amalki

L’art, dans sa conception globale, n’est pas uniquement une expression créative, mais surtout une valeur vertueuse qui se dégage, à travers le vocable, la couleur ou encore le corps et l’émotion…Sanaa Oumghar, artiste plasticienne d’Agadir,en est un bel exemple qui emplit son art, pleinement agrémenté de passion, de culture et de pédagogie sur la notion de l’humanisme, dans le sens large du terme. Elle en est éprise juste après deux décades de sa vie, quoiqu’elleen soit piquée bien plus tôt, en s’inspirant de son père dans ses travauxdans les tuniques traditionnelles. Fortement marquée par cettecommunion parentale, elle manipulait ainsile pinceau, à l’aube de sacinquième décennie etn’en ressentait aucun complexe, car l’âge n’a aucune incidence sur les choix et les passionspour sortir une batterie de chef-d’œuvres, tout au long de son parcours richement fécond en termes de vitalité et de fraîcheur artistique. Sanaa s’est particulièrement orientée dans le combat chronique de lacauseféminine, surtout contre la violence corporelle et morale en direction de la femme citadine et rurale, sans jamais verser dans le féminisme sectaire etréducteur, en s’y consacrant corps et âme, par le biais de sestouches impressionnistes et réalistes. Au fil du temps, elle s’acquiert une affabilité tendre viscéralement tournée vers la jeunesse voire l’enfance, en ouvrant son atelier à leur attention, tout en dédiant son expertise, en tant qu’artiste avérée mais aussi académicienne attentionnée, émanant de l’enseignement supérieur à l’université Ibn Zohr d’Agadir. En parallèle, elle s’attelle ardemment à la lutte noble pour l’ancrage de la composante amazigh, dans le quotidien national, à l’aide de sa contribution plastique et de son engagement identitaire. En fait, sa vocation artistique est multidimensionnelle dans le sens où elle se livre organiquement à une militance raffinée, tout en gardant cet aspect purement esthétique de l’art, pareil à une partie en gant de velours. Sanaa s’arme de sa fervente volonté de se faire prévaloir dans ce qu’elle entend entreprendre en artet s’y met intelligemment avec persévérance sans pour autant, tomber dans la morosité intellectuelle ni dans le satisfecit trompeur. Elle connaît bien ses frontières en pensée eten créativité et s’ingénie à se surpasser pour parvenir au Bon, au Bien et auBeau. Ces trois B ne la quittent jamais d’une semelle dans ses ouvrages artistiques, mais pareillement dans sa vie quotidienne, par sa magnanimité et sa bonhomie incommensurables. Dans ce sens, l’intellectuel organique italien, Antonio Gramsci avait toujours dit qu’il « faut avoir conscience de ses propres limites, surtout si on veut les élargir».Toute cette maturité intellectuelle, Sanaa l’aacquise en côtoyant l’environnement de l’art dans sa pluralité et sa diversité, parl’intermédiaire de multiples expositions individuelles et collectives aussi bien dans les espaces du territoire national qu’étranger notamment à Paris. A coup sûr, cette talentueuse plasticienne aux diverses qualités, s’érige enérudite intellectuelle, en artiste coquette et en subtile pédagogue, de haute facture. Il seraittrès rare qu’on puisse rassembler ces trois ingrédientsau sein de lamême compétence. Sanaa le fait à merveille et avec l’estime et l’admiration detout son entourage pluriel, tant au niveau du paysage artistique qu’universitaire,estudiantin et  juvénile. Au fait, malgré les aspects spontané et simpliste qui émaillent les trouvailles de l’artiste, on ne tarderait jamais à se rendre compte de laprofondeur et lacomplexité de ses œuvres, puisées dans les tréfonds de son âme empreinte de fluidité et de suavité, mais aussi dans les fonds de sa perception des phénomènes naturels et universels. Sa conception globalisante fait d’elle une icône   à la fois existentielle par son attachement au genre en tant que femme et fière de l’être et à la terre puisqu’elle est originaire  du patelin du sud marocaindans la région de Chtouka Aït Baha.L’artiste-peintrefrançais, Pierre Soulages se plaisait de dire : « C’est ce que je fais qui m’apprend ce que je cherche ! ». C’est un peu le cas de Sanaa Oumghar dont l’ambition n’a ni bordure nitoiture.  

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